L'inventaire
L'enquête d'Inventaire menée en 2016 a permis de recenser un patrimoine rural important au niveau de l'architecture agricole. Le bâti le plus ancien date du 16e siècle et il est le seul représentant de ce siècle. On compte onze fermes datant du siècle suivant et autant du 18e siècle. Alors que le bâti du 19e est largement majoritaire avec plus de vingt fermes sur la commune. Cependant, selon une étude du patrimoine de Rennes Métropole de Philippe Bardel réalisée en 2002-2003, "dans la ceinture rennaise, on estime que 80 à 90% des édifices antérieurs à 1800 sont détruits".
Sur la commune de Laillé, le petit patrimoine est fortement représenté. En effet, il est assez fréquent de trouver un four, une pompe ou un puits. Ils font soit partie intégrante d'une ferme, soit ils constituent un équipement communautaire du hameau. Après la Révolution française, les fours ne sont plus liés à un droit seigneurial.
L'implantation du bâti
Le territoire de Laillé présente une topographie relativement marquée car il est parcouru par plusieurs cours d'eau. L'implantation du bâti est liée à l'exploitation agricole. Il s'implante sur les bonnes terres qui se situent sur les coteaux, les crêtes étant balayées par les vents, elles étaient laissées en landes ou en bois. La raison de cette implantation est aussi liée au besoin en eau. Une situation trop en hauteur augmente le coût de construction d'un puits, et une situation plus basse pose problème avec une eau plus stagnante. En somme, les fermes s'implantent en prenant en compte là où apparaissent naturellement les sources.
De plus, les façades des bâtis vont être orientées au sud. La raison en est aussi très simple, créer des ouvertures dans un mur était coûteux, et donc elles étaient limitées. Elles sont donc préférées sur la face sud pour la lumière et la chaleur. La face nord ne recevra pas d'ouvertures, mais plutôt la construction de cellier.
Cependant, à partir du 19e siècle, l'orientation et l'implantation du bâti se modifient. Ce dernier prend en compte l'infrastructure routière. Les fermes s'alignent par rapport à la route et elles occupent aussi des zones jusqu'alors délaissées par l'agriculture bien que la terre soit moins apte à produire.
Les matériaux et la mise en œuvre
Les fermes sur la commune de Laillé sont principalement construites en pierre à toutes les époques. Les murs sont constitués en moellon avec un mortier.
On trouve surtout deux types de pierres sur la commune : le grès et le schiste pourpre dit schiste de Pont-Réan. Le choix de l'utilisation de l'une ou l'autre des pierres semble avoir pour cause la situation géographique du bâti. En effet, les fermes dans le nord et l'est de la commune sont construites en schiste pourpre. Dans le sud et l'ouest de la commune, c'est le grès qui est plus présent dans la construction agricole. Pour autant l'utilisation d'une des pierres n'exclut pas l'autre, il est courant de voir un mélange des deux pierres dans la construction.
Les constructions sont aussi composées de tufeau et plus rarement de granite. Ces roches utilisées en pierre de taille servent principalement pour les ouvertures que ce soit pour des fenêtres, des portes ou de simples jours. Elles sont généralement la marque d'un bâti un peu plus riche. Pour autant, des dalles de schiste pourpre s'utilisent aussi comme linteau ou assise de fenêtre ou même pour des portes.
Au 19e siècle, une autre technique de construction est utilisée. Il s'agit de la bauge, c'est un procédé de construction en terre crue, qui a la particularité de ne pas utiliser de coffrage ni de structure en bois. Si elle est connue et utilisée dans le bassin de Rennes depuis longtemps, et plus particulièrement au nord, elle apparait tardivement dans la vallée de Guichen et elle est surtout utilisée pour les dépendances ou pour rehausser un mur.
La brique fait son apparition précocement à Laillé. Quand, couramment, son émergence est notée à la fin du 19e siècle ou même plutôt au début du 20e siècle, l'utilisation de la brique est constatée dès le 3e quart du 19e siècle dans cette commune. Son emploi est aussi bien pour les constructions nouvelles que pour les modifications des bâtiments plus anciens. Ainsi, il n'est pas rare de voir une ferme datant du 17e siècle avoir une fenêtre ou une gerbière en brique.
L'organisation des fermes
Les fermes sont en majorité identifiables comme étant des logis mixte. Il s'agit d'exprimer le fait qu'à l'intérieur du même bâti cohabitent les fonctions d'habitations et les fonctions agricoles. Ce logis mixte se reconnait en principe par l'existence de deux portes distinguant les deux parties du bâtiment. Cette typologie est la plus courante car elle correspond à une agriculture vivrière. Les fermes de ce type n'avaient pas vocation à produire pour vivre de l'agriculture. Généralement, la ferme se composait d'un petit potager, d'une bête ou deux comme une vache ou un cochon et parfois de poules. Ce logis mixte pouvait se voir adjoindre dans le même alignement un autre logis ou des communs de fermes créant une organisation sous forme de longère.
Cependant, l'organisation des fermes dépendait aussi de la richesse des propriétaires. Les fermes organisées sur une cour selon un plan en retour d'équerre ou en U était l'apanage de fermes plus puissantes, pouvant être rattachées à un manoir. Elles avaient déjà une vocation de production plus importante. Il ne s'agissait pas seulement de faire vivre les habitants de la ferme ou les propriétaires du manoirs, mais il s'agissait également d'atteindre des fins commerciales. Ces fermes gardent malgré tout des caractéristiques communes aux fermes organisés sous forme de longères. En effet, le logis mixte existe aussi dans cette organisation. Il évolue avec l'ajout de dépendances délimitant la cour.
La ferme reste un bâtiment de plein pied dont l'accès au comble est rendu possible par des gerbières. Ces combles étaient rarement utilisé pour autre chose que pour le stockage des récoltes. C'est seulement à partir de la 2e moitié du 19e siècle que se généralisent des fermes plus imposantes avec un étage d'habitation. Mais les combles conservent toujours leur fonction de stockage.
A cette même période, commence à se développer une agriculture qualifiée d'industrielle. L'idéologie autour de ce concept transparait dans l'architecture de ces fermes et notamment avec l'utilisation de la brique. Les fermes se dotent de bâtiments plus imposants. De multiples ouvertures sont percées, rythmant la façade et créant de la symétrie avec une volonté première d'intégrer les principes de l'industrie dans le domaine de l'agriculture. Ces fermes se rapprochent de ce qu'on appelle les fermes modèles de l'ère industrielle.
L'attention particulière portée aux ouvertures
Les fermes sont pensées selon les besoins et la pratique, elles n'en restent pas moins des ensembles architecturaux avec une volonté d'apparat. En effet, la richesse de certaines fermes se démontrent par leur architecture, notamment au niveau de leurs ouvertures. La première d'entre elles qui est utilisée en ce sens, est la porte. Sur la commune, les portes en plein cintre, qu'elles soient en pierre de taille de schiste, de granit ou de tufeau, sont des éléments remarquables. Ces portes demandent une technique relativement poussée. De plus, l'utilisation de matériaux moins locaux comme le granit ou le tufeau était une marque supplémentaire de l'aisance des propriétaire.
Les fenêtres ne sont pas moins soignées. Elles aussi bénéficient de l'utilisation de pierre de taille et peuvent avoir leur encadrement chanfreiné dans une recherche d'esthétisme. Le décor sculpté reste assez rare, en grande partie à cause de l'utilisation de roche comme le schiste qui était trop friable pour être taillée.
Le remaniement de l'architecture agricole sur la commune
Avec l'apparition de la brique à la fin du 19e siècle et le positionnement de la commune dans le bassin rennais, proche d'un axe direct vers Rennes, ont pour conséquence de grands remaniements dans l'architecture. De nombreuses fermes évoluent dans leurs formes et leurs ouvertures avec la brique. L'activité économique d'une ville telle que Rennes permet l'enrichissement de l'ensemble du bassin et donc la possibilité de repenser le bâti. Dans des zones plus reculées, le bâti ancien a en général conservé son état d'origine.