Dossier d’œuvre architecture IA35132687 | Réalisé par
  • inventaire topographique
'Malouinière' du Tertre Corbin (Dinard)
Œuvre étudiée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Projet de Parc Vallée de la Rance-Côte d'Emeraude
  • Commune Dinard
  • Lieu-dit
  • Adresse Tertre Corbin (le)
  • Dénominations
    maison
  • Précision dénomination
    maison de villégiature

Incluse dans une grande parcelle, avec jardin d’agrément et potager, protégée par de hauts murs, cette maison de villégiature fait partie des toutes premières de Dinard. Implantée à la fois proche et éloignée de la mer, elle se veut élégante et discrète dans un style malouin identifiable sur ce territoire d’étude.

Un premier logis, agencé comme un vide-bouteille, est occupé à la fin du 17e siècle par Yves Glais, marchand de toile de lin à Saint-Thélo. Un escalier extérieur contre la façade permettait de se rendre à la chambre de l’étage sans passer par le rez-de-chaussée.

Cette première habitation, agrandie vers 1700, pour Guillaume Hamon, maître orfèvre et banquier à Saint-Malo, reprend les poncifs des « malouinières » : encadrement des baies en pierre de taille, le reste de la maçonnerie étant enduite de chaux, des petites lucarnes en chapeau de gendarme et une haute toiture à croupe, avec des souches de cheminées épaulées qui sont ici chantournées.

La fonctionnalité des pièces qui peut se lire en façade reste dans l’esprit du 17e siècle, ce qui peut expliquer le non-ordonnancement des portes du cellier et de la cuisine. Les grandes chambres de l’étage éclairées par de hautes fenêtres signalent un espace de vie lumineux et agréable. Le cabinet de travail de Guillaume Hamon et de Robert Surcouf, a chose étonnante, conservé un graffiti de goélette, de quoi rêver ou méditer tout en restant confortablement assis.

Le Tertre Corbin fait partie des plus anciennes maisons de villégiature de Dinard. Son histoire riche est liée à de prestigieux propriétaires.

Une maison de marchand de toile

L’un de ses premiers occupants, Yves Glais (1661-1714), sieur du Rodoué est marchand de toile de lin à Saint Thélo. Il est marié à Julienne Lesné, dame des Champs-Galais à Saint-Enogat. Ce pied-à-terre à Dinard liait ainsi les affaires à l’agréable. Le port de Saint-Malo étant réputé pour l’exportation des toiles de Bretagne. Cette première maison du 17e siècle, plus modeste, subsiste en partie, elle forme une aile sud, plus basse donnant sur la cour.

Puis de maître orfèvre

En 1701, elle est achetée par Guillaume Hamon, maître orfèvre, banquier de la ville de Saint-Malo. Il fait construire la nouvelle maison, mitoyenne de l’ancienne. Un acte notarié écrit après 1701 le confirme : « on a depuis basty une grande maison neuve… »

Et de corsaires

En 1717, la maison et ses pourtours sont revendus à Robert Surcouf de Maisonneuve (1671-1720), basé à Saint-Malo, rue des Juifs. Ce corsaire qui a fait fortune, grâce aux expéditions du Sud, s’installe négociant et armateur. Son bateau le Danycan revient à la Rochelle en 1708 avec un chargement estimé à 350 000 piastres, soit plus d’un million de livres. Son épouse meurt en 1761 et laisse à l’un de ses petits-enfants Bertrand Malo Surcouf dit sieur de Saint Aubin, la propriété du Tertre Corbin. Il s’en sépare en 1786, suite à un revers de fortune. Le Tertre Corbin reste la demeure d’un corsaire Mathurin Carosin dont les descendants garderont la propriété jusqu’en 1869, puis elle passera au comte de Guillers, promoteur immobilier, propriétaire de 1870 à 1938.

Clos de murs.

Deux accès, portail principal et portail secondaire sur le parc

A gauche du portail, un logement de domestiques est indépendant du logis

Dans la cour subsiste un puits avec potence en ferronnerie avec une fleur de lys, en panache

Le grand logis s’apparente aux anciennes « malouinières » du territoire.

Il possède une multiple orientation, ouvert sur quatre côtés.

Les niveaux sont différents, plus bas en rez-de-chaussée qu’à l’étage. De même seule la façade sud de l’entrée est ordonnancée. La façade est plus large sur le jardin ne présente pas de travées symétriques, en raison de l’affectation de deux pièces au service, cellier et cuisine.

L’entrée principale de la maison, au sud, se présente dans la continuité de l’ancienne habitation. Elle est dallée de schiste en provenance de Saint-Cast. L’escalier en charpente, à balustres, tournant à retours avec jour est agencé d’un palier intermédiaire qui distribue la petite maison d’origine. Le départ de l’escalier a été refait et reprend le modèle à la mode, de la fin du 18e siècle, plus orné : grande spirale avec fleurs reposant sur un pied évasé fortement mouluré. La première marche est en pierre de taille.

Les pièces de l’étage, chambres et bureau maintiennent un plancher d’origine, en bois de charpente marine clouté.

Dans le cabinet de travail de l’étage chauffé et lambrissé, un graffiti de goélette a été gravé sur un panneau, clin d’œil aux activités maritimes de ces illustres propriétaires. La plupart des cheminées à l’étage sont habillées de lambris.

La distribution de la maison a été un peu modifiée, l’ancienne cuisine donnait autrefois sur la cour arrière. La cheminée est plus rustique et simple en pierre de taille de granite.

Le premier étage est réservé aux chambres et cabinet de travail, l’étage de comble aux chambres de la domesticité avec lingerie, le tout surmonté d’un grenier.

Parmi les ornements extérieurs la maison affiche : des souches de cheminées dont les épaulements forment un décrochement chantourné, et des épis de faitage en terre cuite.

  • Murs
    • enduit
    • granite pierre de taille
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    1 étage carré, étage de comble
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
    • toit à longs pans pignon découvert
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours avec jour en charpente
    • escalier hors-oeuvre : escalier droit
  • Typologies
    malouinière
  • État de conservation
    restauré
  • Techniques
    • ferronnerie
    • céramique
  • Représentations
    • fleur de lys
    • pot à feu
  • Précision représentations

    Puits avec potence en ferronnerie : décor fleur de lys

    Épi de faitage en terre cuite représentant des pots à feu.

Documents d'archives

  • A.D Ille-et-Vilaine : 4B14/647. Inventaire après décès de Robert Surcouf, 11 octobre 1720

    Archives départementales d'Ille-et-Vilaine : 4B14/647

Annexes

  • Le Tertre Corbin : historique et sources (recherches des propriétaires)
Date(s) d'enquête : 2018; Date(s) de rédaction : 2019