Dossier d’œuvre architecture IA35132738 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, Lycées en Bretagne
La chapelle du lycée Jean Guéhenno et sa décoration, 11 rue du Champ Rossignol (Fougères)
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Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Bretagne
  • Commune Fougères
  • Adresse 11 rue du Champ Rossignol
  • Dénominations
    lycée

Le lycée Jean Guéhenno est en partie installé dans un ancien hospice de vieillards, construit en 1939 et doté d'une chapelle en béton, sobrement décorée, par le peintre Théophile Lemonnier et le maître verrier Jean Klein.

Ce bâtiment est un bel exemple de l'architecture de la santé de l'entre-deux-guerre en Bretagne, sélectionné par Philippe Bonnet et Daniel Le Couédic dans l'ouvrage Architectures en Bretagne au XXe siècle (page 118).

Cet ensemble rempli aujourd'hui les fonctions d'externat, d'internat et de salle d'examen.

Histoire des hospices civils de la Chesnardière

Les anciens hospices "Saint-Louis" devenus trop vétustes, la ville de Fougères décide d'en construire de nouveaux. Elle désigne, à la suite d'un concours restreint, le 25 octobre 1934, d'en confier la réalisation à l'architecte Albert Hec. Elle acquiert ensuite, le 1er mars 1935, par voie de don contre une rente viagère, près de trois hectares de terrains du Champ Rossignol et du Champ de l'Aire (sud), auprès de Mme Geneviève Couyer de la Chesnardière, comtesse d'Avenel. Par décrets du 3 octobre 1936 et du 25 mai 1939, le ministère de la Santé publique approuve la construction de l'hospice de vieillards et apporte une subvention remboursable de 2 millions de francs à la Ville. Le coût prévisionnel de l'établissement était de 3 millions de francs. Il en coûtera, in fine, cinq.

Presque achevés et en état de fonctionner, les bâtiments sont remis aux hospices en par délibération du conseil municipal en date du 30 septembre 1940. Ils accueillent cependant, depuis le mois de juin, des blessés de guerre. Bombardé, le 9 juin 1944, les hospices sont partiellement détruits (la chapelle est largement épargnée). Il sont reconstruits après guerre pour héberger le collège municipal de de garçon, lui même détruit par les bombes.

Le programme prévu pour les vieillards comportait deux ailes de 75 lits pour les hommes, 75 lits pour les femmes, 12 lits pour les sœurs, 5 pour le personnel ainsi que les services nécessaires (lingerie, cuisine, chambre mortuaire...). Et une chapelle.

L'architecte a choisi de construire les bâtiments sur la base d'un ossature en béton armé. Il a programmé, au premier étage de la chapelle, une tribune qui devait permettre l'accès aux offices aux vieillards qui ne pouvaient se déplacer qu'en fauteuil. Il a confié l'aménagement intérieur à l'entreprise Duhamel, les peintures murales à Théophile Lemonnier et les vitraux à Jean Klein.

La chapelle est construite en béton.

La nef est de plan rectangulaire simple. Elle est séparée du chœur, contenu dans une abside semi-circulaire, par un arc diaphragme et est encadrée, de chaque côté, par deux ailes dévolues aux religieuses. Depuis l'extérieur, ces deux ailes évoquent des bas-côtés. La chapelle est surmontée d'un clocher à peigne.

La structure du plafond en béton de la nef est très dessinée. La partie centrale est plus haute et large que les parties latérales. L'architecte a-t-il voulu faire une allusion métaphorique à des collatéraux ? On peut par ailleurs noter, en lien avec cette structure, une évolution du dessin des baies latérales hautes. Le projet figuré sur la coupe longitudinale de 1936, comportait 15 baies verticales groupées par trois. Un fin bandeau horizontal a été réalisé in fine (voir les illustrations).

Décoration de la chapelle.

Pour l'aménagement de la chapelle, l'architecte a fait appel à l'entreprise Duhamel. Pour sa décoration, il a sollicité le peintre Théophile Lemonnier et le maître verrier Jean Klein.

Concernant l'aménagement, le programme en date du 15 septembre 1938, mis au point par l'architecte, prévoyait notamment :

"- Un dallage en mortier de ciment (...)

- Revêtement des marches, contre marches et palier du maître autel en enduit au mortier de ciment et granulés de marbre, coloré, lavé et brossé

- Le revêtement des murs sur deux mètres de hauteur en enduit au mortier de ciment et granulés de marbre, coloré, lavé et brossé, avec joints creux tous les 53 cm (...)

- Table de l'autel, sur bahut, balustrade, chaire et bénitiers en béton de ciment, avec sur toutes les faces vues, enduit au mortier de ciment et granulés de marbre comme ci-dessus (...)

- Ossuaire, comprenant : fouille, fonds et parois en béton de ciment avec enduit au mortier de ciment lissé, - sans dalle de couverture (...)

L'ensemble pour un prix net et forfaitaire de 52 000 Frs."

A propos des peintures, il précisait :

"1° Peinture à la fresque sur ciment de 14 stations de chemin de croix de 0,75 x 0,55

2° Peinture décorative sur le thème de Saint-Louis surface 47 m2

3° Peinture décorative sur le thème de la Vierge surface 47 m2

ces travaux, après acceptation des maquettes seront exécutés pour la somme forfaitaire de 20 000 Frs 00".

Les deux peintures murales s'inscrivent dans des demi-cercles de 7 m de rayon. Leur auteur, le "seizh breur" Théophile Lemonnier, est professeur à l'école des beaux-arts de Rennes. Il a entre autres dessiné, en 1934, le rideau de scène du théâtre de Rennes et en 1938, une fresque sous la coupole du lycée Renan de Saint-Brieuc ainsi qu'un décor pour le cinéma Le Français à Rennes. A Fougères, son trait est particulièrement épuré et empreint de classicisme. Chaque fresque est composée de trois scènes, une placée au centre, en partie haute, les deux autres latérales, en partie basse. Les personnages principaux sont la Vierge et Saint Louis (sous le patronage duquel étaient placés les hospices de Fougères ). Le peintre fait le choix de couleurs chaudes. Il est à noter que l'auteur à souhaiter représenter le château de Fougères, dont on reconnaît deux des tours construites au 15e siècle, soit plusieurs siècles après le règne de Saint Louis.

Le chemin de croix est d'une tout autre facture. Le support, en ciment et granulés de marbre, représente une contrainte à laquelle l'artiste a su s'adapter. Il a simplifié chacune des stations, en faisant ressortir, de façon symbolique, tel ou tel élément de l'épisode relaté : le voile de sainte Véronique par exemple.

Quant aux vitraux, le traité de gré à gré entre la ville, représenté par le Maire, M. Rebuffé, et Jean Klein, approuvé le 18 janvier 1940, précise :

"Les travaux seront exécutés pour le prix forfaitaire de 10 900 francs et comprennent :

Dans la chapelle le grand vitrage (verre antique rouge derrière l'autel d'une surface d'environ 24 m2 50.

Les 8 panneaux et les trois bandes du haut de la chapelle en verre antique jaune d'une surface d'environ 16 m2. La mise en place et la fourniture de vergettes en fer nécessaire."*

Un autre élément décoratif a été réalisé pour l'entrée de l'hospice. Il a été confié au sculpteur Bourget, demeurant rue Hoche à Rennes, pour un prix forfaitaire de 5800 francs. Il s'agissait d'un haut-relief en plâtre de 2,8 m de hauteur et 1,5 m de largeur, représentant la Ville de Fougères accueillant les vieillards. Il est encore visible sur une photographie de l'hospice après les bombardements de 1944, mais a disparu aujourd'hui.

  • Murs
    • béton
  • Toits
    zinc en couverture
  • Statut de la propriété
    propriété de la région

Bibliographie

  • BRANCHEREAU, Jean-Pierre, CROIX, Alain, GUYVARC'H, Didier, PANFILI, Didier. Dictionnaire des lycées publics de Bretagne. Geriadur liseoù publik Breizh. Histoire, culture, patrimoine, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2012, 656 p.

  • Legeard [Luc], "Un décor oublié. Les fresques de Théophile Lemonnier à l'hospice de la Chesnardière (actuellement chapelle du lycée Jean Guéhenno)", Le Pays de Fougères, 1997, pp. 21-25.

  • BONNET, Philippe, LE COUÉDIC, Daniel. Architectures en Bretagne au XXe siècle. Quimper : éditions Palantines, 2012. 396 p. ISBD 978-2-35678-070-6.

    Archives municipales de Saint-Brieuc : 2T27
  • BONNET, Philippe, LE COUÉDIC, Daniel. Architectures en Bretagne au XXe siècle. Quimper : éditions Palantines, 2012. 396 p. ISBD 978-2-35678-070-6.

    Archives municipales de Saint-Brieuc : 2T27

Documents figurés

  • Archives municipales de Fougères : 2 MN 5 -5.4. Hec [Albert], Projet de décoration de la chapelle de l'hospice, ca. 1939

    Archives municipales de Fougères : 2 MN 5 -5.4
  • Archives municipales de Fougères : 5 MN 5 - 5.1. Hec [Albert], Jeu de plans de l'hospice de vieillards, 3 octobre 1936

    Archives municipales de Fougères : 5 MN 5 - 5.1
  • Archives municipales de Fougères : 104 W 9. Hec [Albert] et Besnard [Roger], Plans du lycée classique et moderne, 1966.

    Archives départementales d'Ille-et-Vilaine : 104 W 9

Annexes

  • AM Fougères_2MN5-5.1_Hospice de vieillards_sous-sol_Albert Hec_1936 :
  • AM Fougères_2MN5-5.1_Hospice de vieillards_RDC_Albert Hec_1936 :
  • AM Fougères_2MN5-5.1_Hospice de vieillards_1er étage_Albert Hec_1936 :
Date(s) d'enquête : 2020; Date(s) de rédaction : 2020