Très peu de pan de bois subsiste à Hédé-Bazouges, ce qui peut s'expliquer par les différents incendies, la désaffection progressive de ces bâtiments dès le 18e siècle et les travaux d'alignement du 19e siècle qui achèvent de supprimer les constructions débordant sur l'espace public comme les porches. Ainsi, dès le 19e s. les plans ne mentionnent plus que deux maisons et trois porches en pan de bois.
L'un de ces deux édifices est une auberge dite "La maison Rouge" (n°1 rue Jean Boucher). Datée de 1665 selon les archives de la réformation du domaine royale, elle est toujours en "pierre et bois" en 1884 puis le pan de bois disparaît. On repère en outre une construction sans étage en "pierres et bois" érigée dans la deuxième moitié du 19e siècle au niveau de l'actuel n°10 rue du Four (l'espace n'est pas loti sur le cadastre mais figure sur un plan de 1882). Enfin, un doute persiste sur un corps de passage comblé dans la ruelle du Temple, au sud de l'église. L'essentage d'ardoises en fibrociment à l'étage cache peut-être un pan de bois.
Les maisons à porche : une architecture tournée vers le commerce
Les archives mettent en évidence la présence de plusieurs maisons à porches, localisées autour de la place centrale où se trouvent les halles, le marché au Fil au nord et le marché au blé ou place du Parquet au sud. On trouve également sur cette place l'auditoire et hôtel de Ville "avec ses quatre petites boutiques" dont deux débordent sur la rue (porche ? encorbellement ? arcades ?) ainsi que la prison.
Les maisons à porche sont des édifices typiquement tournés vers le commerce, le rez-de-chaussée abritant la boutique. L'alignement de ces porches sur la voie publique forme une sorte de galerie commerciale couverte. A Hédé, comme à La Guerche-de-Bretagne (35) par exemple, ces maisons sont en maçonnerie et seul le porche est construit en pan de bois, soutenu par des poteaux. Ceux-ci ont tendance à disparaître dès le 18e siècle, en raison de leur vétusté réelle ou supposée, de la gêne qu'ils peuvent représenter pour la circulation des charrettes autour des halles ou dans les rues étroites et d'arguments hygiénistes.
Sur le plan dressé d'après les anciennes réformations du domaine royal (vers 1680), il ne demeure déjà plus que trois porches. Le premier se trouvait à proximité de l'actuel n°10 place de la Mairie, le long de la rue Saint-Louis. Il apparaît encore sur le cadastre de 1829 mais plus sur un plan de 1922. Le second marque un angle entre deux bâtiments place du Parquet (entre les actuels n°2 et n°8 place de la Mairie). Sur poteaux de bois (Banéat : 182), il figure encore sur le cadastre avant d'être comblé et porte la mention "1 étage, bois, solide" sur le plan d'alignement de 1884. Ce pan de bois a disparu au 20e siècle. Le dernier se trouve au n°21 place de la Mairie : sous l’appellation « Pigeon Blanc » (Banéat : 183) et disparaît au début du 19e s., probablement en 1810 lors du remaniement de la partie maçonnée. Bien qu'il ait été démoli, une partie de ses pièces de bois a probablement été réutilisée pour la reconstruction du premier étage de cette maison.
Le corpus d'Hédé tel qu'il est connu aujourd'hui ne permet guère d'aborder la question des décors et des dispositions intérieures. Seule une description sommaire nous est fournie par le rôle des sujets et rentes dues à la commanderie de La Guerche-de-Bretagne au milieu du 17e siècle : Dame Marie Ludivine Hervoches possède en effet une maison "consistant en un embas, autrefois en deux, à présent unis, deux cheminées à tuyaux, cave au-dessous et chambres au deux bouts et grenier au-dessus et une écurie à côté vers midi, galerie en porche au-devant en appentis sur pillotins et piliers de bois par-devant ; bâties lesdites maisons de murs de pierres, couvertes de tuiles rouges, avec une petite tour et escalier pour conduire au chambre et grenier" (Bulletin et mémoires de la société archéologique d'Ille-et-Vilaine, t. XLIII : 362-363).
Chargé d'études stagiaire au service de l'Inventaire en 2024