Dossier collectif IA56002396 | Réalisé par ;
  • inventaire topographique, Pluméliau
Croix monumentales et calvaires sur la commune de Pluméliau (fusionnée en Pluméliau-Bieuzy en 2019)
  • Dénominations
    croix monumentale, calvaire
  • Aires d'études
    Baud
  • Adresse
    • Commune : Pluméliau

Observations générales

- Dénombrement et emplacement

L´enquête sur le terrain a permis de repérer 14 croix et 5 calvaires, parmi lesquels quatre calvaires et douze croix ont été sélectionnés pour étude. Ce nombre est comparable à celui observé à Guénin, cependant, la commune étant beaucoup plus grande, la densité est moindre. Parmi les 14 croix, 13 sont des croix placées le long d´ une route ou d´un chemin, la plupart isolées (10). Deux croix et un calvaire sont parties constituantes d´une chapelle, deux autres calvaires sont au bourg, l´un d´entre eux autrefois devant l´église ayant été déplacé et ayant perdu sa croix. Quant aux deux autres calvaires, leur situation ne diffère pas de celles des croix, puisque l´un, à Kerhouarn, est isolé au nord de l´écart le long d´un chemin délaissé depuis le remembrement, et le second (Port Arthur) marque le carrefour de deux routes.

Datation, historique, auteurs

Les périodes d´érection de ces croix sont concentrées sur la période moderne, la plus ancienne étant sans doute celle de Toul Kih, isolée au sud du bourg sur la route de Guénin. Son matériau, du schiste pour la croix en totalité, ainsi que la forme du fût font remonter cette croix au 15e siècle. Quatres croix paraissent remonter au 16e siècle : les deux croix situées au carrefour entre Kergouhier et Kerguh, la croix du Groézic au bourg et la croix de la chapelle Saint-Nicodème. Le calvaire de la chapelle Saint-Nicolas remonte également au 16e siècle bien qu´il soit daté 1820, date de restauration ou de remontage.

Deux périodes, le 1er quart du 18e siècle, la 1ère moitié et le milieu du 19e siècle, sont particulièrement favorables à l´édification des croix, sans que les circonstances en soient connues. Trois croix, à Guervaud, au sud de Kerarnevet et à Kerret bas portent respectivement les dates de 1720 et 1728. La croix de Beven peut être datée de la même période.

Six croix portent des chronogrammes du 19e siècle : 1818, 1820, 1825, 1827, 1845 et 1852. Nous avons mentionné plus haut la date de 1820 du calvaire de Saint-Nicolas, date de remontage. Trois autres calvaire ou croix appartiennent à la même période, dont le calvaire de Port Arthur, daté par erreur du 17e siècle sur l´arrêté de protection Monuments Historiques.

Si on ne connaît pas de nom d´auteur, plusieurs croix portent les noms de leurs commanditaires : Guillaume Le Dors en 1728 à Kerret Bas, JP Le Maguet et Françoise Jégouzo pour la croix de Bodéhan en 1845, François Le Hir, sans doute un prêtre puisque l´inscription s´accompagne d´une représentation de calice, à la croix de Kerimelin en 1827, et enfin, les enfants de Mathurin Lescoet en 1852 à Kerbrégent. Cette dernière porte curieusement un calice, ce qui révèle une croix de prêtre, en contradiction avec l´inscription. Cette même contradiction se voit sur une croix de Guénin à Guergoric. Bien qu'il ne signe aucune croix dans la commune, on signalera l'atelier Cabedoche de Melrand dont la facture se reconnaît dans plusieurs des croix : ainsi à Port Arthur, Kerbrégent.

Enfin, l´ancien calvaire de l´église et la croix près de Praqueno datent de la fin du 19e siècle.

Matériaux

Comme pour les maisons, deux pierres sont utilisées pour la construction des croix, le schiste et le granite. Mais à la différence des bâtiments, on constate que le schiste est exclusivement employé pour les croix anciennes, jusqu´à la fin du 18e siècle (croix du Groézic au bourg) : seule la croix de Guervaud est en 1720 entièrement édifiée en granite. A partir du 19e siècle, le granite supplante le schiste. On note cependant pour la fin du siècle deux croix de bois sur soubassement en granite, aujourd´hui soit disparu (calvaire de l´église), soit renouvelée (croix de la Madeleine). Les soubassements sont en moellon pour le schiste, souvent surmontés d´un socle monolithe de mêmes dimensions, ou un peu plus grand (Toul Kih) ; à Kerret bas cependant, le socle est en granite sur soubassement en moellon de schiste. La croix de Groézic est en granite sur un soubassement en schiste. Seul le soubassement de Kerarnevet est mouluré. Pour les croix et calvaires de granite, le soubassement est en pierre de taille.

Dimensions

Plus anciennes, les croix de schiste sont aussi plus petites que les croix de granite, entre 1, 80m. et 2, 65 m. (croix de Toul Kih). On ne peut exclure que quelques fûts aient été cassés et remontés plus courts (croix de Beven). Les croix et les calvaires de granite du 19e siècle mesurent entre 4, 20 et 5 m. sans différenciation de taille entre les deux types.

Structure

La structure des différentes croix et calvaires est relativement récurrente.

Tous ont un soubassement maçonné, le plus souvent de plan rectangulaire (4 sont de plan carré : calvaire de Kerhouarn, croix de Kerimelin, de la chapelle Saint-Nicodème, de Bodéhan, de Kerbrégent, de Praqueno), posé sur un emmarchement. Six des croix et calvaires du 19e siècle ont un soubassement, carré ou rectangulaire, en forme d´autel galbé, une spécificité morbihannaise qui en permettait l´utilisation pour dire la messe en plein-air (missions, pardons) ; cependant, à l´exception de la croix de la chapelle de la Madeleine, la plupart de ces croix sont isolées au bord d´un chemin, ou pour le calvaire de Port-Arthur, marquent un croisement : il paraît douteux qu´ils aient pu servir réellement d´autel.

Entre soubassement et fût, le socle, toujours monolithe n´est pas toujours présent (croix de la Madeleine, croix du Groézic). Deux d´entre eux font d´ailleurs corps avec le soubassement, simple de dalle de même dimensions que ce dernier posé directement (Croix de Kerguh et du Beven).

Les fûts sont monolithes, mais à l´exception de la croix du Groézic, seules les croix en schiste ont leur croisillon et fût en une seule pièce. Leur section est généralement carrée chanfreinée, sauf pour la croix de Kerarnevet, datée 1720, à angles vifs. Deux croix, celle du Groézic et celle de Toul Kih ont le fût de section vaguement circulaire, allant pour la dernière en s´amenuisant vers le sommet.

Représentation

Le décor est principalement porté sur les croix de granite, seules deux croix de schiste en présentent. Onze des croix et quatre calvaires sont ornés d´un décor sculpté, concentré sur le croisillon, la base du fût (deux cas), le fût (deux cas) ou le soubassement. Le plus complet est celui du calvaire de Port-Arthur qui, outre le décor porté sur le croisillon et sur une traverse intermédiaire (Christ en croix encadré de la Vierge et de saint Jean surmonté de Dieu le Père sur l´avers, Vierge à l´Enfant sur le revers), est orné sur le soubassement d´un agneau aux sept sceaux au centre d´un décor végétal foisonnant accompagné de têtes d´angelots aux angles, imitant le décor d´un véritable autel dont il adopte la forme ; de plus, le fût est semé d´hermines, particularité qui se retrouve sur la croix de Kerbrégent, probablement la signature des frères Cabedoche. Un autre soubassement en forme d´autel est sculpté (dans un lit de schiste alors que le reste est en granite) de têtes d´angelots aux angles, celui de la croix de Bodéhan. Les calvaires du presbytère et de Kerhouarn présentent les mêmes personnages sculptés, la Vierge à l´Enfant du revers du calvaire du presbytère étant aujourd´hui fixée sur l´avant du socle. Des têtes d´angelots sont figurées sous le large noeud qui reçoit les personnages latéraux. Quant aux croix de Bodéhan et de Kerbrégent, leurs personnages latéraux sont sculptés sur les faces latérales du croisillon. Les extrémités du croisillon sont fleuronnées, comme sur les croix de Guervaud, Bodéhan et Kerimelin à l´imitation des croix d´orfèvrerie.

Les autres croix présentent un décor plus modeste, un simple Christ en croix pour les croix de Toul Kih et du Groézic (au bourg). La première montre de plus un petit calice en relief à la base du fût, comme la croix de Kerimelin (gravé) signalant des croix construites par un prêtre. On ne sait s´il faut y ajouter le calvaire de Kerhouarn dont la base du fût, élargie, est sculptée de personnages en bas-relief, l´un tenant un calice. La croix du Groézic au bourg est sculptée d'un calice en relief sur le côté du fût, blason lisse sans doute autrefois peint.

Conclusion

Outre les calvaires de belle qualité, on insistera sur les croix palis de schiste du 18e siècle, alors fixées sur un socle : ce sont les plus occidentales pour l´instant rencontrées. D´autre part, les croix et calvaires à soubassement en forme d´autel galbé sont caractéristiques du Morbihan granitique. On retiendra surtout la qualité des croix de Toul Kih, ornée d´un calice indice d'un commanditaire ecclésiastique, et du Groézic ornée d´un blason.

Malgré l´absence de signature, le nom des frères Cabedoche, sculpteurs de Melrand et auteurs de nombreuses croix du canton et de la région de Pontivy sont sans doute les auteurs du calvaire de Port Arthur : outre le type de sculpture, les hermines semées sur le fût, également utilisées sur la croix de Kerbrégent datée 1852, semblent signer cette croix et ce calvaire.

19 croix ont été repérées sur la commune, parmi lesquelles 16 sont étudiées. Elles portent les dates : 1720 (deux fois), 1728, 1818, 1820, 1825, 1827, 1845, 1852.

  • Période(s)
    • Principale : 17e siècle
    • Principale : 18e siècle
    • Principale : 19e siècle
  • Toits
  • Décompte des œuvres
    • repérées 19
    • étudiées 16

Bibliographie

  • Vallée du Blavet. Le canton de Baud. Bretagne. Inventaire Général. Collection Images du Patrimoine. Rennes. 2003.

    p. 46-51
Date(s) d'enquête : 2001; Date(s) de rédaction : 2002