Dossier d’œuvre architecture IA56005480 | Réalisé par
  • inventaire topographique
Manoir, Kerlutu (Belz)
Œuvre étudiée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Ria d'Etel - Belz
  • Commune Belz
  • Lieu-dit Kerlutu
  • Cadastre 2003 F 619, 624-629
  • Dénominations
    manoir
  • Parties constituantes non étudiées
    enclos, cour, dépendance, chapelle, colombier, allée

Manoir d´origine du 15e siècle avec cour cerné de mur et porche d´entrée monumental. Le logis est à salle basse sous charpente composé d´une salle et d´une cuisine à RDC, et d´une chambre haute au dessus de la cuisine. Des dépendances existent en contiguïté au nord (cellier, écuries ?) sans qu´il soit possible aujourd´hui de confirmer leur emplacement.

Au 17e siècle des transformations visent la rénovation du logis. La salle basse est réduite en plan et en hauteur par l´aménagement d´un plancher s´appuyant sur un nouveau mur de refend (au nord). Le volume créé au dessus de la salle sert de grenier, tandis que celui situé dans son prolongement au nord sert de dépendance : écuries, grange. Les ouvertures de la façade sud sont refaites en conséquence, ainsi que celles de la tourelle d´escalier (jours à chanfreins).

Au 19e siècle, le volume des combles est augmenté par la création d´un haut surcroît et le relèvement de la charpente. La pente initiale du toit du 17e siècle est perceptible dans l´étable sur la face intérieure du pignon nord. Les souches de cheminées à corniches permettent de dater ces travaux de la première moitié du 19e siècle.

Depuis la seconde moitié du 20e siècle l´ancien manoir sert exclusivement de dépendances agricoles.

Le manoir et hébergement de Kerlutu appartenant à Pierre Urvoy noble, est cité dans la réformation du domaine ducal en 1427. Les Urvoy sont encore nommés comme exempts de fouages jusqu'en 1464 (Laigue R de, 1901). A compter de 1477, suite au mariage de Raoul de Rosmadec avec Marguerite Urvoy héritière de Kerlutu, le domaine tombe aux mains de la puissante famille de la branche Du Plessis de Rosmadec et le reste jusqu'à la Révolution. A la fin du 15e siècle, Kerlutu est une sieurie, mais une justice s'y exercait autrefois (Gallet J, 1983). Son domaine comprenait les terres autour du manoir mais aussi à Kerispern, celles de Croix-Jean jusque et y compris le moulin à vent dit du Bourg et le moulin à marée dit des Oies sur le rivage de la rivière d'Etel. Le manoir fait l'objet de transformations importantes au 17e siècle : la salle basse est divisée en deux volumes superposés à cette époque (ou peut-être après). Au cours du 19e siècle d'autres interventions modifient une fois encore ses volumes lorsque l'ensemble devient une simple exploitation agricole, et qu'il s'agit de disposer d'avantage de greniers et d'étables. La pente du toit est modifiée pour augmenter la hauteur du surcroît du comble. Chapelle et colombier connus dans les déclarations du 17e siècle disparaissent à cette époque (annexe n°1). Kerlutu est encore aujourd'hui une grande ferme.

A l´ouest du bourg et non loin du rivage de la rivière d´Etel, le manoir de Kerlutu est bâti sur un point haut dont la pente s´infléchit vers l´est et le nord-est. Il est constitué d´un logis principal situé à l´ouest d´une cour dont la plupart des murs d´enclos ont disparu. Au nord une ancienne dépendance est remaniée en habitation, tandis qu´au sud et à l´ouest subsistent d´autres vestiges de dépendances anciennes. La porte monumentale qui donnait accès à la cour au sud est en place. Entièrement appareillée en pierre de taille, elle est constituée d´un double passage, porte charretière et poterne, à linteaux en arcs brisés vers l´extérieur et voûte en plein cintre à l´intérieur. L´allée d´accès dans l´axe de l´entrée, délimitée de talus plantés, existe toujours. Le logis, bâtiment principal du manoir, construit à mi-pente, ferme la cour à l´ouest. Sa façade postérieure ne présente aucune ouverture d´origine, à l´exception des jours qui éclairent la partie supérieure de la tour d´escalier. C´est un long bâtiment de plan rectangulaire avec deux murs de refend. Celui au sud qui séparait au rez-de-chaussée la salle de la cuisine est d´origine ; celui au nord qui réduit le volume initial de la salle basse, est une adjonction postérieure, probablement du 17e siècle. La tour d´escalier de plan irrégulier possède un côté plat au nord formant retour perpendiculaire à la façade arrière. En raison de ces transformations, la façade sur cour présente des ouvertures de différentes époques. La présence d´un enduit rend difficile la restitution des ouvertures d´origine à l´exception de la porte d´entrée de la salle du 15e siècle (bouchée), à linteau en arc brisé identique à ceux du porche extérieur. La porte d´entrée au sud (cuisine) et celle au nord (étable), dotées de larges chanfreins extérieurs, datent du 17e siècle. Les fenêtres du rez-de-chaussée de la cuisine et de la salle semblent contemporaines, ainsi que celle des deux chambre au dessus. Par contre la porte haute de l´étable est sensiblement plus récente, elle pourrait dater du 19e siècle comme les souches des cheminées aux corniches caractéristiques. A l´intérieur la distribution d´origine du manoir à salle basse sous charpente est parfaitement perceptible. La salle au centre conserve sur l´épais refend sud une cheminée monumentale à hotte oblique dont le linteau incliné repose sur des consoles doubles à chanfreins (15e siècle) comme à Keryargon. A droite de la cheminée une porte à linteau sur coussinets permet d´accéder à la cage d´escalier qui ouvre à rez-de-chaussée sur la cuisine située à l´arrière par une porte semblable à la précédente. L´escalier est un vis en pierre placé dans une tourelle demi-hors-oeuvre, éclairé de deux jours. A l´étage une porte à chanfreins (17e siècle) donne accès à la chambre située au dessus de la cuisine. Une seconde porte percée postérieurement à la construction du mur de refend ouvre sur le grenier moderne situé au-dessus de la salle. Cuisine et chambre haute possèdent chacune une cheminée dans le pignon sud. Celle de la chambre est masquée, celle de la cuisine est à larges consoles arrondies et larges chanfreins sur les piédroits (17e siècle). Dans la cour, le puits a disparu. Subsistent les vestiges d´un fournil et une remise en appentis sur poteaux bois (19e siècle). La maison d´habitation au nord procède du remaniement d´une dépendance et présente des éléments d´ouvertures anciennes en remploi.

  • Murs
    • granite
    • enduit
    • moellon
    • pierre de taille
  • Toits
    ardoise
  • Plans
    plan rectangulaire régulier
  • Étages
    1 étage carré, comble à surcroît
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • pignon découvert
  • Escaliers
  • Typologies
    manoir à salle basse sous charpente
  • État de conservation
    menacé
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Éléments remarquables
    logis, porte
  • Sites de protection
    abords d'un monument historique

La structure du manoir d'origine et sa distribution sont perceptibles notament grâce à la présence de l'escalier postérieur. Le portail monumental du 15e siècle avec porte cochère et poterne est en place au sud de la cour. L'ensemble qui ne sert plus aujourd'hui que de dépendances agricoles est menacé faute d'entretien.

Bibliographie

  • OGEE Jean-Baptiste. Dictionnaire historique et géographique de Bretagne, nouvelle édition augmentée par Marteville et Varin. Rennes, 1843.

    p.
  • LAIGUE René (de). La noblesse bretonne aux XIVe et XVe siècles, réformations et montres, Rennes, Plihon, 1902.

    p. 76
  • GALLET Jean. La seigneurie bretonne 1450 - 1680, l'exemple du vannetais, publications de la Sorbonne, Paris, 1983.

    p. 114 et 528
  • DOUARD Christelle, DUCOURET Jean-Pierre, MENANT Marie-Dominique, RIOULT Jean-Jacques, TOSCER Catherine, Le manoir en Bretagne, 1380-1600. Cahiers du Patrimoine n° 28. Imprimerie nationnale, Paris, 1993.

    p.

Annexes

  • Annexe n°1
  • Annexe n°2
Date(s) d'enquête : 2006; Date(s) de rédaction : 2006