La ferme de Keroual est le vestige d'un édifice plus important : il s'agit d'une petite sieurie dont le possesseur, Jean Courappe ou Courappé est signalé dans l'enquête sur les exempts du fouage en 1448, puis dans les montres de 1464 et 1477. En 1480, Jean Courappe n'a que de 16 livres de rente. En 1536, la sieurie appartient à Morice de Courape. Elle passe en suite à la famille de Baud : dans la réformation de 1620 dépouillée par Galles le lieu est nommé "la maison de Gueroual". Elle appartient en 1628 à Louis de Baud, puis de 1633 à 1667, à Jean de Baud. La sieurie passa ensuite par mariage à Charles de Douville qui possédait aussi Kerfrézec en Sainte-Hélène : peut-être est-ce le début de la déchéance du manoir. La forme des parcelles (E69 et E70) au sud et à l'est sur le plan cadastral de 1837, circulaires, évoquent un site de motte.
Le plan cadastral de 1837 montre un tout autre bâtiment qu'aujourd'hui. Autour de la cour (close ?) se développent plusieurs bâtiments. Au nord, un bâtiment plus large que celui étudié était sans doute le logis du manoir : il n'en reste que ruines aujourd'hui. A l'est le four. Au sud, un bâtiment en T renversé dont ne subsiste que la partie sud étudiée ici : ce sont les bâtiments d'exploitation du manoir.
Le bâtiment de l'ancienne ferme ou métairie présente des dispositions inédites à Kervignac. Il s'agit d'un logis-étable à deux portes, celles-ci établies sur le mur nord en raisons de l'accès à partir de la cour. La particularité de ce bâtiment est la présence d'un mur de refends entre la salle et l'étable, sans cheminée, puisque celle-ci est placée en pignon. Ce mur est percé d'une porte moulurée à accolade en son centre. La fenêtre sud de la salle comme celle dans l'étable proche de la salle correspondent à un remaniement postérieur : leurs pierres d'encadrement ne sont pas moulurées au contraire de toutes les autres baies, chanfreinées ou à cavet ; cependant, si cette baie ne remplace pas une ouverture plus ancienne, il s'agissait alors d'un logis sans fenêtre. Les baies nord, dans l'étable une étroite et haute avec linteau à pointe d'accolade et une fenêtre plus large proche de la salle, sans doute rétrécie lors d'un remaniement sont, comme la porte, contemporaines des ouvertures de la salle ; pourtant, le raccord des moulures ne coïncident pas exactement, ce qui indiquent des reprises et l'on peut toujours se demander si la façade nord n'a pas été en partie remontée.
Chargée d'études à l'Inventaire