Une protection M.H. est envisageable dans la mesure où il existe peu d'églises homogènes de la fin du 17e siècle (moins d´une dizaine dans le Morbihan). L'intérêt de l'église saint-Pierre-saint-Paul réside dans son homogénéité tant à l´extérieur, avec la qualité de sa mise en oeuvre de granite, qu' à l´intérieur avec son mobilier de qualité, dont le retable curviligne, est l'une des oeuvres majeure du sculpteur Guillaume Gravay.
Par ailleurs, le style sobre de l'édifice au décor limité à la porte sud est à relier avec la proximité de Port-Louis. Les maîtres maçons (non identifiés) à l'origine de la construction étaient d'Hennebont, mais l'église est une manifestation précoce du "style des ingénieurs" dans l'architecture religieuse.
Le mobilier est d'une grande qualité, comme en témoigne le retable de calcaire (fig. 18 et 19), oeuvre majeure de l'artiste alréen Guillaume Gravay. Au soubassement du retable, deux portes encadrant l'autel, mènent à la sacristie (fig. 20). Au dessus, trois compartiments délimités les uns des autres par quatre colonnes corinthiennes. Les panneaux extérieurs incurvés sont ornés de guirlandes de fleurs qui encadrent les statues de saint Pierre (nord) et de saint Paul (sud) (fig. 21 et 22). Au centre, une toile de Mésanstourm représente saint Pierre marchant sur les eaux à la rencontre de Jésus. L'ensemble est surmonté d'un entablement à denticule (fig. 23 et 24). Le panneau central est couronné d'un fronton curviligne soutenu par deux colonnes (fig. 25). Il est décoré d'angelot sur le tympan et supporte un ensemble sculpté : deux anges à demi étendus devant la Trinité : le Père, le Fils et le Saint Esprit, personnifié par une colombe (fig. 26 à 30).
Les bras du transept accueillent deux retables. Le plus ancien et certainement contemporain du retable axial, se situe au nord (fig. 31). Il se compose d'un tableau central encadré de colonnes jumelées qui soutiennent un petit fronton triangulaire. La partie supérieure est constituée d'une niche flanquée de colonnes et de feuillages, accueillant la statue de la Trinité (fig. 32), le tout coiffé d'un fronton triangulaire interrompu. Cet autel est dédié à la Vierge du Rosaire et le panneau central semble représenter la donation du rosaire à saint Dominique (fig. 33 et 34). Le retable sud (fig. 35 et 36) connaît la même organisation bien que celui-ci soit contemporain des trois autels. Il est dédié à la Croix, saint Jean-Baptiste (fig. 37) et au Sacré Cœur, comme en témoigne la statuaire. Le tableau illustre l'agonie de Jésus et sur l'autel du retable, est posé un buste-reliquaire de saint Pierre.
On notera la présence d'une statuaire particulièrement intéressante : deux Trinités, l'une représentée avec le Père assis, l'autre avec la représentation du saint Esprit sous la forme d'une colombe et une statue de la sainte Vierge et de sainte Marguerite datant du 18e siècle (fig. 38 et 39), dont la facture est semblable à celle des proues de bateaux. Cette influence peut s'expliquer par la proximité à cette époque, d'un chantier naval entre Port-Louis et Lorient, pour le développement de la Compagnie des Indes.
D'autres éléments suscitent un intérêt : les stalles de chœur du 17e siècle, la présence d'un confessionnal daté de1814, ce qui est peu commun, ainsi que le décor peint du 19e siècle de la voute bien que cette pratique soit répandue.