La ferme de Kermainguer n'est pas sans susciter des questions que la disparition de la tour d'escalier et l'absence de visite de l'étage empêche de d'élucider.
Sa structure paraît se composer d'un grand logis-étable à comble à surcroît suivi d'un logis à étage dont la pièce habitable au rez-de-chaussée était une chambre qui ne communiquait à l'origine qu'avec la salle, la porte n'ayant été créée qu'en 1786 (plutôt que 1726, date lue sur le linteau de la porte, mais peu en accord avec sa forme). Les formes des portes de la salle, de communication avec la chambre et de l'étable, en plein cintre chanfreiné, se rapportent peut-être au début du 17e siècle, voire plus ancien. La fenêtre de la salle est cependant agrandie au 19e siècle.
Accessible par une porte en plein cintre chanfreinée à partir de la salle, la chambre est dotée d'une cheminée engagée au pignon est : linteau et consoles sont en bois, tandis que les piédroits en granite sont simples (17e ou 18e siècle ?) ; un encadrement de bois avec bancs de foyer a été ajouté à la fin du 19e siècle. Deux fenêtres éclairaient cette chambre, l'une étant aujourd"hui bouchée en raison de l'ouverture de la porte sud. Une porte à linteau de bois contemporaine de celle-ci (fin 18e siècle) communique averc l'appentis postérieur. Un renfoncement masque peut-être l'ancienne porte d'accès à la tour disparue. L'étage n'a pas été vu : la chambre de l'étage comporte-t-elle une cheminée comme semble l'indiquer la qualité des fenêtres, du 15e ou début 16e siècle, ou s'agit-il d'un simple grenier dont les ouvertures ont été remployées à seul dessein d'ostentation ?
La salle est éclairée d'une fenêtre du 19e siècle. La cheminée sur le refends, à consolesde granite en grossier quart de rond et piédroits simples a perdu son linteau : seuls subsistent les sommiers. A proximité de la porte en plein cintre, une petite armoire murale à une seule étagère. Le plafond, à poutres rapprochées, est isolée du grenier par un hourdi de barasseaux ou quenouilles. Il n'existe plus de séparation entre la salle et l'étable, les deux pièces ayant depuis longtemps la même fonction d'étable. La seconde porte, celle de l'ancienne étable, est placée après le volume de l'écurie perpendiculaire au bâtiment principal. Les piédroits du jour de l'étable sont remployés du 16e siècle. Les poutres de l'étable sont en partie remplacées par des poutrelles d'acier. Une porte a été bouchée dans l'élévation postérieure. Le chaume de la toiture de ce logis étable était protégé par un larmier de pierres plates épousant la forme du toit, comme on en retrouve dans certaines fermes anciennes associant deux logis de différentes hauteurs à Kervignac (Kerguéné), Merlevenez (Lesteno) ou Plouhinec (Porh Berringue, Kermorin, Magouero).
Greffée en retour entre les portes de la salle et de l'étable, l'écurie en retour n'est éclairée et ouverte que du côté est, c'est-à-dire du côté de l'accès à la ferme, d'une porte rectangulaire et d'un jour.
En conclusion, cette ferme importante montre un plan assez répandu dans le secteur de la ria d'Etel, le logis étable suivi d'une chambre ; cependant, il s'agit ici d'un unicum sur le territoire car la chambre n'a pas d'accès extérieur et est de plus surmontée d'un étage carré dont l'usage de chambre ou de grenier (?) n'a pu être défini. Ce schéma a été cependant rencontré au nord de Vannes, au 16e siècle. La ferme illustre encore une fois la difficulté de préciser la datation d'un édifice aux si nombreux remplois.
Chargée d'études à l'Inventaire