L’existence de logis en alignement déclassés en dépendance est un phénomène récurrent. Cependant, même si elles ont subi quelques modifications, les différentes parties sont ici bien lisibles : il s'agit tout d'abord du modèle connu associant un logis à étage à un logis-étable bas ; l'absence de reprise nette les deux parties prouve que leur construction est contemporaine, effectuée d'après les inscriptions autour de 1650 par G. Ollivier, un laboureur visiblement prospère. La présence d'inscriptions et de dates, pour certaines remployées, renseignent sur les modifications successives de la ferme. Bien qu'il s'agisse certainement d'un remploi, la lucarne Renaissance donnant sur la rue est un élément particulièrement intéressant, car hormis celles visibles au bourg, seule une autre ouverture de ce type a été observée sur la dépendance d'un ancien manoir du 18e siècle, à Coët-Daly.
Par ailleurs, la présence d'une tourelle d'escalier qui ne figure pas sur le plan cadastral de 1840 desservant le grenier du logis-étable suscite quelques interrogations. Les traces de rupture dans la maçonnerie indiquent que la tour n'a pas été réalisée en même temps que le logis-étable et son absence sur le cadastre napoléonien laisse penser qu'il pourrait s'agir d'une réalisation postérieure à 1840. Si tel est le cas, ce procédé serait particulièrement rare, car la tour d'escalier n'est en général plus utilisée au 19e siècle. Elle témoignerait donc d'une volonté délibérée des propriétaires de copier des modèles anciens : la persistance de la symbolique de la tour, attribut de la maison noble, serait alors révélatrice de la richesse et de l'importance de la famille au 19e siècle. (C Toscer)