• inventaire topographique, ville de Vannes (secteur sauvegardé)
Tour du Bourreau, 8 rue Brizeux (Vannes)
Œuvre étudiée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Vannes
  • Commune Vannes
  • Adresse 8 rue Brizeux
  • Cadastre 1807 I3 630  ; 1844 K8 1662  ; 1980 BR 61
  • Dénominations
    tour
  • Appellations
    Tour du Bourreau
  • Parties constituantes étudiées

Édifiée au XVe siècle, cette tour avait pour but de protéger le mur nord de la ville depuis la porte Saint-Patern jusqu’au château de la Motte, aujourd'hui disparu. Située à un point de rupture de la courtine, la construction fait saillie et supprime tout angle mort. C’est une tour de flanquement : le défenseur y prend l’assaillant de flanc. Cette situation stratégique permet une grande économie de soldats. Un seul tireur peut neutraliser toute la longueur de l'obstacle flanqué, dans la limite de la portée de son arme. À noter qu’à cette époque, la tour ne protégeait aucune entrée puisque la porte Saint-Jean n’a été percée qu’à la fin du XVIIe siècle (1685-1688).

Après la guerre de la Ligue (1589-1598), la tour perd peu à peu sa fonction défensive. Dite Tour des Filles, elle sert un temps de prison pour les femmes de petite vertu.

Dans la seconde moitié du XVIIe siècle, la tour devient le logement de l’exécuteur des Hautes Œuvres et prend le nom de Tour du Bourreau. Pour le confort de ce dernier, il est demandé en 1678 de « boucher trois embouchures de canons [...] les trous étant inutiles et incommodes ». Pour prévenir les risques d’incendie, une cheminée est posée dans l’angle sud ouest, « du costé de l’évesché ». Elle a depuis été détruite pour créer une ouverture mais on peut encore remarquer son jambage droit imbriqué dans la maçonnerie. Un siècle plus tard, en 1773, la tour du Bourreau fait de nouveau l’objet de travaux. La couverture est refaite et les châssis des volets sont rajustés « afin qu’ils puissent se fermer et ouvrir avec facilité ». En outre, une porte est posée pour fermer les latrines.

Au XIXe siècle, on l’appelle parfois Tour Macaire du nom de son nouveau propriétaire Julien Vincent Macaire de Rougemont, directeur de l’Enregistrement et des Domaines, qui habite dans l’ancien hospice de l’abbaye de Prières (6 rue Brizeux). Le rez-de-chaussée de la tour, ouvert sur son jardin, lui sert d’orangerie pendant l’hiver.

  • Période(s)
    • Principale : 15e siècle , (incertitude)

Maçonnée en bel appareil, la tour est couronnée par des mâchicoulis à arc brisé reposant sur des consoles en forme de pyramide renversée. Cette coursière de pierres en encorbellement, substitut des hourds en bois, permettait le tir fichant (de haut en bas) pour protéger la base du mur et contrer le travail de sape. Le parapet crénelé a quant à lui disparu. De forme semi-circulaire, la tour est percée à la gorge (intra-muros) par plusieurs ouvertures permettant l’accès aux trois niveaux.

On accède au premier niveau sous-terrain en descendant quelques marches. Un couloir de près de trois mètres de long, équivalent à l’épaisseur du rempart, ouvre sur l’unique pièce. À hauteur du seuil, deux croix pattées sont gravées sur une pierre du mur. Ces marques lapidaires sont-elles un signe de réemploi, une marque de tâcheron ou une trace laissée par un prisonnier ? Le mystère demeure. À l'origine, cette salle voûtée en plein cintre était éclairée par deux archères-canonnières en sifflet (ébrasement interne) du même type que celles de la tour Calmont. Ici, celle côté ouest a été obstruée et celle côté est a été remaniée (seule l'archère supérieure subsiste).

Le deuxième niveau, indépendant du premier, est accessible depuis la courtine. Trois casemates ont été aménagées dans l’épaisseur du mur pour accueillir des canons de petits calibres. Des trous de boulin percés dans les murs latéraux permettaient de fixer une barre pour empêcher le recul de la pièce d’artillerie lors du tir. Les fenêtres d’aujourd’hui ont remplacées les canonnières d’hier.

Depuis le chemin de ronde, un escalier extérieur (auparavant intérieur) mène au troisième niveau. Le toit terrasse d’environ dix mètres de diamètre offre un magnifique panorama sur l’intra comme l’extramuros. Le visiteur peut apercevoir la cathédrale Saint-Pierre, la Porte Prison, l’église Saint-Patern, le clocheton du collège Jules Simon,… La plateforme dallée et ses gargouilles sommaires d’évacuation des eaux de pluie laissent à penser que cette tour ne disposait pas de toiture mais des procès-verbaux de réparation du XVIIe siècle et un plan du début du XIXe siècle attestent pourtant de son existence par le passé. La tour du Bourreau était donc dotée d’un toit comme toutes les autres tours de la ville.

  • Murs
    • granite moyen appareil
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Sites de protection
    secteur sauvegardé
  • Protections
    classé MH, 1927/07/29
  • Précisions sur la protection

    Tour dite Tour des Filles et portion des anciens remparts lui faisant suite vers l'Est (cad. K 1662p, 1663) : classement par arrêté du 29 juillet 1927.

  • Référence MH

Documents d'archives

Bibliographie

  • LALLEMAND Alfred, Les origines historiques de la ville de Vannes : de ses monuments, communautés religieuses et établissements de bienfaisance, de ses armoiries, des noms des ses rues, Vannes : Arsène Cauderan, 1858, p. 89.

    p. 89
  • GALLES Louis, "Les murailles de Vannes depuis 1573", Bulletin de la Société polymathique du Morbihan, 1869, p. 90.

    p. 90
  • GUYOT-JOMARD Alexandre, "La ville de Vannes et ses murs", Bulletin de la Société Polymathique du Morbihan, 1887, p. 132-133.

    p. 132-133
  • LE MENÉ Joseph-Marie, Topographie historique de Vannes, Vannes : Imprimerie Galles, 1897, p. 10.

    p. 10
  • THOMAS-LACROIX Pierre, Le vieux Vannes, Malestroit : Presses de l'Oust, 1975, p. 11 ; p. 68.

    p. 11 ; p. 68
  • LEGUAY Jean-Pierre, "Vannes au XVe siècle : Étude de topographie urbaine (1re partie)", Annales de Bretagne et des Pays de l'Ouest, t. 82, n° 2, 1975, p. 127-128.

    p. 127-128.
  • LEGUAY Jean-Pierre, Un réseau urbain au Moyen Âge : les villes du duché de Bretagne au XIVe et XVe siècles, Paris : Maloine, 1981.

    p. 44 ; p. 177-178 ; p. 181-182
  • FRÉLAUT Bertrand, "Recherches sur la prostitution à Vannes", Bulletin des Amis de Vannes, n° 17, 1992, p. 23.

    p. 23
  • AQUILINA Manuelle, Les remparts de Vannes du IIIe au XXe siècle de l’enceinte fortifiée à la simple ceinture de murailles, mémoire de DEA d'Histoire, MERDRIGNAC Bernard (dir.), Université Rennes 2, 1998, p. 88.

    p. 88

Documents figurés

Annexes

  • Procès-verbal des indigences de réparations à faire sur la tour où demeure à présent l’exécuteur, 12 février 1678
  • Procès-verbal de l’état du logement de l’exécuteur et des réparations à faire, 8 novembre 1773
  • LALLEMAND Alfred, Les origines historiques de la ville de Vannes : de ses monuments, communautés religieuses et établissements de bienfaisance, de ses armoiries, des noms des ses rues
  • GALLES Louis, « Les murailles de Vannes depuis 1573 »
  • GUYOT-JOMARD Alexandre, « La ville de Vannes et ses murs »
  • LE MENÉ Joseph-Marie, Topographie historique de Vannes
  • THOMAS-LACROIX Pierre, Le vieux Vannes
  • LEGUAY Jean-Pierre, « Vannes au XVe siècle : Étude de topographie urbaine (1re partie) »
  • FRÉLAUT Bertrand, « Recherches sur la prostitution à Vannes »
  • AQUILINA Manuelle, Les remparts de Vannes du IIIe au XXe siècle de l’enceinte fortifiée à la simple ceinture de murailles
Date(s) d'enquête : 2014; Date(s) de rédaction : 2014
Articulation des dossiers
Parties constituantes