• enquête thématique régionale, Voies navigables
Canal du Blavet, les écluses

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    écluse
  • Aires d'études
    Bretagne

Les écluses ont pour fonction de faire passer les bateaux d'un bief à un autre. Le canal du Blavet en possède 28, réparties tous les 2 km en moyenne, le long des 60 km séparant Pontivy et Hennebont. Les hauteurs d'eau à franchir sont relativement petites : 1,95 mètres en moyenne, la plus grande chute étant à 2,50 mètres.

Les écluses du canal du Blavet sont toutes situées sur la rive gauche du cours d'eau. La raison a été dictée par l'Ingénieur G.-J. Bouëssel : « La rive gauche est la plus commode pour l'établissement du hallage [sic] ; c'est pourquoi nous proposons dans nos plans d'appuyer les écluses à cette rive » (avant-projet de construction de navigation de la rivière du Blavet, G.-J. Bouëssel, février 1803). Dans ce même projet, il propose que les tailles des écluses soient de 24 mètres de long sur 4,70 mètres de large, « parce que les écluses de la Villaine [sic] ont été construites avec ces dimensions, et qu'il y aura beaucoup de rapports commerciaux d'une rivière à l'autre après la construction de la Navigation intérieure ». Ces dimensions détermineront le gabarit des bateaux à naviguer sur le canal, et a fortiori, les volumes de marchandises transportées.

Les écluses ont été les premiers ouvrages du canal du Blavet à être construits. En commençant depuis Hennebont en 1803, les travaux se sont poursuivis en remontant jusqu'à Pontivy. Elles sont construites parfois sur les barrages d'anciens moulins, parfois sur des fondations neuves ou directement sur le socle rocheux.

Les travaux sont menés par les ingénieurs Bouëssel jusqu'en 1811, puis Piou (de 1811 à 1820), Le Cor (de 1814 à 1820), Abrial (de 1814 à 1817) et Lenglier (de 1820 à 1834).

La pierre utilisée dans la construction des écluses est un granite local. C'est en tout cas ce qu'indique l'ingénieur Guy-Joseph Bouëssel en 1803, lorsqu'il signale l'ouverture de cinq carrières proches, à Rond-Goët, à Cohazé, à Kercaio, à Talendias et à Kerroch, destinées à la construction du canal. Il semble qu'aujourd'hui, ces carrières ne soient plus exploitées.

Les écluses témoignent d'une architecture technique, fonctionnelle et stéréotypée. Toutes présentent des points communs, à savoir :

Ouverture d'un vantail à l'écluse de La CouardeOuverture d'un vantail à l'écluse de La Couarde

- des portes métalliques, à ouverture manuelle. C'est le cas pour toutes les portes, amont et aval. Leurs vantaux se meuvent tous manuellement, à l'aide de cric et crémaillère (aussi appelé tourniquet).

Ecluse de Tréblavet, bajoyers à angle coupéEcluse de Tréblavet, bajoyers à angle coupé

- des bajoyers à angle coupé. Les parois latérales des écluses, à l'exception de celles des Récollets et de Moulin Neuf, présentent des extrémités amont et aval dont les angles sont coupés. Si ce mode de construction complexifie le travail des tailleurs de pierre, en revanche, il simplifie l'entrée des bateaux dans les écluses et renforce la résistance des bajoyers face à la force de l'eau.

Ressauts vertical et horizontal dans le sas de l'écluse de Kerousse, à hauteur du buscRessauts vertical et horizontal dans le sas de l'écluse de Kerousse, à hauteur du busc

- des ressauts verticaux et horizontaux dans les sas. Dans tous les sas des écluses du canal, des ressauts verticaux et horizontaux signalent aux mariniers les emplacements des différences de niveaux qui caractérisent le fond d'une écluse. Ces indications leur permettent d'éviter le frottement des bateaux contre le busc et le contre-busc, saillies de pierre sur lesquels reposent les portes des écluses.

Rainures à bartardeau à l'éluse de TalhouëtRainures à bartardeau à l'éluse de Talhouët- deux rainures à batardeaux en amont. Vingt-quatre des vingt-huit écluses du canal du Blavet ont deux rainures à batardeau en amont des bajoyers et n'en présente pas en aval. Ces rainures verticales permettent de glisser des poutres afin de mettre à sec l'écluse et d'y faire des travaux.

Une des exceptions notables est l'écluse de Polvern, la dernière avant le Blavet maritime. A cause de sa situation particulière, l'écluse présente deux rainures sur les parties aval des bajoyers, nécessaires pour contenir les marées, en plus des deux rainures déjà existantes sur les parties amont des bajoyers.

Surface lissée d'une bitte d'amarrage résultant du frottement des cordages à l'écluse de Boterneau  Surface lissée d'une bitte d'amarrage résultant du frottement des cordages à l'écluse de Boterneau - trois bittes d'amarrage côté chemin de halage. Presque toutes les écluses du canal du Blavet ont trois bittes d'amarrage en granite sur le terre-plein de l'écluse situé du côté chemin de halage. Ces moyens de fixation pour les bateaux portent souvent des traces d'usure dues aux frottements des cordages retenant les bateaux. D'autres bittes d'amarrage sont marquées de chiffres ou présentent une surface supérieure bombée.

La seule exception notable est l'écluse des Récollets qui en plus des trois bittes d'amarrage côté chemin de halage, deux autres localisées sur le bajoyer situé en rive droite. Cette particularité est sans doute à mettre en relation avec l'éloignement du déversoir, séparé de l'écluse par un îlot d'habitation.

Signes lapidaires observés sur les écluses du canal du Blavet : marques de tâcherons ou de positionnementSignes lapidaires observés sur les écluses du canal du Blavet : marques de tâcherons ou de positionnement

- signes lapidaires, probables marques de tâcheron. Dans le sas d'au moins douze écluses, des signes lapidaires sont encore visibles sur les murs des sas. Ces marques, en forme de cercle, d'infinis, de lettre, etc., peuvent tenir lieu de signature pour les tailleurs de pierre ou pour les ateliers de taille, ou être encore des marques de positionnement.

Ce ne sont pas les seules inscriptions sur les bajoyers : des dates sont parfois encore visibles.

  • Toits
  • Décompte des œuvres
    • repérées 28

Bibliographie

  • DE LONGEAUX, Dominique. L'épopée des canaux bretons, 1539 - 1972. Ed. Patrice du Puy, 2014. ISBN : 979-10-90452-13-8

    Région Bretagne (Service de l'Inventaire du patrimoine culturel)

Annexes

  • Liens vers les notices de recensement des écluses repérées :
Date(s) d'enquête : 2016; Date(s) de rédaction : 2017
Dossiers de synthèse