L'héritier d'un cours professionnel obligatoire, ouvert en 1924
Le lycée professionnel Bertrand Du Guesclin est l'héritier d'un cours professionnel obligatoire, destiné aux apprentis, créé par la municipalité d'Auray, en 1924, en application de la loi du 25 juillet 1919 qui créé le CAP (certificat d'aptitude professionnelle). Ce cours, installé dans l'ancienne caserne Du Guesclin (voir PDF en annexe), devient, au gré des évolutions législatives et réglementaires, centre d'apprentissage, à la Libération, puis collège d'enseignement technique (CET), en 1959, lycée d'enseignement professionnel (LEP) en 1976, lycée professionnel, enfin, en 1986.
La précarité et la vétusté des installations - les ateliers sont installés dans des baraques - conduisent la Ville d'Auray à délibérer, le 22 novembre 1958, en faveur de l'achat d'un terrain sur la commune voisine de Brec'h, pour y implanter le centre d'apprentissage. Le site est proche des champs de l'ultime bataille (1364) de la guerre de succession de Bretagne. Opposé à Jean de Montfort, Du Guesclin combattait aux côtés de Charles de Blois qui perdit la vie au cours de cette bataille. C'est en mémoire de l'implantation dans la caserne et de cette bataille que la conseil d'administration de l'établissement, réuni le 16 janvier 1968, propose de donner au CET le nom du mercenaire. Le Conseil municipal du 8 mars 1968 donne un avis "très favorable" à ce sujet.
Un collège d'enseignement technique construit selon des procédés industrialisés.
Pour construire le nouvel établissement, l’État passe un marché avec une entreprise générale. Cette démarche est une illustration des recherches du ministère afin d'optimiser l'industrialisation des constructions scolaires, aux confins des années 1950-1960. Les objectifs sont clairs : construire fonctionnel, rapidement et à bas coûts. Afin de construire ce CET de garçons, pour un effectif de 350 élèves dont 270 internes et 45 demi-pensionnaires, il choisit comme prestataire, l'Entreprise du centre, implantée à Lorient. Celle-ci doit s'engager, en janvier 1962, à respecter les plans de l'architecte Yves Guillou, le devis descriptif et le planning de construction. Le contrat fixe le coût global à 3 078 060 NF (bâtiments proprement dits) et un montant de 382 066, 20 NF pour des travaux d'adaptation1. Le CET ouvre cette année-là, même si un délais complémentaire est nécessaire à la construction du gymnase. Plusieurs CET bretons, devenus aujourd'hui des lycées, ont été construits dans le cadre de ce type de marché entre l’État et cette entreprise générale, selon les plans donnés par le même architecte. A Auray, Yves Guillou a ainsi repris un modèle développé à Étel (56), en adaptant le plan masse au programme et à la parcelle2.
Les ateliers sont une première fois agrandis selon les plans du même architecte, dressés en 1967.
Depuis 1967, les principales extensions concernent encore les ateliers, avec la création de 1297 m2 supplémentaires, vers 1980 (Bouchet, architecte), puis leur extension et modernisation entre 2008 et 2012 (Lionel Dunet, architecte, plans de 2009).
Le lycée aujourd'hui
Le lycée a obtenu le label "lycée des métiers d'arts" en 2006. Il accueillait , en 2018-2019, 378 élèves, dont 172 internes. Il dispense des formations du CAP au baccalauréat professionnel, pour des brevets des métiers d'arts, dans les domaines de l'ébénisterie, de l'ameublement et du graphisme, ainsi que des formations pour adultes dans le domaine de la restauration des meubles anciens. Il accueille également des élèves "décrocheurs" pour des actions de remobilisation.
En 2020, une nouvelle cuisine est en cours de construction et une restructuration importante est à l'étude, afin d'améliorer les qualités thermiques des bâtiments. La démolition du gymnase et de l'internat est envisagée pour les remplacer par des constructions neuves.
1. La section spéciale des bâtiments d'enseignement du Conseil général des bâtiments de France, réunie le 30 octobre 1961, évaluait le "maximum de la dépense", sur la base d'un prix de base du m2 de 402,60 NF (avril 1961) à 4 804 720 NF, décoration et honoraires de l'architecte compris.
2. Les archives départementales du Morbihan conservent dans le fonds de l'architecte Yves Guillou, sous la cote 110 J 1592, un jeu de photographies en noir et blanc. L'intérêt de cette série nous a conduit à la reproduire intégralement en illustration de ce dossier. Les vues ont été prises peu après la construction du lycée, mais après l'agrément du sculpteur Yves Bonnard pour la réalisation de l’œuvre du 1% (8 novembre 1963), car les panneaux de pierre bleue de Belgique sont en place mais pas encore sculptés. Les photographies ne sont pas signées, mais Yves Guillou a souvent fait appel à Yves Guillemaut pour fixer ses œuvres à peine construites. Il est possible de penser que ces vues, nombreuses et valorisantes, ont été réalisées à des fins commerciales, pour montrer une réalisation appelée à être reproduite.
Chargé d'études à l'Inventaire