Dossier d’œuvre architecture IA56132294 | Réalisé par
Thibert Laura (Contributeur)
Thibert Laura

Chargée d'étude mission patrimoine gestion des espaces maritimes

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  • enquête thématique régionale, Lorient Agglomération inventaire des patrimoines maritimes
Port de commerce de Kergroise (Lorient)
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Conseil départemental du Morbihan
  • (c) Lorient Agglomération

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Lorient agglomération
  • Commune Lorient
  • Adresse
  • Dénominations
    port

Un port en eau profonde

 Le port de commerce de Kergroise est l’un des trois ports de la Région Bretagne en rade de Lorient. Les marchandises qui y transitent sont des produits en vrac et en grande majorité d’importation. Elles sont destinées à l’industrie agroalimentaire pour le bétail telles que les tourteaux de soja, de tournesol, plus rarement le maïs ou encore le sorgho, mais aussi des hydrocarbures, du bois et de la ferraille. Les nouvelles activités à l’exportation touchent pour l’heure un marché de niche, celui du recyclage (bois et pneu broyé). C'est aussi un lieu incontournable de l’art urbain, cet art éphémère est réalisé sur les murs de bâtiments laissés à l’abandon comme d’anciens hangars ou entrepôts. Le bâtiment abritant les anciens ateliers de manufacture de Kergroise dans le port de commerce en est un exemple emblématique.

 

Une urbanisation tenant compte de la sécurité portuaire et des risques technologiques

 Le port de commerce est un élément phare du plan d’aménagement de la Reconstruction. Il est déplacé du centre ville – au Faouëdic, vers la rade, aux profondeurs importantes quelques soient les niveaux de marée, afin de s’adapter à l’évolution de la flotte de marine marchande. Le port de commerce est un lieu d’échanges, une interface entre la ville, son « hinterland », la mer et ses trafics de marchandises. Plus ou moins perméable, il constitue à la fois un espace de travail et un espace public. L’accès aux quais et aux zones de manutention est totalement fermé au public depuis 2009 dans le cadre de la réglementation ISPS (International Ship and Port facility Security) par l’installation de clôtures de sécurité. Ces espaces portuaires jusqu’ici ouverts et accessibles aux Lorientais et notamment les pêcheurs amateurs  - qui se sont déplacés sur le quai Tonnerre au port de pêche – se referment, contribuant à une distanciation de la ville à son linéaire maritime.

La question des risques technologiques est prégnante en arrière des quais, dans les espaces contigus aux quartiers résidentiels de la Nouvelle Ville de Lorient, avec la présence de deux sites classés SEVESO associés aux terminaux portuaires pétroliers.

D’un port à l’autre, l’installation du port de commerce dans la vasière de Kergroise

 Les premiers projets de construction d’un nouveau port de commerce dans la rade émergent dès les années 1880 à l’initiative de la Chambre de Commerce de Lorient, des commerçants du Morbihan et des élus locaux.

L’essor des bateaux à vapeur et à fort tirant d’eau, les problèmes d’envasement du bassin à flot et la reprise du commerce maritime obligent les dirigeants du port de commerce de Lorient à envisager son déplacement.

En 1886, le Conseil général du Morbihan dans son ensemble soutient le projet sous l’impulsion du lorientais Paul Guyesse, conseiller général depuis 1883. Polytechnicien et ingénieur hydrographe de la Marine, proche de Ferdinand de Lesseps, est fervent défenseur du projet dès les premières heures. La ville et la Chambre s’attachent ses compétences pour étudier la faisabilité du port sur la lagune comprise entre la Perrière et l’estacade.

Il faut souligner que la grande vasière de Kergroise semble tout indiquée pour répondre aux nouveaux besoins : une surface importante de 41 hectares et des rives qui affleurent les hauts fonds de la rade.

Ce n’est cependant qu’en 1911 que le quai de Kergroise est déclaré d’utilité publique. Sa réalisation est financée par l’État, la Chambre de commerce, la Ville et la Marine.  Il s’appuie sur les rochers de l’Isle aux Souris et des Trois Sœurs. Il mesure 113 m de long, 40 m de large et une profondeur de 9 m dans les plus basses mers d'équinoxe. La ville se charge de la réalisation du nouveau boulevard (l’actuel boulevard de la République) qui lie le quai de Rohan et la pointe de Kergroise,  en usage en 1920. Camions et trains circulent sur cet axe. La construction freinée par la guerre reprend en 1918. Il est accessible aux navires à partir de 1920.

 Dès 1923, l’entreprise d’import-export Marcesche et Cie, fondée par Emile Marcesche, s’implante au plus près de l’appontement. En 1926, l’usine importe à Kergroise 13 600 tonnes de charbon débarquées au moyen de deux grues.

L’extension du quai en direction du port de pêche est projetée au début des années 1930. C’est l’organisation Todt qui s’en charge entre 1941 et 1943, 141 mètres d’un appontement léger dit « le quai Allemand ».

 

Premier port de commerce breton après la Seconde Guerre mondiale

Le plan de Reconstruction de Georges Tourry industrialise l’anse de Kergroise le long de nouvelles avenues qui rejoignent l’avenue de la Perrière. Les grandes manœuvres de comblement débutent probablement dès l’année 1945 lors des premiers déblaiements de la ville. Les produits de dragages du Scorff et les déchets de kaolin s’ajoutent aux décombres de la ville détruite en 1943. En mars 1950, le quart de la vasière est comblé.

La relance de l’économie maritime est une priorité dans l’après guerre. Le premier bateau accoste en pleine charge en 1946. En 1947, 497 000 tonnes sont débarquées, dont 400 000 tonnes de  charbon et des produits américains nécessaires à la reconstruction.

L’ouverture à l’acquisition des terrains sur la nouvelle zone portuaire est possible en 1951. Les premières entreprises à s’installer le long du boulevard Jacques Cartier sont les transitaires qui importent du vin d’Algérie. Ils essuieront « quelques plâtres » en construisant sur un sol nouvellement comblé et instable. La roche est à 30 mètres de profondeur ! 

Charbon, billes de bois, vins, sels, hydrocarbures, sables et graviers débarquent sur ces quais de 376 m.

En 1970, les quais s’étendent sur 568 mètres en direction de l’ancienne estacade.

Les chais ne tarderont pas à disparaître au profit d’entreprises agroalimentaires comme Le Bras. Les matières premières pour l’alimentation animale transitent à Lorient à partir de 1961. Vingt ans plus tard, l’agroalimentaire domine à Kergroise. Le silo, constitué de 15 cellules de 700 tonnes intercalées de 8 cellules de 200 tonnes, est bâti à la fin des années 1970. Il est doté de deux postes de chargement de camions et d'un poste pour wagon. La station de transit rail route (STRR) est installée en 1985 pour améliorer les cadences de déchargement du vrac agroalimentaire. La STRR fonctionne lors du déchargement du bateau conjointement aux grues. Y transite le vrac en direction des silos et des magasins privés au moyen de bandes transporteuses ou en direct vers les camions et wagons. Les magasins jouxtent le port le long du boulevard. Au nombre de six en 2010, ils sont dotés de 40 cellules pouvant stocker jusqu'à 160 000 tonnes de matière première (soja, maïs, sorgho...).

Depuis 2007, l’équipement portuaire est propriété de la Région Bretagne. La Chambre de Commerce et d’Industrie du Morbihan, associée aux acteurs locaux au sein de la SAS Port de Commerce de Lorient, en est gestionnaire.

  • Période(s)
    • Principale : 1er quart 20e siècle , (détruit)
    • Principale : 3e quart 20e siècle

Il s’agit d’un port en eau profonde situé entre le quai Éric Tabarly au nord, et l’avenue de la Perrière au sud. L’ouest du port est bordé par les eaux profondes de la rade de Lorient (entre 7 et 10 mètres environ).

Les infrastructures :

Le port de commerce est doté d’un appontement pétrolier de 195 mètres, équipé d’un bras de 12 pouces. Il est également équipé contre le risque incendie notamment en cas de fuite d’hydrocarbure. Des cuves d’hydrocarbure permettent de stocker les produits pétroliers déjà raffinés.

Le terminal dédié à l’agroalimentaire se compose de deux postes pouvant accueillir deux navires de 230 mètres. Il est pourvu d’un portique de déchargement, d’une grue de type kangourou équipée d’une trémie dépoussiérée, une deuxième grue associée à la précédente ainsi qu’un silo de stockage de 10 000 tonnes et une station de Transit Rail Route (STRR) de 3 000 tonnes.

Un terminal mélassier est aussi implanté sur le port de commerce avec une capacité de 21 000 tonnes.

Un terminal roulier enfin, équipé d’une passerelle RO-RO (roll on – roll off), s’étend sur 4 hectares sous douane. Il est composé d’une zone d’accès restreint (ZAR), de 150 mètres de quais et contenant une remorque de type kamag ainsi que deux grues.

Le terminal annexe pour les navires sabliers a été aménagé au niveau du quai de Rohu, en amont du Blavet, sur la commune de Lanester. Toutes ces infrastructures portuaires représentent un héritage maritime très fort, emblématique du paysage lorientais et marqueur de l’identité portuaire de Lorient.

La zone industrialo-portuaire :

Le tissu bâti en arrière des quais est assez dilué et paraît désorganisé, les infrastructures sont ouvertes sur l’espace public. Le tissu est composé de parcelles plus ou moins grandes, occupées de manière inégale soit par des infrastructures de stockage, des cuves de carburant ou encore des hangars de différentes tailles, construits en tôle et parpaing principalement. L’ambiance paysagère est ainsi très industrielle, pouvant induire une impression de délaissement associé aux friches et à l’absence de traitement qualitatif des espaces publics et voies de communications.

  • Murs
    • béton
  • Statut de la propriété
    propriété de la région

Bibliographie

  • ADRASSE Constance, DREAN Béranger, GRANDIERE Cloé, RIGOUX Juline, SELLIER Sarah Dossier Port de commerce de Kergroise, Master AUTELI, UBS Lorient, année 2021/2022

  • Le Hénanff Soazig et Courtet Eric, Lorient d'hier à aujourd'hui, Saint-Avertin, Éditions Sutton, Regards Croisés, 2013

  • Nières Claude (dir.), Histoire de Lorient, Toulouse, Privat, 1988

  • Les rencontres de l’AIVP « savoir gérer le patrimoine ville-port » Identité, stratégies urbaines, enjeux économiques, 12-13 juin 2003, Association internationale Villes et Ports.

  • BOISSON Pascal, Emile Marcesche (1868-1939), Capitaine d’industrie à Lorient, Histoire Mémoire n°4, éditions ville de Lorient, septembre 2012

  • Notice urbaine – Lorient secteur portuaire, « Keroman, la Perrière, des pointes urbaines ouvertes sur la rade », Lorient agglomération pôle AET/DUO, octobre 2017

Documents figurés

  • Plan du port de commerce et d'une partie de la ville de Lorient, département cartes et plan, 1882, GE SH 19 PF 50 DIV 2 P 16 D, [en ligne], URL : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb45275611g

    Bibliothèque nationale de France : GE SH 19 PF 50 DIV 2 P 16 D
  • Plan historique de Lorient édité par le "Nouvelliste du Morbihan", département cartes et plans, cote GE D-8307, 1926, [en ligne], url : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb40696522h

    Bibliothèque nationale de France : GE D-8307
Date(s) d'enquête : 2021; Date(s) de rédaction : 2022
(c) Région Bretagne
(c) Lorient Agglomération
Thibert Laura
Thibert Laura

Chargée d'étude mission patrimoine gestion des espaces maritimes

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