Les chantiers navals de Dahouët
L'activité maritime de Dahouët, même si elle a connu des hauts et des bas, impliquait la présence de charpentiers de marine, qui pouvaient animer de façon permanente un chantier naval ou fonctionner de façon itinérante.
Sous l´Ancien Régime, les registres paroissiaux indiquent les nombreux maîtres-charpentiers, charpentiers du Roi, qui travaillent dans les arsenaux et réparent les navires victimes des batailles navales contre les Anglais ou les Hollandais. Il ont comme privilège d´être dispensés du service des garde-côtes.
Au 17ème siècle :
En 1606, la duchesse de Mercoeur fait faire sommation par le capitaine de la ville et du château de Lamballe le sieur Louis Péchin, à Charles Dayot, charpentier, d´ôter et délivrer promptement de dessus les paluds appartenant à la dite dame et sis joignant son havre de Dahouët, certain commencement de navires (sic) qu´il a en atelier dans les dits paluds, à ce que la dame puisse démolir et sans empêchement et dommage, y bâtir et construire aux dits paluds, les chaussées et aires de marais à faire et recueillir sel, qu´elle y a destiné et à quoi elle a commencé à faire besogner et travailler (AD 22 1 E 317).
Dans l´anse de la Fosse, on a trouvé des troncs d´arbre et des pièces de bois à tremper dans l´eau de mer et la vase, pour leur longue conservation.
Cette pratique coutumière aux chantiers navals témoigne de la présence régulière de charpentiers au port de Dahouët.
Au 18ème siècle :
Dés le milieu du 18ème siècle, la famille Pansart du village du Val-André, tenait un atelier de construction de navires, au havre de Dahouët, où elle construisait des barques pour les maîtres de barques du port et les négociants. Les fils de Pierre Pansart se trouvent associés comme maîtres charpentiers dans les actes de l´Amirauté de Saint-Brieuc, évoquant la construction de navires à Dahouët.
Ce fameux Pierre Pansart demeurant au n° 71 rue de Clémenceau, associé à son frère Jacques aurait put construire la « Sainte-Hélène », barque de Dahouët de 40 tonneaux, 33 pieds de quille, vers 1749, pour le compte de Jean Rozé, maître de barque, armée pour le cabotage de province à province (AD 22, B 3741, Amirauté de Saint-Brieuc). La lignée des Pansart se continua avec Toussaint Pansart et quelques autres charpentiers de cette famille, qui construisirent de nombreuses barques à Dahouët :
- la « Marie-Joseph » de 40 tonneaux armée au cabotage pour Louis Guillaume Duval
- le « Pierre », barque de Dahouët de 20 tonneaux à Toussaint Carla
- l´Espérance », barque de Dahouët de 55 tonneaux, construite en 1750 par Pansart, armée au cabotage pour le compte de Jaques Barbedienne, qui en cèda une partie des parts en 1780 pour de nombreux quirataires, dont 1/6éme pour les Pansart
- le « Charles-Daunys », qui rentra de Terre-Neuve en mars 1751
le « Saint-Guillaume », barque brick de 45 tonneaux, armé à Dahouët dés 1787, rachetée en 1788 par Mathurin Hourdin, agissant pour François Hourdin, maîre-charpentier, son père, montre encore que les charpentiers de marine pouvaient être aussi armateurs et marin eux-mêmes.
Au 19e et 20ème siècle :
Au 19ème siècle et au 20ème siècle, la tradition ne faillit pas : les armateurs négociants conservaient leurs bois de charpente dans la vase du port, dans des enclos concédés sur le domaine public maritime.
Le port a vu naître et s´installer des charpentiers célèbre de François Mathurin Gautier au 19ème siècle, qui s´installera à Saint-Malo, constructeur de goélettes et trois-mâts fins et robustes, dont les plans sont conservés dans la famille dahouétine. Les navires construits à Dahouët pour Terre-Neuve et Islande au 19ème siècle pour l´armement Le Péchon :
- la « Philoména » (95 tonneaux) en 1844,
- la « Marie-Suzanne » (95 tonneaux),
- le « Saint-Guillaume » (65 tonneaux).
Pierre Tocqué au milieu du 20ème siècle fut le dernier véritable charpentier de marine de Dahouët, qui sut profiter de l´essor de la plaisance. Robert Bouguet prit la relève quelque temps après le décès accidentel de Pierre Tocqué.
La dynastie des charpentiers semble aujourd´hui éteinte à Dahouët ; mais certains chantiers de plaisance savent encore entretenir les derniers bateaux en bois avec soin et respect de la tradition.