Ce modèle de navette à encens, à panse unie, et dessus plat, hérité du XVIIe siècle, perdure jusqu'au milieu du XVIIIe. Il est ici enrichi par le décor ciselé sur chacun des deux couvercles, de cartouches de fantaisie empruntés aux compositions héraldiques, dans lequel se reconnaît au sommet le motif d'un heaume vu de face. Cette transposition libre, exécutée dans un style naïf y adjoint deux fleurs divergentes. Dans l'ovale central habituellement réservé à la gravure des armories se trouvent sur l'un des couvercles la date de 1725, et sur l'autre, une série de trois poinçons. L'un d'eux, insculpé en entier, permet d'identifier l'auteur de l'objet, l'orfèvre Lamballais Pierre Hillion qui signe là une oeuvre de jeunesse. Les deux autres poinçons ne sont autres que la partie supérieure du même poinçon d'orfèvre ne laissant apparaître que la couronne et les deux points. Cette pratique est à rapprocher de celle observée sur l'encensoir et la navette d'Hénansal, exécutés par le même orfèvre en 1740 ; elle trouve sans doute son explication dans l'absence de communauté d'orfèvre à Lamballe. Les poinçons partiellement insculpés sont dans ce cas employés par l'orfèvre, en tant qu´orfèvre abonné à la marque de Dinan comme substitut de ceux de jurande ou de la marque qui n'existent pas à cette date dans la ville où il exerce. L'apposition des poinçons sur la face externe visible de l'objet rappelle aussi la pratique des orfèvres de Saint-Malo. Le nom de T (é) bauld, maladroitement gravé sur la panse, de façon phonétique, est peut-être celui du recteur, celui de Haumont, pouvant être le premier des fabriciens de la paroisse, tous deux commanditaires de l'objet.