Elément biographique de la vie professionnelle et artistique de Louis-Marie Faudacq

Au mois de mai 1868, un douanier peu ordinaire va prendre son poste à Lézardrieux, entre Trégor et Goëlo : son nom Louis-Marie Faudacq, jeune receveur des Douanes de 28 ans, dont la famille est originaire de Ploubazlanec et de Bréhat. Il conservera cette affectation jusqu´en janvier 1883, date à laquelle il est nommé au quartier de Tréguier, où il terminera sa carrière en 1900.

Equipé de souliers à guêtres, vêtu d´une grande veste de velours, portant feutre et canne ferrée, mais surtout transportant dans un sac en cuir un lot de crayons, de pastels, de fusains et de nombreux carnets à dessin en toile, le personnage a fière et étrange allure (témoignage de Emilienne Alainmat, conforté par les écrits de Madeleine Dayot). Il arpente les quais et les grèves, chemine le long des charrois, dans les chemins creux, surveille la manoeuvre d'un caboteur et s'attarde longuement à dessiner un attelage ou à peindre à l'huile une scène champêtre, dans la campagne environnante. En effet, notre homme n´est pas seulement un fonctionnaire habile et courtois, c'est surtout un fin observateur de la vie foisonnante du littoral, des usages maritimes à l´apogée de la voile de travail et d'une pluri-activité littorale, qui caractérise la rencontre des gens de terre et des gens de mer.

Faudacq dessine une scène d'embarquement d'un équipage féminin au port de Loguivy, qui confirme cette tradition proprement loguivienne des femmes pêcheurs, embarquées sur leur propre canot. Il représente les langoutiers en pêche dans les parages de l'Île de Sein et décrit les lougres de Loguivy. Les contructions littorales ne sont pas oubliées : moulins, chaumières, fermes-manoirs, puits et fontaines, lavoirs.

Ses premiers croquis, pris sur le vif, au crayon, avec quelques annotations de couleurs, révèlent déjà une technique éprouvée, le souci du détail de la forme marine. Le trait va à l´essentiel : un bateau ou un attelage, un site, des usages, des gestes, des postures, des attitudes communes, un langage manuel : scène de halage, manoeuvres sous voiles, appareillage, prise de coffre, échouage sur l´estran, femmes au travail dans les champs de lin, scènes de marché.

Malgré quelques expositions aux salons parisiens des années 1880, l´admiration de Paul Signac un demi siècle plus tard et l´achat de quelques unes de ses oeuvres par la famille Cachin, l´oeuvre marine de Louis-Marie Faudacq devra attendre l'année 1992 pour que quelques dessins soient présentés au château de la Roche-Jagu (exposition 'la mer et les jours', 1992). Elle sera quelques années plus tard reconnue à sa juste valeur, à la fois artistique et ethnographique : publication d´un premier ouvrage en 2003 : 'Faudacq, oeuvres marines', aux éditions Apogée, puis une première grande exposition en 2004 à Tréguier et une seconde exposition au Musée d'Art et d'Histoire de Saint-Brieuc en 2007.

L'étude de loeuvre foisonnante de Louis-Marie Faudacq est encore à poursuivre. Au moment où la Bretagne et les Côtes d'amor en particulier, redécouvrent ses peintres, l'oeuvre de Faudacq devient un atout, un témoignage et un symbole pour comprendre les liens qui unissent les Costarmoricains à la mer.