Le lycée Jacques Cartier est un des cinq lycées bretons dont l'architecte en chef des Bâtiments civils et Palais nationaux, Louis Arretche, a donné les plans. Ce dernier est à l'origine de programmes de décoration, au titre du 1% artistique, souvent très riches. Dans ce lycée, il a choisi l'artiste Antoniucci Volti pour la réalisation de plusieurs œuvres et le ferronnier d'art Raymond Subes, pour le portail de l'entrée principale.

Historique :

Programme de décoration approuvé par le Conseil génaral des bâtiments de France (section spéciale des bâtiments d'enseignement) le 18 septembre 1956.

Description :

La section spéciale des bâtiments d'enseignement du Conseil général des Bâtiments de France, en sa séance du 18 septembre 1956, approuve la nature et l'emplacement des motifs décoratifs proposés pour le lycée de grand air de Saint-Servan.

Le 5 janvier de la même année, elle avait ajourné l'examen du premier projet, estimant que "les différents éléments décoratifs proposés ne sembl[ai]ent pas s'intégrer dans la composition architecturale de l’établissement. L'architecte était invité à prévoir de préférence des motifs décoratifs de plein air, dans le parc."

Cet avis est un témoignage de l'intérêt porté par le Conseil général des Bâtiments de France non seulement aux œuvres elles-mêmes, mais à leur rapport à l'architecture.

Le projet approuvé est décrit comme suit :

"Il ressort de l'examen du nouveau dossier présenté qu'il est prévu :

1° - Bâtiment B2 : façade sud :

Haut-relief : 2 personnages en béton moulé ou piqué.

2° - Parc :

Figure en ronde bosse en pierre d'Euville (plus grande que nature, 2,4 m développée).

3° - Bâtiment B1 : salle de jeu tranquilles

4 bas- reliefs : en céramique polychrome - (7 m2 environ)

4° - Bâtiment B3 : salle de jeu tranquilles

3 bas- reliefs : en céramique polychrome - (6 m2 environ)

5° - Bâtiment H : Réfectoire -

Frise : en plâtre, gravée et modelée sur le plan de surface polychrome laquée (cette matière est lavable) - surface 36 m2 environ.

Ferronnerie -

Grille d'entrée du Lycée de Grand Air."

Le tableau national du 1% attribue cette dernière à Raymond Subes.

Dans un mémoire de maîtrise d'histoire de l'art, soutenu à l'université Rennes 2, en juin 1994, Elisabeth Joyault a étudié La décoration au titre du 1% en Bretagne. Les résultats de son étude proviennent de la consultation d'archives de l'inspection d'académie et de questionnaires envoyés aux établissements scolaires en 1993. Elle attribue l'ensemble des œuvres à Volti et donne quelques titres. La frise du réfectoire s'intitule "La chasse et la pèche", le haut-relief du bâtiment B2, sur la façade sud : "Les Arts", certains des bas-reliefs en céramique polychrome : "Les Jeux", "Le Cirque"... Le mémoire ne mentionne pas la statue ni la grille d'entrée.

Les œuvres ont fait l'objet de plusieurs tranches, pour des montants respectifs de 72 700 francs, 17 500 francs, 27 290 francs.

Lors de l'enquête de terrain, en 2018, le portail, la statue, un haut-relief, huit bas-reliefs en céramique polychrome et la frise du réfectoire ont été photographiés. La signature de l'artiste Antoniucci Volti apparaît sur la sculpture et certains des bas-reliefs. Cinq de ces derniers ont été retrouvés dans un grenier de la "malouinière", où ils ont été déposés suite à la transformation, en salle de musculation, du foyer salle de jeu, situé à l'extrémité est du bâtiment B3.

La décoration du lycée a par la suite été enrichie d'un bas-relief en bois d'érable offert à la ville de Saint-Malo par les artisans-sculpteurs de Saint-Jean-Port-Joli en Gaspésie à l'occasion des fêtes de 1984 commémorant le 450e anniversaire du premier voyage de Jacques Cartier. Intitulé "la Croix de Gaspé" et représentant l'épisode historique de l'édification de ladite croix par le navigateur, il est signé de Gil Bourgault-Legros. Il fait partie d'une série de trois bas-reliefs, les deux autres étant exposés dans la tour des Moulins de l'hôtel de ville de Saint-Malo et au manoir de Limoëlou en Rothéneuf. Gil, ou Jean-Gil Bourgault-Legros est membre d'une dynasatie de sculpteurs de de Saint-Jean-Port-Joli. Son père, Jean-Julien, y a notamment fondé et dirigé une école de sculpture.