De nos jours, malheureusement, cet univers gothique qu´illuminait, selon Sigismond Ropartz, la plus belle collection de verrières anciennes de Bretagne, largement renouvelé au XIXe siècle, se trouve considérablement entamé depuis l´explosion, en 1944, d´un dépôt de munitions proche. Ainsi, des vingt vitraux que contient l´édifice, à peine la moitié témoignent, à des degrés d´homogénéité très divers, de l´art du vitrail du XVe aux premières années du XVIIe (n° 5, 7, 1, 9, 11, 17, 19, 12) ; deux verrières seulement illustrent le XIXe (n° 4 et 14), une troisième l´entre-deux guerres (n° 16) ; les neuf autres sont l´œuvre de l´atelier parisien de Paul et de Jacques Bony chargé, de 1959 à 1970, tâche au combien difficile, de panser les plaies de l´édifice après la guerre. Regroupements et bouche-trous n´ont pu être évités. C´est dire l´intérêt des témoignages antérieurs au drame, notamment des travaux de Ropartz et du marquis de Bellevue, qui laissent d´ailleurs apparaître les changements intervenus entre 1864 et 1915, dates de ces publications. Sans elles, nombre de pièces remontées à une place différente de leur place d´origine, resteraient inintelligibles. Grâce à elles, on peut aussi retrouver la trace de dévotions anciennes, comme en témoignait l´image de saint François d´Assise adorant la croix, encore visible en 1864 et remplacée peu après par une vie de saint Joseph elle-même disparue. Mais plus généralement, c´est l´ensemble du programme du XIXe siècle que Bellevue nous aide à reconstituer, programme de restauration et de création dû pour une large part à l´atelier parisien Lusson entre 1860 et 1872, et dont l´un des donateurs notoires n´est autre que Monseigneur Guillou, originaire de Ploërmel et archevêque de Port-au-Prince de 1871 à 1885. Ainsi connaît-on la vitrerie de la chapelle de Malleville, en l´honneur des saints Gaétan, Élisabeth et Paul, et de ses donateurs, celle du chœur dont la maîtresse-vitre figurait l´Assomption et le Couronnement de la Vierge, tandis qu´à l´opposé, l´actuelle verrière n° 19 illustrait l´Institution des Frères de l´Instruction chrétienne et les armes de Lamennais, leur fondateur ; enfin, à l´ouest, la verrière n° 4 figurait une vie de saint Jean-Baptiste donnée en 1868 par l´abbé Lagrée, curé de Ploërmel.

Extrait d'une communication au Congrès archéologique du Morbihan, en 1986, par Denise Moirez-Dufief (p. 150).

Outre les œuvres étudiées dans ces notices, la liste des objets protégés au titre des Monuments historiques mentionne :

* une cloche portant l'inscription : L'an mil VcLIII je fus faicte par Me Jullian Bourdays tressorier.

Dimensions : h = 96 cm ; d = 100 cm. Classée au titre objet le 05/11/1943 (PM56000794).

* un bénitier : cuve octogonale à pans incurvés, se terminant en pointe.

Dimensions : h = 26,5 cm ; d= 55 cm. Classé au titre immeuble en 1840 (PM56000786).