Située au-dessus de la porte sud, la verrière se réduit à un tympan sensiblement plus large que haut, divisé en quatre courtes lancettes que surmontent trois lobes ovoïdes et quatre écoinçons. Choix surprenant s'il en est, qu'un tel cadre architectural pour un Arbre de Jessé ! C'est bien la seule verrière de Bretagne dont le parti soit si contraire à la symbolique du thème, qu'à première vue, on croit au remontage de débris provenant d'une composition plus vaste et plus orthodoxe. Il semble bien, pourtant, que l’œuvre soit complète et en place : outre Jessé, on y dénombre douze Rois, l'un et les autres assis, tandis que le patriarche Abraham, debout, en bas à gauche, introduit la lignée. Les contraintes du cadre aboutissent à une composition asymétrique : Jessé se trouve repoussé à droite de l'axe vertical qui s'épanouit, entre corolle et dais, avec l'image alors traditionnelle, de la Vierge-mère. Cette disposition, qui entraîne un certain illogisme du message, le peintre-verrier a l'habileté de n'en pas souligner la rupture : Jessé, seulement distinct par son trône, se fond parmi les rois groupés deux à deux, en couples animés, dialoguant dans des postures variées, vêtus de costumes aux couleurs éclatantes. L'expressivité de l’œuvre tient encore à la diversité des procédés techniques utilisés - gravure, sertissage à plomb vif, large emploi du jaune d'argent, notamment dans les damas -, et à une grande maîtrise du modelé généreusement rehaussé de sanguine pour les visages.

Ce contexte, en harmonie d'ailleurs avec l'environnement architectural, fait que les bannières répétées, aux armes des Malestroit, évoquent probablement une donation par Jean de Laval (1487-1543), baron de Châteaubriant et de Malestroit et gouverneur de Bretagne.

(D. Moirez-Dufief)