À partir de 1260, le Dominicain Jacques de Voragine raconte, dans la Légende dorée, la vie de saints, de saintes ou de martyrs chrétiens, dans le souci de montrer, à travers l’exemple qu’ils en donnent, le combat de Dieu contre le Mal. Ses descriptions, souvent reprises de thèmes anciens et orientaux, imprègnent largement l’iconographie de la peinture ou de la sculpture, comme c’est le cas, ici, pour saint Georges.
Généralement représenté en armure, sur un cheval blanc, le chevalier terrasse de sa lance un dragon qui menace une princesse.
Le groupe sculpté de Malestroit, en bois, semble inspiré par des tableaux italiens du 16e siècle, connus par les gravures qui circulaient alors en Bretagne ; plusieurs détails en sont repris, assez naïvement : le casque bombé, la cuirasse, les étriers ; c’est aux tableaux de Raphaël qu’il paraît emprunter le mouvement donné à sa cape qui vole, dans le feu de l’action. Par contraste, la représentation simplifiée et figée du dragon traduit intentionnellement l’archaïsme et la lourdeur du Mal ou de l’hérésie.
L’œuvre, du 17e siècle, est desservie par une polychromie assez grossière ; la couleur brune du cheval et le tapis de selle argenté sont peut-être le résultat d’une retouche de peinture. On ne sait pas si le troisième personnage de l’histoire - la princesse - a jamais existé.
Avec les progrès de l’artillerie, la figure de saint Georges, à la fois chrétien et militaire, sera peu à peu remplacée par celle de l’archange saint Michel, un fantassin qui va s’imposer dans l’iconographie de la Réforme catholique.
(M. -D. Menant)