Cette œuvre est probablement le fait d'un artisan qui, aux alentours de 1500, se montre habile à animer la classique composition triangulaire du sujet. N'étaient le matériau et la manière de le "modeler", qui traduisent un faire local, on pourrait dire que le réalisme dont fait preuve le sculpteur en respectant des proportions voisines pour les protagonistes adultes de la scène, le rapproche de la production rhénane et de l'est de la France plus qu'il ne le fait de la production régionale où foisonnent les Vierge de Pitié, plus ou moins naïves, prostrées sur un corps si petit que l'image en reste visiblement contaminée par celle de la Vierge à l'Enfant.
(D. Moirez-Dufief)
Le thème de la Vierge de pitié a été largement traité en Bretagne. Ici, le groupe est sculpté dans le bois et largement évidé ; il a été peint polychrome et doré à la feuille.
Les proportions respectives des deux personnages, si elles sont mieux respectées que d’habitude par les sculpteurs locaux qui traitent le corps adulte du Christ comme celui d’un enfant, sont loin de refléter la réalité. Quant à la position du fils, elle est physiquement intenable : son corps mort, même s’il repose à demi sur les genoux de sa mère, n’est soutenu que par la main droite de cette dernière glissée sous la tête, la main gauche tenant légèrement le poignet gauche.
Au-delà de ces invraisemblances, la mise en valeur de la Vierge est très habile. Certes, le corps du Christ est naturellement mis en avant, mais c’est vers elle que converge le regard du spectateur : le sculpteur a su traduire la souffrance muette de la mère à travers la simplicité de son attitude, la tête légèrement penchée en avant, ses yeux baissés sur la main mutilée de son fils ; la sobriété de son costume accentue elle-aussi ce sentiment de solitude : guimpe plissée et robe unie contrastent avec le grand voile à plis cassés, qui l’enveloppe entièrement.
Ce groupe sculpté a été réalisé à la limite des 15e et 16e siècles et provient de la chapelle aujourd'hui détruite des Augustins de Malestroit.
(M. -D. Menant)
Photographe à l'Inventaire