Il est difficile de voir saint Guérin dans cette statue, comme l’indique le titre peint sur la base : le bienheureux Guérin (1065-1150) était un moine cistercien, qui fut évêque de Sion… En revanche, cette figure se rapproche énormément de celle d’un autre saint guerrier conservée, là encore dans l’église de Saint-Abraham, sur le retable du Rosaire. Tous deux portent un surcot court sur leur cotte de maille et un chapel de fer, qui protège leur tête. Nous sommes peut-être en présence de saint Adrien. À Sérent, le bouclier est posé par terre, le long de la jambe, retenu de la main.
Une observation attentive des trois statues contenues dans la chapelle - la Vierge à l'Enfant, sainte Anne et saint Adrien - suggère l’existence possible d’un même atelier. Une grande sérénité émane des visages, surtout ceux des deux femmes dont les traits - nez, bouche… - sont très proches. Le sculpteur porte une attention particulière aux conventions : sainte Anne, voilée, tient un livre ouvert ; Marie, couronnée, a les cheveux sur les épaules… Il s’attache aussi aux détails des costumes : couronne perlée de la Vierge ; articulations des coudes ou des genouillères de l’armure, bouclier en cartouche du saint guerrier… La fluidité des plis des vêtements est un autre trait commun de ces trois personnages, conçus au 16e siècle.
(M. -D. Menant)
Photographe à l'Inventaire