Extrait de : Vallée du Blavet. Le canton de Baud. Bretagne. Images du Patrimoine. Rennes, 2003.
Melrand, chapelle Saint-Fiacre, jubé
Ce jubé en bois polychrome fait partie des douze jubés complets subsistants en Bretagne sur la centaine d'origine. Sa conservation est d'autant plus étonnante qu'il empêche la vision du grand retable mis en place au XVIIe siècle contre la maîtresse-vitre. Elevé à l'extrémité de la nef, à la fin du XVe siècle, il isole le choeur des religieux de la nef réservée aux fidèles. L'espace liturgique, suivant la conception médiévale, est ainsi cloisonné : l'autel, lieu du mystère sacré, ne doit pas être visible. Les lectures, les prédications et les chants faits depuis la tribune du jubé permettaient de rétablir le lien entre le clergé et les laïcs. On y accède par un escalier en pierre logé dans le creux d'un pilier, contre le mur nord, côté choeur. S'ils n'ont pas abouti à la destruction du jubé, les nouveaux aménagements du XVIIe siècle ont modifié la clôture en remplaçant une colonnette sur deux par une sorte de culot afin d'offrir une meilleure vision du retable.
Le soubassement en granite est précédé, du côté de la nef, de deux autels secondaires où se célébraient des messes à l'intention des fidèles, le maître-autel leur étant interdit. C'est également face à la nef que la tribune est ornée de douze panneaux peints en grisailles figurant les apôtres. Les peintures sur les deux caissons du milieu de la voûte représentent la messe de saint Grégoire, visiblement redessinée au XVIIe siècle, tout comme la galerie des apôtres, au moment de la restauration du jubé. A la différence d'autres jubés contemporains, où la sculpture ornementale est surabondante, celui de saint-Fiacre paraît assez dépouillé. Seuls le pignon et les quatre panneaux côté choeur sont ajourés de motifs gothiques flamboyants. Le thème des apôtres est, en revanche, nouveau pour l'époque, et sera constamment repris par la suite dans un esprit didactique.
Dominant l'ensemble, le Christ en croix marque l'entrée du choeur, et tourné vers les fidèles, il symbolise le sacrifice que le prêtre renouvelle à l'autel.
Chargée d'études Inventaire