Située à l’extrémité ouest de la commune de Plogoff, au cœur de l’important village de Lescoff, cette ancienne ferme aux nombreuses dépendances est établie dans une zone où la densité de l’habitat est élevée. Du fait de son implantation entre la départementale menant à la pointe du Raz et l’ancienne rue principale du village aujourd’hui baptisée « rue des hirondelles », deux accès sont possibles pour atteindre les bâtiments : l’entrée principale se trouve au sud, côté rue des hirondelles, et une entrée secondaire a été aménagée au nord, près du four à pain. On observe d’ailleurs un porche d’entrée très soigné aménagé sur la façade postérieure du logis. Celui-ci, maçonné en pierres de taille, présente une croix en granite sur son pignon.
L’alignement principal de la ferme est composé d’un logis et d’une écurie, tous deux à étage et à façade antérieure crépie, prolongé à l’est par un portail en moellons qui sépare la cour au sud du jardin au nord. Le logis, antérieur à l’écurie, présente une élévation régulière en quinconce. Les effets décoratifs sont portés sur le bandeau médian, la corniche du toit en doucine soulignée par un deuxième bandeau et les souches de cheminées moulurées.
L’écurie, quant à elle, n’a pas de bandeau et la souche de sa cheminée est simplement chanfreinée.
Le puits se trouve dans une petite dépendance en appentis accolée au mur nord du logis accessible uniquement de l’intérieur. De cet endroit, on peut alimenter trois auges situées à trois endroits différents de la ferme.
Un premier canal, dont l’amorce est aménagée dans le mur est de la dépendance, alimente une auge destinée aux chevaux située contre le mur nord du logis. Un deuxième canal débute par une pierre creuse intégrée au mur nord de la dépendance, puis suit un chemin aménagé contre le pignon ouest et une partie de la façade sud du logis. L’eau est alors guidée soit vers un évier intérieur intégré au pignon ouest, soit vers une auge destinée aux vaches située contre la façade sud.
Pour alimenter cette dernière qui servait également de lavoir, il faut d’abord obstruer le conduit menant à l’évier intérieur pour que l’eau puisse continuer son chemin. Dix seaux étaient nécessaires pour la remplir.
Deux dépendances se trouvent à l’ouest de l’alignement principal : un ancien logis devenu étable et des crèches à cochons avec poulailler accolé. Toutes deux sont en moellons de granite et ont été remaniées à l’intérieur pour accueillir des vacanciers durant l’été. Cependant, les façades et certains éléments architecturaux ont été conservés. Ainsi l’ancien logis devenu étable, appelé « ti coz » (la vieille maison) par ses propriétaires a conservé sa cheminée et certaines de ses niches murales et les crèches à cochons ont leurs mangeoires mises en valeur aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur.
Composée de deux cellules qui ont chacune abrité deux cochons, cette dépendance présente une élévation atypique : une porte centrale et deux fenêtres plus larges que hautes aménagées au-dessus des mangeoires. Il est très probable, au vu des caractères architecturaux du bâtiment, qu’il s’agisse d’une ancienne étable remaniée en crèches à cochons. Le grenier de la dépendance était accessible par un escalier extérieur en pierres aujourd’hui disparu aménagé contre le pignon nord. D’après les témoignages recueillis sur place, ce grenier servait exclusivement au stockage de la fougère dont le feu, « doux et régulier », était très apprécié pour la cuisson des crêpes.
Un ancien poulailler se trouve en appentis contre le pignon sud du bâtiment, reconnaissable par sa petite ouverture à appui saillant et larmier située à droite de la porte.
Les autres dépendances, une grange et un four à pain, se trouvent au nord de l’alignement principal. La grange est ruinée mais a conservé ses murs. Le pignon est dans lequel est ouverte une porte charretière en arc surbaissé présente une niche à saint soigneusement sculptée.
Le four à pain se trouve le long de la départementale, tout au nord de la parcelle, intégré au muret qui clos la propriété. Il est du type que l’on retrouve à Pendreff ou à Keriolet en Cléden-Cap-Sizun avec une maçonnerie en moellons irréguliers et toit en terre. Ici, la porte en anse de panier réemployée se trouve sur le pignon ouest. Contrairement aux « ti forn » dépendants d’une ferme en particulier, ces fours étaient communs à toutes les familles du village.
Chargée d'études à l'Inventaire