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  • étude d'inventaire, Lannion-Trégor Communauté
Présentation de la commune de Pleumeur-Gautier
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  • (c) Lannion-Trégor Communauté

Dossier non géolocalisé

  • Aires d'études
    Lézardrieux
  • Adresse
    • Commune : Pleumeur-Gautier

L’Opération d’Inventaire de la commune de Pleumeur-Gautier

L’Inventaire du patrimoine de la commune de Pleumeur-Gautier s’inscrit dans la continuité de nombreuses opérations d’Inventaire menées sur le territoire de Lannion-Trégor Communauté. Sur les 57 communes composant LTC, 21 communes littorales ont fait l’objet d’un Inventaire préliminaire entre 2003 et 2009 par le Conseil Général des Côtes-d’Armor et 35 ont été étudiées entre 2009 à 2019 par la Région Bretagne. Depuis 2019, LTC prend en charge les enquêtes sur les quatre communes ne disposant pas d’une enquête récente et complète de leur bâti, à savoir Lannion, et trois communes de la Presqu’Ile de Lézardrieux : Pleudaniel, Trédarzec et Pleumeur-Gautier.

À Pleumeur-Gautier, un pré-inventaire a eu lieu en 1977, conduisant à la réalisation de 20 dossiers d’études monographiques concernant des édifices et édicules (46 concernant le mobilier). L’inventaire thématique sur le patrimoine linier et chanvrier, réalisé en 2014 par l’association Lin et Chanvre en Bretagne, a permis de documenter trois de sites de rouissage de la commune. Par ailleurs, Pleumeur-Gautier compte deux protections au titre des Monuments Historiques : la croix blanche, inscrite en 1927 et la croix du Salut en 1933, toutes deux datées du 18e siècle.

Pour compléter les inventaires précédents de la façon la plus exhaustive possible, un nouveau recensement topographique du patrimoine de Pleumeur-Gautier, mené par Lannion-Trégor Communauté avec le soutien de la Région Bretagne, s’est déroulé de mars à juillet 2021. Ce recensement s’est effectué en arpentant la commune avec le cadastre actuel. Chaque construction antérieure aux années 1950 a fait l’objet d’une fiche de recensement illustrée de photographies. Nous avons repéré 486 éléments bâtis d’intérêt patrimonial sur l’ensemble de la commune, couvrant une période allant de la fin du 14e siècle aux années 1950.

La majorité des édifices repérés sont des maisons (227 entités), avec une forte concentration dans le bourg. De même le patrimoine agricole est bien représenté avec 182 fermes. L’habitat est dispersé dans l’espace rural, cela s’explique par l’abondance de l’eau sur le territoire, en témoigne le nombre de puits (36) et de fontaines relevés (12). La présence des seigneuries anciennes est encore visible sur la commune avec la persistance de quelques sites manoriaux (11), dans des états de conservation très variables. Le patrimoine religieux comprend l’église paroissiale Saint-Pierre et le presbytère, les chapelles Saint-Adrien et Saint-Douron avec sa maison de prêtre, les oratoires Saint-Maudez et Sainte-Hélène, vingt calvaires et croix de chemins (la commune comptait une autre chapelle, Notre-Dame de Poulmor, détruite au 19e siècle). Le patrimoine artisanal et commercial subsiste peu, avec un moulin et six sites de routoirs, autrefois beaucoup plus nombreux, neuf maisons à boutique et deux cafés. L’architecture publique regroupe une école, une mairie-école (le bourg comptait également une école privée) et le monument aux morts. Les deux gares dédiées aux marchandises et voyageurs ainsi que trois ponts constituent le patrimoine des transports de la commune. Enfin, les casemates de l’Enfer témoignent de l’architecture militaire du milieu du 20e siècle.

Compte tenu de la courte durée de l’enquête, l’étude est pour le moment incomplète et nécessiterait d’être approfondie. Des dossiers d’études individuels, thématiques ou collectifs n’ont pu être réalisés. Cette synthèse présente les pistes à explorer et les questionnements soulevés à la suite du recensement. La bibliographie consultée a été abondante et des recherches archivistiques ont eu lieu. Outre les cadastres anciens, ce sont principalement les archives municipales qui ont été dépouillées, ainsi que la série 2O (dossiers d’administration communale) des archives départementales des Côtes-d’Armor. Elles pourraient être complétées par des recherches dans les séries G (clergé séculier), 6M (statistiques), E (seigneuries) et S (travaux publiques et transports).

Situation géographique et fondation de la commune

La commune de Pleumeur-Gautier s’étend sur 19 km2. Au cœur de la Presqu’Ile, elle est limitrophe de Pleudaniel et Lézardrieux à l’est, de Pleubian au nord, de Kerbors et Trédarzec à l’ouest et de Pouldouran à la pointe sud.

Le sous-sol est composé principalement de roches volcaniques, granite, d’un filon de dolérite au sud, et de roches sédimentaires, du schiste au nord et à l’est. Le relief de plateau, les terres fertiles et bien irriguées, ont favorisé l’implantation, l’agriculture et les activités.

La carte de Cassini datée des années 1740 montre l’emplacement d’une route pavée reliant Tréguier à Lézardrieux (actuelle D786), qui pourrait correspondre à une ancienne voie romaine (hypothèse d’Alain le Diuzet et de Claude Thiépot, AD 22 – 2 Fi 21). Les autres routes importantes du 18e siècle relient le bourg à Trédarzec (actuelle D70), à Pleubian (actuelle D33) et à Lanmodez en passant par Saint-Adrien et Pont-Melin (actuelle C10). Sur la carte d’Etat-major de 1866, deux autres routes sont signifiées, elles relient le bourg à Pleudaniel et Lézardrieux. Enfin, la ligne de chemin de fer est mise en service en 1922.

Les premières traces d’occupation remontent à l’âge du Bronze et l’âge du Fer avec le tumulus de Launay-Botloy découvert en 1885 et un souterrain au nord de Kerbellec. Une pièce de l’époque romaine à l’effigie de Néron a également été trouvée ainsi des pièges naturels et des enclos d’époques indéterminées.

La paroisse primitive de Pleumeur-Gautier incluait Trédarzec, devenue paroisse indépendante au Haut Moyen Age, et Lézardrieux, devenue commune indépendante en 1790. Son nom provient semble-t-il de sa superficie importante. En 1034, elle est évoquée sous le nom de Magna Plebs, traduit en breton par la suite en Ploe Meur, signifiant « grande paroisse ». Le nom de Gautier apparaît en 1399. L’origine de ce nom a plusieurs hypothèses : il pourrait s’agir d’un Prévot de l’abbaye de Tréguier du 11e siècle, référence à Saint-Gautier qui aurait pu être un patron de la paroisse, manoir de Bois-Gaultier situé au sud-ouest du bourg.

Pleumeur-Gautier comptait 381 ménages en 1427, selon les réformations des fouages, soit environ 1700 habitants, et environ 2500 à la fin du 18e siècle (base Cassini). Une diminution progressive de la démographie s’est effectuée à partir du 4e quart du 19e siècle. En 2018, la commune compte environ 1200 habitants (Insee).

Premières observations, pistes de recherche sur le patrimoine de Pleumeur-Gautier

Ce paragraphe expose les sujets qu’il serait intéressant de développer concernant le patrimoine de la commune.

Les matériaux : le granite et la dolérite (roche métamorphique issue du basalte) sont majoritaires, ils sont employés en moellon. On trouve quelques constructions en moellons de schiste, plutôt employé à la fin du 19e siècle. Le second œuvre est principalement réalisé en granite de taille.

Les datations : De très nombreuses implantations ont eu lieu au 18e siècle, des modifications légères ont eu lieu au cours du 19e siècle ou récemment. Bon nombre de constructions datent aussi dans la deuxième moitié du 19e siècle.

Le bourg : Le bourg est ancien, situé au centre de la Presqu’ile et relié aux bourgs alentours. Il devait être dynamique car il possède plusieurs maisons à boutique et est déjà très développé sur le cadastre de 1828. On trouve plutôt des maisons à étage et travées régulières sur la place de l’église. Le parcellaire le long des routes est très étroit et concentre des maisons de petit volume.

Manoirs : Sur onze sites manoriaux, beaucoup ont été transformés en ferme ou détruits. Trois manoirs sont bien conservés : Lézérec, Kermenguy, Traou Woas. Il subsiste deux colombiers, celui de Traou Woas et celui de Kervégant, ruiné. Il pourrait être intéressant de faire des recherches sur les seigneuries, leurs chronologies et leurs dynamiques.

Fermes : L’agriculture est l’activité majoritaire de la commune, en témoignent la gare de marchandises, le marché aux pommes de terre sur la place de la mairie au début du 20e siècle et le marché au cadran dans la seconde moitié du 20e siècle. On observe des fermes avec des logis modestes, d’une en rez-de-chaussée. Ils peuvent être accompagnés de dépendances plus ou moins importantes, quelquefois juste une soue, quelquefois des étables, écuries, grange, remise… D’autre part, certaines fermes présentent un logis à étage et travées régulières. Ces dernières datent de la fin du 18e siècle à la fin du 19e siècle. Elles sont également accompagnées d’un certain nombre de dépendances. Une disposition particulière est visible à Pleumeur-Gautier pour les fermes situées au sud des routes : la façade principale du logis donne au sud, une cour est formée au nord en façade arrière presque aveugle, et des dépendances (étables, soues ou remises) de part et d’autre.

Maisons de l’espace rural : On trouve des maisons sans dépendances dans l’espace rural, quelquefois regroupées à deux ou trois dans des écarts. S’agissait-il de maisons de cultivateurs/journaliers ? Avaient-elles un lien avec la culture et la transformation du lin ? Un groupe de maisons dans la vallée au nord du Moulin Cochard, présent sur le cadastre de 1828 a disparu aujourd’hui. Quelle était leur fonction ?

Patrimoine artisanal : L’hydrographie est très importante sur la commune, ce qui a permis l’installation de nombreux moulins (probablement propriétés des manoirs), et de routoirs. Un seul moulin subsiste. On comptait en 1828 environ 140 routoirs, aujourd’hui quatre sites sont restaurés. La commune possédait aussi en 1828 deux moulins à vent.

Croix de chemins : Une vingtaine de croix sont présentes sur le territoire. Elles datent principalement des 18e et 19e siècles. Les plus anciennes présentent comme iconographie un Christ en croix et au revers une Vierge à l’Enfant ou une Vierge en prière. Quelques-unes présentent de l’iconographie sur le socle. Plusieurs groupes sculptés des croix de la fin du 19e siècle sont attribuées à Y. Hernot.

Patrimoine religieux : L’église de Pleumeur-Gautier aurait été fondée par le seigneur de Launay-Botloy au 15e siècle. L’église actuelle a été reconstruite en 1902. Il subsiste deux chapelles sur trois placées dans un placître avec leur croix, ainsi qu’une maison de prêtre avec calice sculpté à Saint-Douron. Deux oratoires sont présents, d’époques différentes mais avec chacun une légende de fondation.

(Etude d'Inventaire, Marie Rachine, 2021)

Bibliographie

  • BOHEE, Alain, ‘La Défense Des Ports de Lézardrieux - Paimpol - Tréguier et La Fortification de Ce Front de Mer Du 17e Au 20e Siècle’, 2018

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  • COLLECTIF, Pigeonniers de Bretagne (Côtes d’Armor : Liv’éditions, 2005)

  • CORLOUER, Luc, Pleumeur-Gautier Autrefois (Toulouse : Editions le Cormoran, 2020)

  • COUFFON, René, Répertoire des Églises et Chapelles du Diocèse de Saint-Brieuc et Tréguier (Saint-Brieuc : Les Presses Bretonnes, 1941)

  • DE SAINT-JOUAN, Régis, Dictionnaire des Communes, Département des Côtes-d’Armor, Éléments d’histoire et d’archéologie (Saint-Brieuc : Les Presses Bretonnes, 1990)

  • FROTIER DE LA MESSELIERE, Henri, Catalogue Illustré Des Monuments Ruraux Des Côtes-Du-Nord Dans Le Trégor et Le Goëllo (Saint-Brieuc : Les Presses Bretonnes, 1948)

  • FROTIER DE LA MESSELIERE, Henri, Manoirs Bretons Des Côtes-Du-Nord (Saint-Brieuc : Les Presses Bretonnes, 1941)

  • GAULTIER DU MOTTAY, Joachim, Géographie Départementale Des Côtes-Du-Nord : Rédigée Sur Les Documents Officiels Les plus Récents (Saint-Brieuc : Guyon Frères Editeurs, 1862)

  • JOLLIVET, Benjamin, Les Côtes-Du-Nord, Histoire et Géographie de Toutes Les Villes et Communes Du Département, 5 vols (Guingamp : Imprimerie Rouquette, 1859), IV

  • LE NEDELEC, Alain, De Mémoire de Manoirs En Trégor-Goëlo (Ploumagoar : PointCom, 2013)

  • PICHOURON, Patrick, and Jean KERHERVE (dir), ‘Manoirs et Propriétaires Aux XVe et XVIe Siècles Dans Le Régaire de Tréguier et La Seigneurie de Botloy-Lézardré’ (Brest), AD 22

  • RIGAUD, Jean-Marie, Géographie Historique Des Côtes-Du-Nord (Saint-Brieuc : Francisque Guyon Libraire-Editreu, 1890)

Périodiques

  • COLLECTIF, Mémoires de La Société Archéologique Des Côtes-Du-Nord (Saint-Brieuc : L. Prudhom, 1883)

  • FOULQUIER, Pierre (dir), Bulletin d’information Des Maires. Elements d’histoire et d’archéologie Des Communes de l’arrondissement de Lannion (Saint-Brieuc : Préfecture des Côtes-du-Nord, 1979)

  • GUILLOU, Francis, ‘Les Colombiers de La Presqu’Ile’, Les Cahiers de La Presqu’Ile, 9, 2004

  • GUILLOU, Francis, ‘Les Manoirs de La Presqu’Ile’, Les Cahiers de La Presqu’Ile, 21, 2016

  • GUILLOU, Francis, ‘Les Moulins de La Presqu’Ile’, Les Cahiers de La Presqu’Ile, 5, 2000

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  • LE BRETON, Georges, ‘Le Petit Train Des Côtes-Du-Nord’, Les Cahiers de La Presqu’Ile, 12, 2007

  • MOULY, Robert, ‘Le Manoir Dans l’économie Médiévale’, Les Cahiers de La Presqu’Ile, 6, 2001, 28–39

Annexes

  • Etude d’inventaire sur la commune de Pleumeur-Gautier, 1977 :
  • Dates portées
Date(s) d'enquête : 1977; Date(s) de rédaction : 1977, 2021