Dossier collectif IA22010575 | Réalisé par
  • inventaire préliminaire, Saint-Jacut-de-la-Mer
Réservoir à poissons : pêcheries sur la commune de Saint-Jacut-de-la-Mer
  • Dénominations
    réservoir
  • Aires d'études
    Communes littorales des Côtes-d'Armor
  • Adresse
    • Commune : Saint-Jacut-de-la-Mer
      Cadastre : Domaine Public maritime (non cadastré)

Le procès-verbal de l'inspecteur pêches (ou de la Marine), Le Masson du Parc en 1726 en Bretagne Nord, dans l'Amirauté de Saint-Malo (Du Couesnon à l'Arguenon) et en particulier à Saint-Jacut-de-la-Mer, détaille le mode de pêche des Jaguens, le nombre et la place de leurs pêcheries et renseigne sur les embarcations (nombre, tonnage, équipage). Il dénombre 27 pêcheries entre Saint-Jacut et Lancieux avec les noms des teneurs et fait état de 76 pêcheurs jaguens "de mer et de pied". Sur le territoire de Notre-Dame de Land-ouart (ancien nom de St-Jacut), il compte 2 parcs de pierre ou écluses et 17 "pescheries" (sic) ou bouchots formés de bois entrelacés de clayes. Remarque : le vocable "pêcherie" ou "pescherie" vient du mot latin "piscis" (poisson). La mission de l'inspecteur des pêches était liée à l'ordre de Louis XV de supprimer toutes les pêcheries "récentes" (construites après l'édit de 1544) pour protéger le petit poisson, le frai. Il s'agissait aussi de mieux connaître l'effort de pêche et de recenser le nombre de marins-pêcheurs sur toutes les côtes de France. Le Masson du Parc constate que les deux baies de Beaussais et des Quatre Vaux sont en voie d'épuisement à cause de l'emploi des filets traînants et de la présence des pêcheries. Les pêcheurs-laboureurs sont tous occupés hors le temps de la pesche au labourage et à la culture des terres. En morte-eau, ils partent sur leurs 10 bateaux, montés en moyenne par 7 hommes d'équipage et vont pêcher jusqu'à Bréhat. L'acte de reconnaissance d'une pêcherie située près de la Charbotière, en baie de Lancieux, datée du 6 avril 1720, relève les noms des 3 détenteurs (Julien et Jacques Dagorne, Jacques Hesry) et consorts de cette pêcherie, qui dépendait pour vassalité de Jean Rousseau, seigneur abbé commanditaire de l'abbaye de Saint-Jacut. Ce document de collection privée représente une archive unique, reproduit en illsutration dans cette notice (Fig. 1, 2, 3, 4). Le nouvel arrêté de 1732 pour les paroisses de Notre-Dame-du-Guildo et de Saint-Jacut-de-la-Mer fait mention de 11 parcs de pierres et bouchots devant être détruits, situés notamment à l'ouest de la Petite Roche, dans la rivière du Guildo, sous la côte des Quatre-Vaux, entre la Fouerouse et Grande Roche, au Sud-Est de la Grande Roche, entre les rochers des Ebihens et de la Colombière (nommée La Grande Piette) et contigu du précédent (la Petite Piette). Neuf parcs et bouchots ont été dénombrés dans l'archipel des Ebihens en 1732. Neuf parcs ou pêcheries dépendaient de l'Abbaye de St-Jacut depuis le 12ème siècle, la plupart d'entre elles était affermée à des pêcheurs jaguens. Les pêcheries en pierre sont appelées "écluses" ou "parcs" et les pêcheries en bois (fascines) sont appelées "bas parcs" ou bouchots sous l'Ancien Régime. Sur la carte des ingénieurs géographes de 1760-70, les pêcheries jaguines sont indiquées sous la forme figurée d'un "V". Les pêcheries ont en partie disparu lors de l'application de la loi du 8 janvier 1852 qui a officiellement interdit leurs pratique et réglementé la pêche à pied, malgré les nombreuses protestations et revendications des populations riveraines, souvent soutenues par leurs élus. Cependant, le rapport d'inspection du 11 janvier 1854, qui allait entraîner l'arrêté du 28 juillet 1854, mentionnait encore de nombreuses pêcheries (bouchots) avec les noms de leurs détenteurs, en particulier dans la baie de l'Arguenon. Vers 1881, les pêcheurs jaguens demandaient encore à l'administration de rétablir les pêcheries abandonnées depuis 1855 (5 pêcheries fixes dans l'Arguenon, détenues par 18 marins, 5 veuves de marins, 1 poissonnier, 4 ménagères). A cette époque, 66 tonnes de poissons étaient pêchées dans l'Arguenon, où les pêcheries fournissaient la boëtte nécessaire. Le décret du 31 juillet 1887 et la décision ministérielle du 31 janvier 1888 mit une fin définitive (par voie d'extinction) au droit de détention des pêcheries jaguines, au décès du dernier détenteur. Cependant, au début du 20ème siècle, quelques familles jaguines disposaient encore de pêcheries pour la fourniture d'affare : la famille Lemoine possédait deux pêcheries, une au "Béchet", menée par le père Lucas, dit le "Démion" et l'autre à Lancieux, menée par Marie Dagorne, dite "l'Egalitaire". Selon Pierre Amiot, une dernière pêcherie était encore en activité dans la baie de la Fresnaye en 1915. En 1940, les pêcheries n'étaient plus utilisées. L'une des dernières pêcheries fut tenue par Marie Blochet. Toutefois, ces pêcheries étaient peu entretenues, sauf lorsque ces détenteurs prenaient la peine d'aller à Vauver couper des ajoncs pour les réparer (témoignage du colonel Guillard à J. Cl. Ménés). Selon le témoignage rapporté à Jean-Pierre Bihr, Charles Collet se rappelait aller voler du poisson au début du 20ème siècle dans les pêcheries de Lancieux. Michel Le Chapelier a établi et dessiné deux cartes des pêcheries jaguines, d'après la situation des pêcheries relévées par Le Masson du Parc), en 1726 et en 1854. Lors de notre enquête, les deux pêcheries des Piettes (écluses en pierre), avec leur empierrement annexe (pour rabattre le poisson à marée descendante) ont pu être repérées et étudiées entre les trois perches de balisage de la "Roche aux Grands", du "Petit Anon" et de "La Loge" (déjà repérées par Loïc Langouët en 1988, par survol aérien). Les vestiges des pêcheries en bois des Juméliaux ont pu être repérés dans le sable, sur l'estran situé entre la plage des Prêtres et les Juméliaux à la pointe Sud-Est des Ebihens, à égale distance du "Petit Anon", de la "Roche Gautrat" et de la "Charbotière". Ces dernières pêcheries sont souvent ensablées et non visibles (1er repérage en 1986). Ces bouchots pourraient dater du Haut Moyen-Age, selon Loïc Langouet (Service Régional d'Archéologie). Nous avons aussi repéré une forme de pêcherie en pierre au niveau de l'écueil rocheux de La Charbotière et une écluse de forme quadrangulaire, au pied de l'îlot de "Petite Roche" (face sud). Les pêcheries de la baie de Saint-Jacut et de Lancieux par ailleurs été repérées à partir de vues aériennes par Loïc Langouët (Centre Régional d'Archéologie d'Alet).

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 18e siècle
    • Principale : 3e quart 18e siècle
    • Principale : 19e siècle
    • Principale : 1er quart 20e siècle
    • Principale : 20e siècle

Les deux pêcheries des Piettes (écluses avec 2 rangées de pierres juxtaposées, non maçonnées) forment un V dont la pointe est dirigée au Nord vers le large, avec une ouverture vers le jusant. Leur pêcherie annexe a un plan trapézoïdal. Certaines pêcheries en pierre ont des formes en demi-cercle, triangulaires, trapézoïdales ou quadrangulaires. Les pêcheries en bois (bouchots) ont des formes bien déterminées en V (pêcherie des Juméliaux). Deux séries de pieux, de 8 cm de diamètre en moyenne, forment un "V". Les pannes de ce bouchot ont 70 mètres de longueur et forment un angle au sommet de 35°. Cette pêcherie est située environ à 2 m au-dessus du zéro des cartes marines. La pêcherie de Petite Roche mesure 12 m de long sur 5 m de large et utilise le relief de l'îlot ; elle est fermée par un perthuis de 0, 30 mde largeur.

  • Toits
  • Décompte des œuvres
    • repérées 5
    • étudiées 3

Documents d'archives

  • AD Côtes d'Armor. Série E E 1481. Pêcheries, sècheries, de 1458 à 1726.

  • AD Côtes d'Armor. Série B, B 1248. Etat des pêcheries de l'Amirauté de St-Brieuc entre l'Arguenon et le Trieux, 1642.

  • AD Ille et Vilaine. Série C ; sous-série C 1958. Etat des pêcheries de l'Amirauté de St-Malo entre le Couesnon et l'Arguenon, 1547-1758.

  • AD Ille et Vilaine. Série C ; sous-série C 1960. Etat des pêcheries de l'Amirauté de St-Malo entre la Rance et l'Arguenon, 1642.

Bibliographie

  • BRISOU, Dominique. La pratique de la pêche à Saint-Jacut-de-la-Mer depuis les temps les plus anciens, Les Amis du Vieux Saint-Jacut, juin 1993, n°24.

    p. 4
  • BRISOU, Dominique. La pratique de la pêche à Saint-Jacut-de-la-Mer depuis les temps les plus anciens, Les Amis du Vieux Saint-Jacut, juin 1994, n°25.

    p. 4
  • CARRE, Jean-François. Vestiges de pêcheries, Les Amis du Vieux Saint-Jacut, décembre 1987, n° 11.

    p. 20
  • CARRE, Jean-François. Un épisode de la "petite guerre" des pêcheries jaguines, Les Amis du Vieux Saint-Jacut, décembre 2005, n° 48.

    p. 20
  • LANGOUËT Loic. Les pêcheries de l'archipel des Ebihens, Saint-Jacut-de-la-Mer. In Association Manche Atlantique pour la Recherche Archéologique dans les Iles, n°11, 1998.

    p. 65-72
  • LE CHAPELIER, Michel. La mer et les marins du 19ème siècle, Les Amis du Vieux Saint-Jacut, juin 2005, n°47.

    p. 5
  • LORAINE, Auguste. Saint-Jacut-de-la-Mer et ses environs. Dinan : Peigné, 1972.

    p. 9
  • MENES, J. C. Les pêcheries et l'abbaye, Les Amis du Vieux Saint-Jacut, décembre 1995, n°28.

    p. 29
  • MENES, J. C. Les pêcheries et l'abbaye, Les Amis du Vieux Saint-Jacut, juin 1995, n°27.

    p. 24
  • MENES, J. C. Mille ans de vie jaguine : les pêcheries, Les Amis du Vieux Saint-Jacut, août 1992, n°20.

    p. 4
  • MENES, J. C. Mille ans de vie jaguine : les pêcheries, Les Amis du Vieux Saint-Jacut, juin 1991, n°19.

    p. 29
  • MENES, J. C. Les pêcheries, l´abbaye et la France (du 16e au 18e siècle) , Les Amis du Vieux Saint-Jacut, 1996, n°29.

    p. 26
  • PRIGENT, Guy. Histoire et ethnologie des pêcheries entre Trieux et Arguenon, In pêcheries de Bretagne, archéologie et histoire des pêcheries d'estran, sous la direction de Marie-Yvane Daire et de Loic Langouët, Saint-Malo : Centre Régional d'Archéologie d'Alet, 1998.

    p. 45

Documents figurés

  • Archives départementales des Côtes-d'Armor. Extrait de plan cadastral, 1827. AD Côtes-d'Armor : 4 num 1/16, plans cadastraux parcellaires de 1827.

    Archives départementales des Côtes-d'Armor : 4 num 1/16
    p.

Documents audio

  • AUBIN, Pierre, GOUPIL, Roger, BACHELOT, Rémi, CARRE, Jean-François. Témoignage oral sur les pêches côtières, les pêcheries et les noms du domaine maritime jaguen. Saint-Jacut, 1988.

    Témoignage oral
  • CARRE, Jean-François. Témoignage oral sur les pêcheries. St-Jacut-de-la-Mer : mai 2008.

    Témoignage oral

Annexes

  • Annexe n°1
  • Annexe n°2
  • Annexe n°3
  • Annexe n°4
  • Annexe n°5
  • Témoignages sur l'exercice des pêcheries au début du 20ème siècle dans la commune de Saint-Jacut-de-La-Mer
  • Annexe n°7
Date(s) d'enquête : 2008; Date(s) de rédaction : 2008