1- Evolution démographique (1854-1999) : (Patrick Pichouron)
Saint-Jacut-de-la-Mer en 1854, pop. 1 036 habitants (source : Jollivet).
Saint-Jacut-de-la-Mer en 1886, pop. 1 069 habitants (source : J.-P. Bihr).
Saint-Jacut-de-la-Mer en 1946, pop. 1 167 habitants (source : Insee).
Saint-Jacut-de-la-Mer en 1968, pop. 1 022habitants (source : Insee).
Saint-Jacut-de-la-Mer en 1975, pop. 934 habitants (source : Insee).
Saint-Jacut-de-la-Mer en 1982, pop. 893 habitants (source : Insee).
Saint-Jacut-de-la-Mer en 1990, pop. 797 habitants (source : Insee).
Saint-Jacut-de-la-Mer en 1999, pop. 871 habitants (source : Insee).
2- Saint-Jacut-de-la-Mer : principaux repères : (Patrick Pichouron)
Commune littorale du département des Côtes-d´Armor, Saint-Jacut-de-la-Mer, jadis dénommée Saint-Jacut-de-l'Isle, est une presqu'île de la Côte d'Emeraude située à environ 20 kilomètres au nord-ouest de Dinan et 40 kilomètres au nord-est de Saint-Brieuc.
D'une superficie totale de 292 hectares, ce territoire péninsulaire limitrophe des communes de Créhen et de Trégon au sud, rattaché au continent par un isthme sableux, s'étire sur près de trois kilomètres de long vers le nord, entre la baie de l'Arguenon à l'ouest [fig. 8] et la baie de Lancieux à l'est [fig. 7, 9]. Il possède, du fait de sa position géographique, un patrimoine naturel et paysager de grande qualité, notamment en la présence d'un vaste plateau rocheux au nord formé, d'une part, par l'île des Ebihens, où fut bâtie la tour du même nom de 1694 à 1697 [fig. 6], et, d'autre part, par divers îlots reliés à la presqu'île par un tombolo submersible à marée haute [fig. 10].
Outre le menhir de la pointe du Chevet érigé au Néolithique (7 000 - 2 000 av. J.-C.), de très nombreuses traces matérielles ont permis d'attester l'ancienneté de l'implantation humaine à Saint-Jacut-de-la-Mer, particulièrement au nord de la presqu'île, sur l'île des Ebihens et les divers îlots environnants. Si l'étude de la végétation de l'île des Ebihens a mis en exergue une importante fréquentation humaine dès le 2ème siècle av. J.-C., plusieurs campagnes de fouilles archéologiques ont livré sur cette île les traces d'un village gaulois du second âge du Fer (la Tène finale, 1er siècle av. J.-C.), avec notamment la présence d'un atelier de bouilleur de sel, ainsi qu'un habitat isolé et une nécropole. A proximité, sur un des îlots des Haches, une autre nécropole datant de la fin de l'âge du Fer, à laquelle a probablement succédé un sanctuaire à l'époque gallo-romaine, a également été mise au jour.
Probable démembrement de la paroisse bretonne primitive de Ploubalay, la paroisse de Saint-Jacut-de-la-Mer, ou plus exactement de Notre-Dame de Landouart, a pour origine une abbaye dont la fondation, en un lieu dénommé Landoac, remonterait, selon l'hagiographie traditionnelle, au haut Moyen Age. D'après la Vie latine de saint Jacut, cette abbaye aurait été fondée par les jumeaux Jacut et Guethenoc, frères aînés de saint Guénolé, fondateur de l'abbaye de Landevennec (Finistère). Formés au monastère de saint Budoc, situé dans l'île Lavrec, à proximité de Bréhat, ils auraient établi un monastère désigné sous le nom de Landoac. Mais, à considérer plus précisément ce toponyme, formé avec le vieux-breton lann, monastère, ermitage, et le nom Doac, d'un célèbre saint gallois du 6ème siècle, il apparaît que l'abbaye de Saint-Jacut, Jagu étant la forme bretonne du latin Jacobus, Jacques, aurait succédé à un monastère primitif.
Enclave de l'évêché de Dol dans celui de Saint-Malo sous l'Ancien Régime, à la limite du diocèse de Saint-Brieuc, la paroisse a procédé à l'élection de sa première municipalité au début de l'année 1790 sous le nom de Saint-Jacut, rebaptisé l'Isle-Jacut ou Port-Jacut de 1793 à 1797. Le nom actuel, utilisé pour la première fois lors du dénombrement de la population de 1856, a été officialisé par arrêté préfectoral du 25 janvier 1873.
3- Saint-Jacut-de-la-Mer : le patrimoine architectural : (Patrick Pichouron)
La présente enquête a été réalisée au cours des mois de novembre et décembre 2007 dans le cadre de l'opération d'inventaire préliminaire à l'étude du patrimoine des communes littorales du département des Côtes-d'Armor menée conjointement, depuis février 2002, par le Conseil Général et le Conseil Régional de Bretagne (service de l'Inventaire général du patrimoine culturel).
Cette enquête a permis de procéder au repérage de près de 250 oeuvres, parmi lesquelles 230 relèvent de l'architecture domestique et agricole, y compris l'architecture de la villégiature balnéaire, et 8 de l'architecture religieuse commémorative et funéraire. Outre le repérage de l'ancienne voie ferrée d'intérêt local dite du Guildo à Saint-Briac [fig. 11], quelques magasins de commerces et anciens hôtels de voyageurs [fig. 12], trois moulins à vent, dont celui de l'Isle [fig. 13], deux puits publics et deux écoles ont fait l'objet d'un recensement [fig. 14 et 15].
Au sein d'un corpus dont la datation est comprise entre probablement la fin du 15ème siècle ou le début du 16ème siècle et le 3ème quart du 20ème siècle, 18 oeuvres, y compris la statue monolithe de saint Christophe [fig. 16], ont fait l'objet d'une proposition de sélection en fonction de critères d'ancienneté, de qualités architecturales, d'unicité ou de représentativité.
4- Saint-Jacut-de-la-Mer : le patrimoine maritime et littoral : (Guy Prigent)
La commune de Saint-Jacut-de-la-Mer se caractérise par ses traditions maritimes très liées à l'histoire de l'Abbaye (propriétaire des pêcheries) et aux métiers de la pêche côtière et de l'estran. La géomorphologie de la presqu'île de Saint-Jacut, considérée comme un milieu insulaire à marée haute jusqu'à une période relativement récente (le sillon submersible de 800 m de long ne fut endigué qu'en 1856), explique peut-être ce rapport particulier des Jaguens à la mer, pour en tirer des ressources minérales (carrières de granite, extraction de la marne) et des ressources vivantes (pêche à pied, pêche en mer, conchyliculture), dans un système biocénique variable.
Les 12 oeuvres suivantes du patrimoine bâti de St-Jacut, dont la chronologie s'étend du Néolithique au 3ème quart du 20ème siècle, et qui témoignent de cette histoire, ont été sélectionnées, en fonction des critères généraux de l'Inventaire mais aussi en fonction des critères de réprésentativité de son identité maritime par la communauté locale. Ces choix relèvent aussi de la problématique spécifique de cet inventaire pour le champ du patrimoine maritime :
- le menhir de la Pointe du Chevet, dit "Menhir Duédal"
- l'Abbaye de St-Jacut et son mur-digue d'enceinte
- la pêcherie des Piettes
- la tour des Ebihens
- le puits biblique
- le port du Châtelet
- le port de la Houle Causseul
- la Croix du Sillon
- la Croix du châtelet (Calvaire des Marins)
- la carrière de la Colombière
- la cabane de Petite Roche
- le lavoir de Villeneuve
L'habitat du centre-bourg, regroupé en rangées de part d'autre de l'artère principale (la Grande Rue), en raison de son caractère d'homogénéité architecturale, mérite une attention particulière et peut-être des mesures de protection adaptées (fig. 19) .
Les neuf objets témoins des activités littorales maritimes de la commune et du patrimoine ethnologique sont les suivants :
- le baromètre
- la plaque commémorative des pêcheuses à pied
- les deux rouets pour fabriquer des lignes
- le gabarit pour fabriquer des casiers
- le canot jaguen "Saint-Pierre" (oeuvre déplacée)
- le bateau de pêche "la Mascotte"
- le carnet de marques de pêche
- la carte des noms de lieux du domaine maritime jaguen
- l'auge en pierre.
Leur datation est comprise entre le 4e quart du 19ème siècle et le 1er quart du 21ème siècle.
Cependant, c'est davantage le patrimoine ethnolographique maritime (dont le patrimoine oral, la toponymie nautique, les savoir-faire, le parler jaguen, que nous avons enregistrés) qui donne toute sa valeur symbolique et sa richesse sémiotique à cet inventaire du patrimoine de la commune. Il s'agit de mieux comprendre et d'évaluer cette culture littorale, c'est-à-dire "les liens qui unissent ces habitants des communes littorales et la mer" et comment ces communes se sont développées ou pas, par rapport à la présence de la mer côtière (fig. 22) .
Les textes en annexe apportent leur contribution à la construction de l'identité maritime jaguine. Ils introduisent un bref historique sur la légende du saint fondateur de la paroisse, saint Jacut (saint Jegu en parler jaguen et décrivent la géographie du village et la composition de la population jaguine aux 18ème et 19ème siècles. Ils racontent la nomination du premier maire de la commune en 1790 et soulignent en particulier son sens de l'identité et de l'unité sociale jaguine par rapport aux communes voisines. Une partie du légendaire jaguen de Sébillot est aussi interprété.
Géomètre du cadastre