Extrait de Joseph CHENU, Plancoët au temps de Chate, p. 90-94

Extrait de CHENU Joseph, Plancoët au temps de Chateaubriand, p. 90-94

"La maison du Quadran qui figure dans l'acte de 1612 continue à figurer sous ce nom, orthographié le souvent "Cadran" jusqu'au milieu du XVIIIe siècle. Mais déjà le nom du "Cadre" tend à s'imposer. En 1793 était inhumée dans le cimetière de la Madeleine "demoiselle Françoise Dubouays, femme du sieur de la Pichardais Robinot, décédée dans sa maison du Cadre le 21 janvier". Lors de son mariage en 1751 avec René Robinot, cette Françoise Dubouays était dite "demoiselle du Cadran", fille de Dominique Jean Dubouays, sieur de la Bousserie et de demoiselle Françoise Huet. IL y eut donc changement de nom, sans qu'on puisse en voir la raison, bien avant la reconstruction du manoir tel qu'il existe aujourd'hui, œuvre, en 1791, de Guillaume Robinot, notaire et sieur de la Pichardais (comme avant lui son père René), maire de Plancoët en 1792-93. Mais le Cadre appartenait à Françoise Dubouays, qui le tenait de la succession de sa mère Françoise Huet.

Le Cadran devenu le Cadre était, en effet, propriété de la famille Huet depuis 1698.

Le 19 janvier 1698, nobles gens Allain Sérizay, faisant aussi pour noble et discret missire Claude Sérizay, sieur recteur de Broons, demoiselle Julienne Sérizay, Françoise et Jean Sérizay, vendent à François Huet, sieur de la Gueurivais demeurant dans sa maison rue de l'Abbaye près de Plancoët... faisant pour lui et ses associés : savoir le lieu et métairie noble du Verger située près de dite rue de l'Abbaye, comprenant un corps de logis couvert de glé et un autre petit vieux corps de logis. [...] Les mêmes "transportent, comme devant, le lieu maison et métairie noble du Cadran situé dans la paroisse de Saint-Sauveur de Plancoët consistant dans la maison principale couverte de pierre ardoise, salle, sellier, cuisine, chambres, greniers et montée au haut de laquelle il y a une fuye et refuge à pigeons garnie de trous, et droit de fuye et de fuye à pigeons, plus un autre corps de logis, joignant le chemin qui conduit de Plancoët à Pluduno". (1)

[...]

En 1759 la maison n'était pas en très bon état. Cette année-là, le 15 janvier, sa propriétaire Françoise Huet demoiselle de la Bousserie (par son mariage avec Dubouays, sieur de la Bousserie) fait dresser procès-verbal de l'état des lieux par Chéhu et Henry (des notaires de Plancoët), dans l'intention évidente de conserver le droit de fuye, après destruction d'une tour qui menace ruine.

"Nous notaires... nous sommes

... sur le réquisitoire de demoiselle Françoise Huet, demoiselle de la Bousserie, demeurant à la maison noble du Cadran sur la dite paroisse (de Saint-Sauveur) transporté au dit lieu du Cadran, parlant à la dite demoiselle de la Bousserie elle nous a conduit dans une tour au nord de sa dite demeure, exhaussée d'environ vingt pieds au-dessus des sables raÿs de la maison principale du dit lieu du Cadran, et au haut de laquelle tour elle nous a fait remarquer et nous avons vu une fuye, et retraite à pigeons garnie de plus de quatre cents trous, ou boulains, faite de maçonne de Saint-Cast, et que la dite maison noble du Cadran a eu de tout temps immémorial droit du fuye, et comme la dite tour qui est d'une extrême hauteur menace ruine, et qu'elle pourait entraîner une grande partie de la dite maison par sa chute, pour prévenir cet inconvénient, la dite demoiselle de la Bousserie nous a déclaré être dans le dessein de la faire démolir de jour à autre, ... de tout quoi nous notaires lui avons rapporté le présent acte à valoir et servir où appartiendra...

Signé F. Huet, Chéhu, Henry. Enregistré le 17 janvier

Signé Bienvenu (Chéhu)." (2)

De Françoise Huet, le Cadre passera à sa fille Françoise Dubouays, épouse de René Robinot, puis à son petit-fils Guillaume Robinot. Il restera dans la cette famille jusqu'à sa vente au comte de Brye en 1912 par les consorts Jouanjan, arrière-petite-enfants de Guillaume Robinot.

Il semble qu'à la fin du XVIIIe siècle et début du XIXe siècle les Robinots n'occupèrent pas en permanence, ou en tout cas, pas complètement leur maison du Cadre. Dans les années 1770 y réside comme locataire Jean Louis Riou des Gravelles, receveur des devoirs, époux de dame Françoise Marie Gouyuon de Beaucorps. [...]

Beaucoup se souviennent certainement que le Cadre avait été l'ancienne gendarmerie, et qu'elle l'était encore au moment de son achat par M. de Byre. Mais depuis quand servait-elle au logement des gendarmes ? Si G. Robinot y décède le 22 mai 1832, il devait déjà louer quelques pièces à la maréchaussée, puisque le 15 février 1812 le notaire Hannelais trouve dans une chambre du Cadre [...] Joseph Marcheny, gendarme à cheval, qui lui fait rédiger un testament en faveur de son épouse Jeanne Ganne. Y eut-il des gendarmes dans cette maison depuis le premier Empire ?"

(1) Le premier acte mentionné est noté sous la référence B660, vraissemblablement aux Archives Départementales des Côtes d'Armor car le lieu de conservation n'est pas précisé.

(2) Le lieu de conservation de l'acte n'est pas précisé, ni aucune côte.