Dossier collectif IA22132288 | Réalisé par
  • inventaire topographique, Communauté de communes du Haut Trégor
Les seigneuries de l'espace péri-urbain sur la commune de La Roche-Derrien (fusionnée en La Roche-Jaudy en 2019)

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    manoir
  • Aires d'études
    Schéma de cohérence territoriale du Trégor
  • Adresse
    • Commune : La Roche-Derrien

Sous l'Ancien Régime, cinq seigneuries occupent l'espace péri-urbain de La Roche-Derrien et forment une "ceinture" de manoirs et de métairies autour de la ville : Bourette (ou Boured) ; Kerverzot ; Kerhamon ; Keravel ; Chef du Pont (disparu). D'autres seigneuries implantées à Pommerit-Jaudy sont dans la mouvance de La Roche-Derrien et possèdent une justice qui s'exerce dans la cité rochoise où elles tiennent leurs audiences telles Kersaliou, Kermezen ou Chef du Bois implantée en limite communale. Cette forte densité de manoirs sur le territoire paroissial est liée au voisinage de la localité qui offre des possibilités de ravitaillement, d'échanges, de protection, tout en permettant aux seigneurs de rester proche des exploitations qu'ils surveillent.

Bourette, Keravel, Kerverzot, Chef du Pont

Implanté en bordure du Jaudy, à l'est de la ville, le manoir de Bourette est encore en place mais très remanié, notamment au cours des 19e et 20e siècles. Il adopte un plan en U avec deux corps de logis en alignement et ailes en retour d'équerre autour d'une cour, fermée sur le quatrième côté par un haut mur percé d'une porte charretière et d'une porte piétonnes. Les éléments actuels les plus anciens remontent à la première du 15e siècle comme en témoignent plusieurs éléments : la cheminée du logis principal dont les consoles adoptent un profil en escalier caractéristique ; le mur de clôture qui ferme la cour au nord avec porte charretière et porte piétonne en tiers point ; les portes, à linteau sur coussinets profilés en quart-de-rond, remployées dans les tourelles d'angle ; quelques baies chanfreinées y compris sur l'appui. Le colombier figuré sur le cadastre ancien au sud du manoir a disparu, le moulin se trouve sur la commune de Pommerit-Jaudy.

Le manoir de Keravel est édifié au sud de la ville, dans la première moitié du 15e siècle : en 1489, il appartient à jehan du Tertre, sieur de Kermez (armoiries : "d'argent à la rencontre de cerf de gueules, accompagnée en chef de trois fleurs de lys de même". Le manoir actuel est très remanié : il abrite une salle flanquée d'une cuisine, respectivement surmontées d'une pièce haute et d'une chambre à feu. La salle conserve une cheminée sur le mur de refend dont les consoles à ressauts sont caractéristiques des trois premiers quarts du 15e siècle comme la porte d'entrée en tiers point et la fenêtre de l'étage moulurée en chanfrein sur l'appui. La cuisine possède une cheminée fin 15e siècle-début 16e siècle, à jouées obliques et linteau orné de quatre blasons illisibles. Les du Tertre de kermez ont fait construire la chapelle Notre-Dame de Pitié située à proximité immédiate du manoir.

Le manoir de Kerverzot est probablement édifié au début du 17e siècle puis profondément remanié au cours des 18e et 19e siècles : une première fois en 1760 comme l'indique la date sculptée sur le linteau de la porte d'entrée ; une seconde fois dans la seconde moitié du 19e siècle avec l'ouverture d'une série de grandes fenêtres sur la façade principale. Les cheminées du rez-de-chaussée témoignent d'une construction antérieure du début du 17e siècle. Le moulin seigneuriale est implanté à une centaine de mètres au nord, sur le Jaudy.

De la seigneurie de Chef du Pont qui occupait la place éponyme ne subsiste rien en dehors d'un vestige de colombier situé à une centaine de mètres près de la rivière du Jaudy. Le manoir de Chef du Pont ne figure déjà plus sur le cadastre ancien de 1836 tandis que sa chapelle Saint-Yves est toujours en place à cette époque, avant d'être vendue comme "bien national" à un entrepreneur rochois pour servir de carrière. Cette importante seigneurie avait droit de Haute Justice comme l'indique un acte judiciaire de 1397 qui prouve son droit de plaid tandis qu'un contrat de vente de 1567 la désigne comme Juridiction Vicomtière. Dans les états de section de 1837, la parcelle bâtie n° 766 est dénommée "L'Auditoire", probablement l'ancien auditoire de la juridiction de Chef du Pont.

Parties constituantes liées aux manoirs : moulins, métairies, colombiers

Les moulins à eau de Kerverzot, Bourette et de Chef du Pont, le moulin à vent disparu situé à l'emplacement de la chapelle Notre-Dame de Pitié, les métairies (Kernevez, Convenant Plapous, Convenant Kerambellec, Convenant Saint-Jean...), les pigeonniers participent également de cette organisation caractéristique de l'espace péri-urbain de La Roche-Derrien à la fin du Moyen Age et durant tout l'Ancien Régime. Les métairies de Kernévez sont peut-être liées au manoir de Keravel distant de 100 à 200 mètres environ. Elles sont reconnaissables à leur tour d'escalier carrée et circulaire du 17e siècle, seul élément extérieur d'origine identifiable après les remaniements importants opérés dans la seconde moitié du 19e siècle.

Bibliographie

  • LE FELL, Georges et Marie-Louise. La Roche-Derrien de nos jours aux origines. Presses de Roudenn Grafik, Guingamp, 2012.

    Région Bretagne (Service de l'Inventaire du patrimoine culturel)
  • CHARANT, Marie. La Roche-Derrien, son histoire. Les Presses Bretonnes, Saint-Brieuc, 1952

    Collection particulière

Périodiques

  • LEGUAY, Jean-Pierre. Le paysage péri-urbain au XVème siècle. Mémoires de la Société historique et archéologique de Bretagne, 1980.

    Région Bretagne (Service de l'Inventaire du patrimoine culturel)

Documents figurés

  • 3 P 269/1 Fonds du cadastre ancien. Tableau d'assemblage et plans parcellaires de la commune de La Roche-Derrien, 1836

    Archives départementales des Côtes-d'Armor : 3 P 269/1

Documents multimédia

  • La Roche-Derrien : Histoire, Patrimoine, Noblesse... http://www.infobretagne.com/roche-derrien.htm

Date(s) d'enquête : 2014; Date(s) de rédaction : 2014