Dossier d’œuvre architecture IA22132620 | Réalisé par
  • liste immeubles protégés MH
  • enquête thématique régionale, Architecture urbaine en pan de bois
Maison de Saint-Dinan aussi dite de la Mère Pourcel, 3 place des Merciers (Dinan)
Œuvre étudiée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Dinan
  • Commune Dinan
  • Adresse 3 place des Merciers
  • Dénominations
    maison

La maison en pan de bois de la Mère Pourcel, anciennement de Saint-Dinan et protégée au titre des monuments historiques, a subi un incendie au cours de la nuit du 22 au 23 juin 2019. Elle a bénéficié d'une campagne de datation dendrochronologique antérieure à sa destruction, complétée en 2021, 2022 et 2024 de diagnostics archéologiques réalisés sur ses vestiges.

Cet édifice fait partie de l'îlot du Vieux-Dinan (IA22133570), propriété de la Ville, qui comporte au nord la maison du 1 rue du Petit-Pain datée de 1547, le bâtiment d'angle édifié en 1703-1704, le 4 rue de la Cordonnerie (comporte une date protée de 1573), une cour, le 5 rue du Petit-Pain (bâti en granit) et le 3 rue du Petit-Pain (maison à façade-rideau, date portée de 1647).

L'étude dendrochronologique indique un abattage des arbres de la maison de Saint-Dinan à l'automne-hiver 1457/58.

Selon le rentier de 1493, la parcelle appartient alors à Jehanne Guérin, femme de Rogier Vincent, qui la tient de son père Guillemet Guérin (étude documentaire, diagnostic archéologique INRAP 2024). Le 1 rue du Petit Pain et ce qui deviendra la cour de la maison de Saint-Dinan sont la propriété de Guillemet Chollet. A la fin du 15e, la majeure partie de l'îlot et des fronts de rue adjacents sont aux mains d'importants bourgeois de la ville.

La présence d'ouvertures dans la façade ouest dès la construction de la maison, l'emplacement difficilement compréhensible de l'escalier ainsi que l'asymétrie de la charpente suggèrent une volonté d'extension au nord et à l'ouest. La très grande surface de la parcelle de Saint-Dinan témoigne déjà de la réunion de plusieurs propriétés. L'acquisition de la parcelle à l'ouest se fait dans les années qui suivent, puisque depuis 1508 au moins elle est aux mains de Guillaume Perrier qui succède à Jehanne Guérin. En 1518, le tout appartient à Robinet Guérin, procureur-syndic de la communauté de Dinan, c'est-à-dire son maire.

Au 16e siècle, l’îlot se densifie avec la construction au sud-ouest d’une maison portant la date de 1573. La reconstruction au nord du 1 rue du Petit Pain en 1547 agrandit Saint-Dinan puisque les deux bâtiment communiquent. Un vestibule s'ajoute à l'angle en 1703/04. L'intégralité de l'étude documentaire et de la succession des propriétaires sont à retrouver dans le diagnostic archéologique de l'INRAP publié en 2024.

L'îlot du Vieux-Dinan, acquis par la mairie en 1934 afin de le préserver, fait l'objet d'une première campagne de restauration en 1937. On ôte l'enduit de la façade, on supprime les devantures commerciales menuisées du rez-de-chaussée et on essente d'ardoises le bâtiment accolé au nord-est.

Suite à son classement à l'Inventaire supplémentaires des Monuments historiques en 1961 et au constat de vétusté, une seconde campagne de restauration est menée en 1968. Elle consiste notamment à reprendre la charpente et à modifier les ouvertures. La façade place des Merciers retrouve ainsi des fenêtres à claire-voie.

En juin 2019, un incendie ravage le bâtiment.

  • Période(s)
    • Principale : 2e moitié 15e siècle , datation par dendrochronologie
    • Principale : 1ère moitié 16e siècle , datation par dendrochronologie
    • Secondaire : 1er quart 18e siècle , datation par dendrochronologie

Sise dans l'îlot du Vieux Dinan, entre la rue de la Cordonnerie et celle du Petit Pain, la maison de Saint-Dinan (ou de la Mère Pourcel) se trouvait incluse dans un tissu urbain plus dense qu'aujourd'hui. La disparition du quartier de la Voûte au 19e siècle dégage sa façade orientale.

Construite sur une cave, le bâtiment possède deux étages carrés ainsi qu'un comble. Les façades sud et est sont en encorbellement. Le pan de bois du rez-de-chaussée repose sur des poteaux isolés du sol par des dés de pierre. Ces poteaux à tête élargies reçoivent la sablière haute, assemblée en enfourchement, ainsi que les poutres de plancher par des tenons et mortaises chevillés. Du côté intérieur, la liaison entre poutres et poteaux est renforcée par des aisseliers. Pigeâtres, sablières et entretoises sont moulurées. En façade sud comme est, les travées définies par les poteaux sont ornées d’écoinçons. Ceux de la porte de la façade sud dessinent une accolade.

Premiers et second étages sont éclairés par des claires-voies. De petites dimensions, les baies sont soulignées par des appuis filants moulurés et les allèges déchargées par des potelets. De grandes écharpes renforcent le contreventement en façade orientale. En façade sud, chaque étage comporte une porte surmontée d’un trilobe formé par une croix de Saint-André redécoupée. La façade ouest comporte elle aussi une claire-voie, composée de quatre baies à deux ouvertures superposées. Des rainures dans les parties inférieures indiquent des volets coulissants en allège.

En plan, une partie boutique avec étal semble occuper la moitié sud-est de la maison. À l’ouest se trouve une cour et les dépendances, mitoyennes des anciennes halles. Le rentier de 1518 indique des latrines, une écurie et un four. Chaque niveau possède deux cheminées insérées dans le mur nord. Toutes comportent des piédroits chanfreinés et base baguées, à l’exception d’une seule dont les jambages portent un chanfrein plat. La hotte pyramidale de la cheminée centrale du rez-de-chaussée est une reprise.

Le départ d’escalier en vis en pierre de la cave semble être un remploi installé lors de la division en plusieurs caves en 1790. Quant à l'escalier à vis en bois, il s'agit là aussi d'un remploi, ce qui pose la question de son emplacement d’origine et de la desserte des pièces (escalier hors-œuvre ?). En effet, si les sources mentionnent une maison "à lanterne" à partir de 1766, l'implantation de la vis devant un probable étal, le long de la façade en encorbellement sur rue et son aspect très remanié ne plaident pas en faveur d'une disposition de ce type dès la construction de l'édifice. En outre, le plan observé ne correspond pas à la disposition tripartite telle qu'elle est connue avec pièce sur rue, pièce sous charpente dotée d'une cheminée monumentale et pièces sur cour.

La toiture à deux pans présente une asymétrie. L'hypothèse avancée par E. Cadiou est celle d'une charpente "provisoire", dans l'attente d'une extension vers le nord qui aurait permis un pignon parfaitement équilibré.

La construction du vestibule dans l'angle nord-est vers 1703/04 facilite la liaison entre la maison de Saint-Dinan et le 1 rue du Petit Pain. Dans la seconde moitié du 18e siècle, une partie de la façade sud se pétrifie. Les linteaux sont en arc surbaissé, uniquement sur leur face externe. De nouveaux cloisonnements sont mis en œuvre et les fenêtres sont agrandies, probablement en lien avec la mise en location à plusieurs familles. Des fragments de papier peint fleuri attribué à la seconde moitié du 18e siècle sont mis au jour au cours de l’étude du bâti.

La mise en place de devantures commerciales menuisées constitue les principales modifications au 19e siècle.

  • Murs
    • bois pan de bois
    • pierre
  • Toits
    ardoise
  • Escaliers
    • escalier en vis
  • État de conservation
    vestiges
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Protections
    classé MH, 1961/12/04
  • Référence MH

Bibliographie

  • Elen Cadiou (dir.)- Dinan, 3 place des Merciers. Maison de La Mère Pourcel. Rapport final d'opération, diagnostic archéologique, Inrap Grand Ouest, Juin 2021.

Annexes

  • Rapport final d'opération. Diagnostic archéologique du 3 place des Merciers (Dinan).
  • INRAP 2024
Date(s) d'enquête : 1992; Date(s) de rédaction : 1992, 2021, 2025
Articulation des dossiers
Fait partie de