Dossier d’œuvre architecture IA22132816 | Réalisé par
  • inventaire topographique, Dinan agglomération
Château de Coëtquen (Saint-Hélen)
Œuvre étudiée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Parc naturel régional de la Vallée de la Rance - Côte d'Emeraude
  • Commune Saint-Hélen
  • Lieu-dit Coëtquen,
  • Dénominations
    château
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante
  • Parties constituantes non étudiées
    ferme

De Rennes à Dinan, il nous faut traverser la forêt domaniale de Coëtquen. Elle est à l’origine d’un nom de famille parmi les plus influentes de la noblesse bretonne. Ancienne bannière et ramage de la maison de Dinan, éteinte dans la famille de Combourg (Durfort-Duras), elle est surtout connue grâce à Raoul V de Coëtquen (1370-1440), gouverneur de Dinan, puis amiral et maréchal de Bretagne. Grand diplomate (délivrance de Richemont), il négocia plusieurs trêves avec les anglais sur les marches bretonnes (Pontorson, Fougères) pour le compte du duc. Mais aussi Jean II de Coëtquen, chambellan du duc et grand maître de Bretagne, ambassadeur extraordinaire en France, gouverneur de Dol et de Dinan en 1491, conseiller des rois Charles VIII et Louis XII.

De leur château fort du 15e siècle, en partie démantelé lors des guerres de la Ligue, subsistent toujours d’imposants vestiges et la base d’un grand donjon qui rend compte de l’importance de cette place forte au Moyen Âge.

Le logis seigneurial est reconstruit, suite aux troubles révolutionnaires, dans le style du 18e siècle sur les fondations médiévales. Une carte postale permet de se rendre compte, avant sa démolition, des deux façades sur cour du château. Une partie ancienne des 15e et 16e siècle dont l’entrée est fortifiée, protégée par une bretèche, s’élève sur un seul étage surmonté d’un étage de comble, tandis que se déploie, à côté, un grand logis de style 18e, scandé par huit travées d’ouvertures donnant sur un vaste perron.

En 1953, l’édifice est en péril et la décision de le démolir est prise malgré la qualité des décors maintenus en place, boiseries, cheminées en marbre, dallages …

Ce château a servi de cadre au roman Patira de Raoul de Navery qui nourrit toujours la légende, de la dame de Coëtquen. Dans le roman Blanche, choisie par son mari dans une famille de riches négociants nantais, prise en haine par ses beaux-frères, qui l’ont séquestrée est réduite à mourir de faim dans une des oubliettes du château, pendant que l’on simule aux Jacobins de Dinan son enterrement solennel. Cette légende a été réactivée par la découverte vers 18OO dans la chapelle des Jacobins d’un tombeau vide où l’on aurait lu l’épitaphe : « Ci-gît très-haute et très-puissante dame Marie L., épouse de très-haut et très-puissant seigneur N. marquis de Coëtquen, comte de Combourg, baron de Vauruffier, laquelle trépassa le 13ème jour de Décembre, l'an 16.. ». La famille de Coëtquen, d'une façon générale, a enflammé l'imagination des romanciers. Charles du Boishamon écrit en 1862 Marguerite de Coëtquen, et Bertrand Robidou fait paraître en 1875 La Dame de Coëtquen.

« La forêt de Coëtquen, que le Moyen-Age désignait sous le nom de la forêt Blanche, parce qu’elle était en partie plantée de bouleaux, donne à ce coin de terre un aspect presque sauvage ».

Guide du voyageur dans la ville de Dinan et ses environs ; par J. Bazouge,... 4e édition. 1879.

Une motte féodale, en lisière de forêt

Le dictionnaire de la noblesse de Bretagne, mentionne en 1140 Raoul, seigneur de Coëtquen, premier du nom. De cette période subsiste une motte féodale, encore perceptible ainsi que des murs talus au nord-est de la forêt, proche du Pas Mainguy, à Saint-Pierre-de-Plesguen. Au XIIe siècle, les de Coëtquen se fondent dans une branche cadette de la famille de Dinan par le mariage d’Hervoïse avec Olivier de Dinan en 1180.

Un château fortifié au 15e siècle

Le nom de Coëtquen est évocateur d’une illustre et importante famille, au service du roi et de la cour : Raoul V (1365-1451) et Jean II ( ?-1491) sont les plus connus pour avoir été gouverneurs de Dinan au 15e siècle. C’est à leur époque que le château est fortifié. Mathurin Eugène Monier, dans son article sur Coëtquen, retranscrit des archives privées, qui rendent compte de luttes de pouvoir entre les seigneurs de Châteauneuf et les de Coëtquen. Le duc Jean V (1389-1442), à la demande du seigneur de Chateauneuf, Michel de Rieux (1394-1473), interdit par un mandement du 16 août 1440, peu de temps après avoir donné son accord, la poursuite des fortifications menées par Raoul V de Coëtquen. Cependant, après la mort du duc, le nouveau logis avec ses nouvelles défenses sont achevés.

Celles-ci s’inscrivent dans un parallélogramme irrégulier de forme losangique. La plus grosse tour, le donjon, est isolée au sud, tandis que le logis, à l’ouest, s’appuie contre une muraille protégée par deux tours en fer à cheval qui surplombent la route. Au sud et à l’est étaient situées des douves alimentées par les ruisseaux du Pont aux Chats et de l’étang de la Chesnaye.

En juin 1575, les terres du domaine sont érigées en marquisat par lettres patentes en faveur de Jean IV de Coëtquen (1525-1604), lieutenant du roi en Bretagne puis gouverneur de Saint-Malo. Cependant, le château assiégé pendant les guerres de la ligue, est mentionné deux décennies plus tard, dans un aveu de 1599 « tout tombé en ruines ».

Un grand logis reconstruit dans le style des ingénieurs

La date de reconstruction du château n’est pas précisément connue. Jean Robin, dans son histoire sur Saint-Hélen, indique d’après des archives disparues, en partie publiées sur Coëtquen, que la démolition du château fut mise en adjudication sur ordre de la Convention et qu’il fut reconstruit dans le style du 18e siècle après la Révolution. Les quelques photos anciennes et dessins représentant la nouvelle façade indiquent une composition de 7 ou 8 travées régulières dans le style sobre des ingénieurs militaires : ordonnancement, symétrie, lucarnes avec moulure incurvée dite en chapeau de gendarme, souches de cheminées épaulées, vaste perron extérieur…

Un démantèlement progressif

L’appareil de défense subit un premier démantèlement après les guerres de la ligue, puis les lois des 6 août 1793 et du 13 pluviose an II (1 février 1794), à l’origine de la la destruction de la plupart des châteaux forts, ajoutent une nouvelle phase de démolition. L’ingénieur Beaugrand, fut chargé d’étudier la destruction des tours et forteresse de Coëtquen. Celle-ci se fit partiellement. Le grand logis de style 18e subit également, plus tard, une triste fin. Suite aux dommages de guerre, le château est classé en péril et dynamité en 1953. Quelques pans de murs résistent toujours et on fait l’objet d’une consolidation et restauration.

  • Période(s)
    • Principale : 12e siècle, 15e siècle, 18e siècle
    • Secondaire : 16e siècle, 17e siècle, 19e siècle
  • Dates
    • 1440, daté par source

En lisière de forêt, la motte féodale est toujours visible, elle est cadastrée sur le plan de 1844, section B, feuille 4, n°778

Le nouveau château est déplacé plus au nord entre deux grands étangs convertis en prairies au 19e siècle. Les cadastres de 1811 et 1844 indiquent la mention d’une ile artificielle, en avant-poste, vraisemblablement un jardin d’eau, mais aussi en parcelle 61 un lieu destiné au jeu de paume. Les parcelles 31 et 32 sont indiquées comme des salines, en raison du salpêtre lié à l'existence des ruines. Ce dernier pouvait être utilisé dans l'alimentation mais aussi employé pour la poudre à canon.

Les fortifications sont défendues par de puissantes murailles et tours sur la route, tandis que de sur l’arrière, les murailles sont protégées par trois petites tours, dont subsiste encore celle à côté de l’entrée actuelle. D’après Frotier de la Messelière, elle serait de la période romane ?, en raison d’une partie de son appareillage « en feuilles de fougères ».

Dans la cour du château, dans le prolongement des anciens logis, mais également contre l’enceinte se sont construits entre le 17e siècle et le 19e siècle des bâtiments, logis et dépendances à usage de ferme.

Les armes des Coëtquen sont : bandé de six pièces d’argent et de gueules

  • Murs
    • granite moellon
    • granite pierre de taille
  • État de conservation
    vestiges
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée
  • Protections
    inscrit MH, 1927/03/09
  • Référence MH

Documents d'archives

Bibliographie

  • MONIER M.E. Châteaux, manoirs et paysages ou quinze promenades autour de Dinan. Mayenne : Joseph Floch, 1975 (nouvelle édition revue et augmentée). P450-456.

  • H. Frotier de la Messelière. Les portraits des sires de Coëtquen. Société d'Emulation des Côtes-d’Armor, 1991.

  • Mémoires de Charles Gouyon, baron de la Moussaye (1553-1587), publiés, d’après le manuscrit original par G. Vallée et P. Parfouru. Partis : ¨Perrin et Cie, libraires éditeurs, 1901

Annexes

  • Coêtquen, extrait des états de section B du cadastre de 1844
  • Extraits de l'article de Frotier de la Messelière : les portraits des sires de Coëtquen
Date(s) d'enquête : 2018; Date(s) de rédaction : 2018