Dossier d’œuvre architecture IA22132861 | Réalisé par ;
  • inventaire topographique, Lannion-Trégor Communauté
  • enquête thématique régionale, Architecture urbaine en pan de bois
Maison d'aubergiste, 22 rue Ernest Renan (Tréguier)
Œuvre étudiée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Schéma de cohérence territoriale du Trégor - Tréguier
  • Commune Tréguier
  • Adresse 22 rue Ernest Renan
  • Précisions
  • Dénominations
    maison
  • Parties constituantes non étudiées
    cour jardin

Cette maison de marchand fait partie des plus anciennes habitations de Tréguier. Son emplacement exceptionnel sur deux rues, son plan à deux pièces par niveau avec accès différenciés, son sous-sol accessible depuis le rez-de-chaussée par une vis mais aussi depuis la cour par une grande porte pourraient parler en faveur d'une maison d'aubergiste. Malgré ses nombreux remaniements, sa structure est conservée. La visibilité et la cohérence entre l'extérieur et l'intérieur permet de comprendre l'évolution de cet édifice dans le temps.

Protégé au titre des monuments historiques, cet édifice dispose d'une notice sur le portail Mérimée du Ministère de la culture, notice accessible par le lien en bas de page.

Maison de marchand, peut-être d'aubergiste, construite dans la première moitié du 15e siècle à l'angle des rues Renan (ancienne rue grande) et Stanco. L'analyse dendrochronologique réalisée en septembre 2024 indique une première phase de construction à l'automne-hiver 1433-1434. Le poteau cornier au rez-de-chaussée du pignon ouest, daté de 1525-1555, pourrait correspondre à une réparation.

Au début du 17e siècle, peut-être pour des raisons de prestige, l'escalier en vis dans oeuvre est supprimé (seule la descente de cave est conservée), il est alors "externalisé" dans une tourelle accolée au mur gouttereau sud. Une pièce haute le surmontait, encore visible sur des photographies du début du 20e siècle. A l'occasion de ce changement d'escalier, le mur gouttereau Sud est en partie remonté pour ajouter des cheminées au rez-de-chaussée et à l'étage en complément de celles qui existent déjà sur le pignon Est. Plusieurs indices plaident en faveur de ce remaniement important : la reprise du mur Sud (décalage d'une quinzaine de centimètres visible au niveau de la descente de cave) ; la ferme de charpente avec ancrage de pannes indiquant un report du toit significatif ; la modénature des cheminées du mur gouttereau Sud étant différente de celle des cheminées du pignon Est.

Les rôles de capitation attestent de la succession de plusieurs propriétaires-aubergistes au cours du 18e s., à mettre peut-être en lien avec la pierre sculptée du martyr de Saint-Laurent, patron des aubergistes et rôtisseurs (Béthus 2024 : 45-46).

Au 19e siècle, les façades à pan de bois sont recouvertes d'un enduit caractéristique, les baies sont modifiées (rez-de-chaussée des façades Nord et Ouest) d'autres sont créées (étage du pignon Ouest). C'est peut-être à cette époque que la cloison du rez-de-chaussée, formant séparation entre l'espace commercial et l'espace privé, a été supprimée ainsi que d'autres cloisons dont on devine l'existence grâce aux traces de mortaises laissées dans les poteaux et le coyer d'angle : elles délimitaient peut-être des espaces avec échoppes en façade.

Un corps de logis secondaire sur cour est ajouté avant 1834 (cf. cadastre ancien), annexe de la maison avec laquelle il communique.

Dans la seconde moitié du 20e siècle, l'enduit est ôté et les façades sont fortement restaurées : potelets, croix de Saint-André en allège et baies sont modernes, restituées partiellement d'après des éléments subsistants. Sur le pignon Ouest, au rez-de-chaussée, la partition des ouvertures est remaniée : la croisée tripartite actuelle était traitée à l'origine en baie jumelée avec poteau d'huisserie central. Les baies du rez-de-chaussée de la façade Nord sont en place avec les traces de chanfrein et de coussinets similaires à ceux de la porte aujourd'hui bouchée.

  • Période(s)
    • Principale : 1ère moitié 15e siècle, 1er quart 17e siècle
    • Secondaire : 2e moitié 20e siècle
  • Dates
    • 1433, datation par dendrochronologie

Cette maison à double façade d'angle en pans de bois présente deux façades dissymétriques. L'étage en encorbellement sur poutres soulagées par des aisseliers est porté par des poteaux de bois et des murs bahuts. Le coyer, élément de structure horizontal de la poutraison, placé à l'angle au niveau de l'encorbellement, assure la liaison entre les deux façades. Le système d'allège en croix de Saint-André à l'étage de la façade nord ne se retrouve pas sur le pignon qui reçoit un éclairage horizontal par une série de baies.

L'édifice de plan allongé abrite deux pièces par niveau avec une cheminée en pignon et une cheminée sur gouttereau. A l'origine, le rez-de-chaussée était partitionné en deux pièces par une cloison en bois, comme en témoignent les traces de mortaises sur un des poteaux de la porte nord. Cette partition explique l'existence des deux accès, l'un au nord (aujourd'hui bouché) pour la partie privative, l'autre dans le pignon ouest pour la partie commerciale à usage de boutique ou d'auberge.

Les accès à la cave et à l'étage sont dissociés : la tour d'escalier latérale accolée au mur gouttereau sud sur cour dessert l'étage et le comble tandis qu'un escalier en vis dans oeuvre assure la descente à la cave. Cette descente devait être isolée par des cloisons de bois formant sas, éclairée par la petite baie située en contre-haut. Le sous-sol est également accessible depuis la cour, par la large porte ouverte dans le mur sud probablement pour faire passer les barriques de vin. Les piédroits soigneusement moulurés de cette porte témoignent de la valeur de la marchandise entreposée dans ce sous-sol.

L'escalier dessert les deux chambres à feu et le petit bâtiment secondaire sur cour accolé à la maison. Sur le palier du comble, le départ d'une vis secondaire est visible. Elle desservait une pièce haute de plan carré couverte d'un toit en pavillon, située au sommet de la tour d'escalier, aujourd'hui disparue.

L'analyse d'archéologie du bâti propose une restitution phasée des deux façades en pan de bois (Bethus 2024 : 53 et 58). La reprise de la façade dans les années 1960 a engendré le remplacement de nombreux bois : côté ouest, les poteaux, la sablière de plancher et les entretoises sont d'origine. Seuls les goussets de la porte d'entrée formant une accolade sont du 15e s. et des marques de charpentier confirment leur homogénéité avec les poteaux. Côté nord, les poteaux, sablière de plancher, entretoises, une partie de la sablière de plancher ainsi que les parties hautes des poteaux et linteaux sont d'origine. La porte d'entrée centrale, aujourd'hui bouchée, dispose de goussets similaires à celle du pignon. A l'étage, le pan de bois dessine une série de petites ouvertures à imposte qui devaient former une claire-voie éclairant les chambres.

  • Murs
    • bois pan de bois
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    1 étage carré
  • Couvrements
  • Couvertures
    • toit à longs pans pignon couvert
    • noue
  • Escaliers
    • escalier hors-oeuvre : escalier en vis en maçonnerie, en charpente
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée
  • Protections
    inscrit MH, 1964/03/10
  • Référence MH

Bibliographie

  • LELOUP, Daniel. La maison urbaine en Trégor aux 15e et 16e siècles. Rennes, Presses universitaires de Rennes, collection "Art et Société", 1996, 226 p.

  • Teddy Béthus, "La maison du Tisserand" : étude d'une maison en pan de bois de Tréguier, Rapport de diagnostic archéologique, INRAP Grand ouest, 140 p., novembre 2024.

    Service Régional d'Archéologie (Bretagne)
    Béthus 2024

Documents figurés

  • Tableau d'assemblage et plans parcellaires de la commune de Tréguier, 1834.

    Archives départementales des Côtes-d'Armor : 3P 362/1-4
Date(s) d'enquête : 2017; Date(s) de rédaction : 2017, 2025