Maison de marchand, peut-être d'aubergiste, construite dans la première moitié du 15e siècle à l'angle des rues Renan (ancienne rue grande) et Stanco. L'analyse dendrochronologique réalisée en septembre 2024 indique une première phase de construction à l'automne-hiver 1433-1434. Le poteau cornier au rez-de-chaussée du pignon ouest, daté de 1525-1555, pourrait correspondre à une réparation.
Au début du 17e siècle, peut-être pour des raisons de prestige, l'escalier en vis dans oeuvre est supprimé (seule la descente de cave est conservée), il est alors "externalisé" dans une tourelle accolée au mur gouttereau sud. Une pièce haute le surmontait, encore visible sur des photographies du début du 20e siècle. A l'occasion de ce changement d'escalier, le mur gouttereau Sud est en partie remonté pour ajouter des cheminées au rez-de-chaussée et à l'étage en complément de celles qui existent déjà sur le pignon Est. Plusieurs indices plaident en faveur de ce remaniement important : la reprise du mur Sud (décalage d'une quinzaine de centimètres visible au niveau de la descente de cave) ; la ferme de charpente avec ancrage de pannes indiquant un report du toit significatif ; la modénature des cheminées du mur gouttereau Sud étant différente de celle des cheminées du pignon Est.
Les rôles de capitation attestent de la succession de plusieurs propriétaires-aubergistes au cours du 18e s., à mettre peut-être en lien avec la pierre sculptée du martyr de Saint-Laurent, patron des aubergistes et rôtisseurs (Béthus 2024 : 45-46).
Au 19e siècle, les façades à pan de bois sont recouvertes d'un enduit caractéristique, les baies sont modifiées (rez-de-chaussée des façades Nord et Ouest) d'autres sont créées (étage du pignon Ouest). C'est peut-être à cette époque que la cloison du rez-de-chaussée, formant séparation entre l'espace commercial et l'espace privé, a été supprimée ainsi que d'autres cloisons dont on devine l'existence grâce aux traces de mortaises laissées dans les poteaux et le coyer d'angle : elles délimitaient peut-être des espaces avec échoppes en façade.
Un corps de logis secondaire sur cour est ajouté avant 1834 (cf. cadastre ancien), annexe de la maison avec laquelle il communique.
Dans la seconde moitié du 20e siècle, l'enduit est ôté et les façades sont fortement restaurées : potelets, croix de Saint-André en allège et baies sont modernes, restituées partiellement d'après des éléments subsistants. Sur le pignon Ouest, au rez-de-chaussée, la partition des ouvertures est remaniée : la croisée tripartite actuelle était traitée à l'origine en baie jumelée avec poteau d'huisserie central. Les baies du rez-de-chaussée de la façade Nord sont en place avec les traces de chanfrein et de coussinets similaires à ceux de la porte aujourd'hui bouchée.
Chargée d'études Inventaire