Un contexte international tendu
Juste avant la Seconde Guerre mondiale, dans un contexte international tendu, le gouvernement incite les établissements bancaires à mettre en sécurité les titres de leurs clients, loin de la frontière et des centres menacés du Nord et de l’Est de la France. La banque nationale pour le commerce et l’industrie BNCI, aujourd'hui la banque nationale de Paris et des Pays-Bas, (BNP Paribas), fait le choix de se replier en 1938 sur l’important site de Taden, au château de la Conninais. Les tours du manoir sont utilisées, dans un premier temps, en salles fortes et les pièces d’habitation transformées en salles de travail. C’est à l’occasion de ces premiers regroupements et compte tenu des possibilités importantes du site, d’une superficie de 12 hectares, que l’idée de centraliser l’ensemble des valeurs mobilières s’est rapidement concrétisée.
Une architecture austère : des réminiscences régionalistes
Un cabinet d’architectes parisiens : André Aubert-Jean Saubot-Alfred Pronier est mandaté pour la construction d’un bâtiment de conservation des titres « destiné à devenir un centre modèle ». Dès 1939, les plans sont approuvés et les travaux sont rapidement amorcés en 1940. L’édifice, est cependant achevé huit années plus tard. Édifié comme une « caserne militaire », le centre de gestion est composé de trois corps de bâtiments, formant un plan en U. Il a été entièrement conçu en pierre de taille de granite local, l’un gris-bleu pour les soubassements et les encadrements des baies, l’autre de couleur grège plus claire, pour le gros œuvre. Le choix du granite, l’allure massive et très austère du bâtiment avec ses hautes toitures d’ardoises, ses imposantes lucarnes à frontons courbes sont surprenants pour cette agence d’architecture parisienne. André Aubert, prix de Rome, remporte en 1934 le concours pour les musées d’art moderne de la ville de Paris (Palais de Tokyo), conçu pour l’exposition internationale des arts décoratifs de 1937. Le style art déco des musées de Paris contraste avec le choix à Taden d’une architecture régionaliste, vraisemblablement réfléchie avec les services de l’État. Les nouvelles lois sur les abords des monuments Historiques sont en cours, elles seront approuvées le 25 février 1943.
Un équipement de référence
Alfred Pose, Directeur Général de la B.N.C.I (1932-1950), réorganise la banque de façon plus moderne. Il est à l’origine de la transformation des services, en central et en province. A Taden, le centre de gestion des titres est conçu comme une référence en matière de gestion des tâches : hiérarchie rigoureuse, procédures administratives et comptables strictes, surveillance et discipline drastiques. Le travail est rationalisé avec une mécanisation importante des traitements bancaires. Des machines automatiques de comptabilité et de statistiques ont été mises en place, dans les années 1950, pour poinçonner, trier…, comme celles des maisons BULL et SAMAS à Paris. Des meubles spécifiques pour l’archivage ont été également créés, notamment, dans le « service mouvement » où des chaises montées sur des rails ont été conçues. Elles facilitaient le déplacement des employés chargés de rechercher et de consulter les fichiers, dès qu’un déposant effectuait une opération. Le « fichier valeur » représentait entre 1945 et 1955 environ 40 000 cartes qui étaient actualisées tous les trois ou quatre jours. 1200 salariés travaillaient à la Conninais vers les années 1950. Cet immense complexe bancaire, géré comme usine était pourvu d’ateliers de menuiserie, de fonderie, de mécanique afin de pouvoir tout réparer sur place, en toute sécurité. Des services annexes étaient également proposés aux salariés : restauration, salle de repos, service social, service médical, crèche, activités sportives en tous genres (athlétisme, basket, foot, volley, tennis, jeux de boules, natation avec plongeoir sur l’étang). A partir de 1984, avec la dématérialisation des titres, de nouveaux « process informatiques » sont progressivement mis en place. Le centre emploie de moins en moins de salariés et le bâtiment n’est plus occupé en totalité.
Photographe à l'Inventaire