Kerprigent est signalé comme un ancien "lieu noble" de la paroisse de Minihy-Tréguier, il s’agit d’une seigneurie avec droit de basse justice s’exerçant à Tréguier et des prééminences dans l’église-cathédrale de Tréguier et dans l’église de Langoat.
Jean de Kermel (en référence à la seigneurie homonyme de Pleubian), fils de Gilles de Kermel et de Jeanne de Rosmar est dit seigneur de Kerprigent en 1600. Le fief est détenu par Gabriel-Marie de Kermel en 1758. La ferme de Kerprigent est exploitée en convenant par "François Le Du et consorts, colons" suivant une déclaration de 1778.
La seigneurie de Kerprigent est vendue vers 1785 pour la somme de 4 000 livres à Louise-Célestine-Jeanne Gouyon, comtesse de Kermel au nom de son fils Emmanuel-Armand-Sévère de Kermel, comte de Kermel, sous-lieutenant aux Gardes Française, époux de Louise L’Ollivier de Tronjoly. Sa prise de possession mentionne : "une chapelle dédiée à Notre-Dame du Folgoat, le fief et la juridiction de Kerprigent, un escabeau et une tombe dans le chœur de l'église de Langoat, du côté de l'épître, et joignant la tombe de sainte Pompée, le manoir noble de Kermarec…".
Le cadastre de 1835 figure trois ensembles bâtis associés au toponyme "K[er]prijan". Situé le long du chemin, l’ensemble qui nous intéresse est composé de cinq bâtis au centre duquel se trouve la cour. Selon les états de section du cadastre de 1835, "Kerprigent bian" appartient à Yves Yaouanc qui habite le lieu-dit Kerprigent. Les parcelles sont désignées comme "Liors ar Leur, labour" (n° 452), "l’aire et bâtiment" (n° 453), "maison, bâtiment et cour" (n° 454), "jardin" (n° 455 et 456), "ar c’hlos bian", labour" (n° 457).
Plusieurs parcelles sont également rattachées au "Convenant Kerprigent bras" (n° 555) en 1835 : les bâtiments et les terres appartiennent en fond à "Trogoff Coat Alio femme [?]", habitant à Lannion mais sont exploitées par Yves Yaouanc désigné comme "colon". On trouve notamment "coat buen, taillis" (n° 450), "parc ar leur, labour" (n° 553), "Loguel Louis [?], labour" (n° 457), d’autres parcelles composées de terre labourable et un jardin (n° 554).
Selon le recensement de population (base Censo-net du Centre généalogique des Côtes-d'Armor), le lieu-dit Kerprigent abritait trois ménages en 1906 :
- Jean Balch, cantonnier et son épouse Anne-Marie Boulch (5 enfants) ;
- Mathurin Riou, cultivateur et son épouse Joséphine Menguy (2 enfants) ;
- Pierre Yaouane, cultivateur de 55 ans (6 enfants).
A Kerprigent bian (Bihan), un ménage :
- Guillaume Proudhom, cultivateur et son épouse Françoise Goarin ; le père, Yves Proudhom et sa femme Madeleine Sapin, respectivement âgés de 73 et 71 ans (recensées comme "rentiers") ; Yves Marie Goarin, le beau-frère, cultivateur de 33 ans, sa nièce de 7 ans et deux domestiques qui habitent Coz Forn ("le vieux four") tout proche.
Deux autres ménages habitent le lieu-dit Coz Forn :
- Guillaume Grace et sa femme Monique Yaouane, 53 ans tout deux et leur neveu de 13 ans recensé comme "pâtre" ;
- Yves Marie Corlouer, cultivateur et son épouse Marie-Louise Proudhom et leurs deux enfants.
Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.