A Loguivy-lès-Lannion, qui fait partie du grand Lannion depuis 1961, il existe deux fontaines sous le patronyme de Saint-Ivy : la Fontaine Saint-Ivy du Haut et Saint-Ivy de la Rive. Souvent ignorée, cette dernière est située en bas de l’enclos paroissial, au bout du quai à sable, rive gauche du Léguer. Un escalier accède à la fontaine. Construite en granite bistre à grain moyen, elle date du 16e siècle. Elle a été restaurée en 1970 par des membres de l’ARSSAT et les services techniques de la municipalité. En juin 1991, la fontaine nécessite une nouvelle rénovation : la maçonnerie de l’escalier est reprise et les joints sont refaits par la ville. Un chemin de randonnée est également créé dans les bois derrière la fontaine, la rendant ainsi plus visible.

Il s’agit d’une fontaine à bassin rectangulaire s’ouvrant au pied d’un mur, pourvu d’une niche encadrée d’un arc en accolade et surmonté d’une croix très simple. Dans la niche la statue de saint Ivy en évêque ou en abbé mitré. Des bancs de repos encadrent le bassin. Le monument fait une largeur totale de 5,3 m, une hauteur de 2,15 m pour une longueur de longueur de 4,6 m. Du côté de la rivière, la fontaine constitue un quai. Les bateaux remontant le Léguer à marée haute pouvaient y accoster et remplir leurs tonneaux d’eau douce au bassin d’une contenance de 792 litres.

Une autre réserve d’eau douce, se situait non loin de là avant l’extension du quai à sable, bien identifiée sur le cadastre napoléonien. L’échouage permettait de remplir par marée basse les barriques des bateaux, chacune d’une contenance de 200 litres environ. C’est ce que l’on nomme une aiguade. Il ne reste plus qu’un petit bassinet à peine visible sous les broussailles.

Cette fontaine sacrée a le pouvoir de prédire le sort des nouveau-nés. Il faut pour cela poser la première chemise de l’enfant sur l’eau du bassin : si elle flotte ou si les manches surnagent, c’est signe de vie.

Saint Ivy, moine irlandais, aurait été l’un des derniers saints immigrants arrivés de Grande-Bretagne en Armorique. D’après Dom Lobineau, il serait originaire d’Ecosse. Lorsque ses parents, Branon et Egida meurent, il est recueilli par saint Cuthbert évêque de Lindisfarne. Sur cette île située le long de la côte nord-est de l’Angleterre, près de la frontière avec l’Ecosse, qui fait office d'un des centres les plus importants du christianisme anglais primitif, il prend les habits religieux après avoir été ordonné diacre. Il acquière une grande réputation grâce à ses vertus et ses miracles. Fuyant cette notoriété, il gagne l’Armorique et la sillonne en tous sens, ce qui expliquerait que plusieurs localités bretonnes portent son nom : Saint-Yvi et Saint-Divy dans le Finistère, Loguivy-Plougras, Loguivy-lès-Lannion et Loguivy-de-la-Mer. De même, La chapelle Saint-Evy, en Saint-Jean-Trolimon, lui est aussi dédiée.