• inventaire topographique, Quimperlé
  • enquête thématique régionale, Architecture urbaine en pan de bois
Maison, 15 place Saint Michel (Quimperlé)
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Quimperlé - Quimperlé
  • Commune Quimperlé
  • Adresse 15 place Saint Michel
  • Cadastre 1824 F 499  ; 1996 AR 414
  • Dénominations
    maison
  • Genre
    de commerçant

L'étude des bois de cette maison ont révélé une première phase de construction entre 1394 et 1409, ce qui en fait la plus ancienne maison en pan de bois datée par dendrochronologie à ce jour en Bretagne (en 2023). Sa disposition intérieure est singulière puisqu'elle associe au premier étage une salle sous charpente avec une chambre suspendue dans les combles. Cet aménagement, repéré dans une maison aux dates similaires à Angers (44), reste pour l'heure une exception régionale. L'état actuel occultant en grande partie sa structure, gageons que sa restauration apportera de nouvelles informations inédites.

Cette ancienne maison de commerçant donnait sur la "place aux porcs", dénomination encore en vigueur sur le cadastre de 1824. Au sud, elle était mitoyenne d'une maison disparue qui figure sur des documents anciens. Le plan étroit et profond, l´encorbellement prononcé du premier niveau en pan de bois et la forme de la cheminée indiquent une construction du milieu ou de la fin du 15e siècle. Sans doute pas d´origine, l'essentage d´ardoise est ancien, tout comme les deux étals.

[Christel Douard, enquête topographique, 2001 ; Catherine Toscer, enquête topographique, 2003]

L'analyse dendrochronologique identifie trois périodes d'abattage des arbres dont la première correspond à la construction initiale du bâtiment entre 1394 et 1409. La maison dispose alors d'un rez-de-chaussée commercial, d'un étage chauffé avec une partie directement sous charpente et d'une chambre suspendue dans les combles. La façade arrière présente quant à elle une mise en œuvre au printemps 1579. Enfin, un remaniement est identifié à l'automne-hiver 1669-1670 notamment au niveau de la trémie de la cheminée du rez-de-chaussée.

[Fanny Gosselin, enquête thématique "Inventaire de l'architecture urbaine en pan de bois en Bretagne", 2023]

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 14e siècle , datation par dendrochronologie
    • Principale : 1er quart 15e siècle , datation par dendrochronologie
    • Secondaire : 4e quart 16e siècle , datation par dendrochronologie
    • Secondaire : 2e moitié 17e siècle , datation par dendrochronologie

Gros-œuvre en moellon de schiste et de granite, à l´exception de l´élévation principale, en pan de bois à essentage d´ardoise. Toit à fermes débordantes. Maison à plan allongé. Encorbellement sur solives. Mur pignon sur rue/en profondeur. Cheminée sur gouttereau.

[Christel Douard, enquête topographique, 2001 ; Catherine Toscer, enquête topographique, 2003]

Maison mixte en maçonnerie et pan de bois dont le pignon principal ouvre sur la place. D'environ 5,80 m de large pour 10,80 m de long, elle comporte deux niveaux et un comble (pas de cave). Une moulure orne la partie haute de la sablière du rez-de-chaussée ; soutenue par des poteaux, celle-ci reçoit les solives qui forment un encorbellement profond d'environ 1 m. A l'est, un aisselier renforce la liaison poteau-solive. Un second aisselier relie le poteau central à une pièce de bois filante, moulurée, qui semble supporter à son tour les solives débordantes. A l'ouest, le dévers de l'encorbellement est compensé a posteriori par un massif de moellons qui englobe un troisième aisselier. Les étals, remaçonnés, incorporent les poteaux du rez-de-chaussée ce qui ne correspond pas aux dispositions d'origine.

Le pan de bois de la façade principale, occulté par un essentage d'ardoises, révèle de l'intérieur un plan en grille recoupé par une pièce horizontale filante qui sert d'appui pour les deux petites baies du premier niveau. Des mortaises veuves dans la sablière de chambrée indiquent la disparition de poteaux. Sur ceux d'origine encore en place, on observe des rainures de chaque côté et sur toute la hauteur (vestiges de volets coulissants ?), des arêtes chanfreinées ainsi que des fragments de torchis.

A l'intérieur, le rez-de-chaussée comporte un vaisselier et deux niches dans le gouttereau est ainsi qu'un placard, une petite baie et une cheminée du 16e-17e siècle dans le mur ouest, dont le conduit maçonné forme une très haute souche en extérieur afin de dépasser le faîtage. L'accès à l'étage se trouvait initialement dans le coin sud-est ; le noyau en chêne d'une section de 14 cm de l'ancien escalier ainsi qu'une marche sont encore identifiables.

Cette maison présente une disposition originale : en effet, le premier étage est une pièce non plafonnée dans sa partie arrière et chauffée par une cheminée incorporée au gouttereau est. Les trois fermes qui composent la charpente sont de type "armoricaines", caractérisées par des liens courbes reliant entraits, arbalétriers et poinçons. Le décor de chanfreins et moulures sur les poinçons ajoute à l'esthétique de cette partie architecturale rendue visible. Côté place, l'espace compris entre les deux fermes est pourvu d'un plancher, formant ainsi une "chambre suspendue" qui était probablement accessible via une échelle de type meunier. Une organisation interne comparable est identifiée au 17 rue Saint-Aignan à Angers (Biguet O., Letellier-D'Espinonse D., 2013). Contemporaine du 15 place Saint-Michel, cette maison du quartier ecclésiastique, datée par dendrochronologie de l'automne-hiver 1399-1400, présente un rez-de-chaussée non chauffé et largement ouvert sur la rue, un étage soigné avec cheminée et un comble lui aussi chauffé dont la partie postérieure est planchéiée entre deux entraits et pourvue d'une cloison en pan de bois d'origine.

S'ils ne semblent pas avoir remis en cause le système de salle sous charpente et pièce suspendue, des remaniements d'importance ont été opérés au 16e siècle au rez-de-chaussée afin de le chauffer, et en façade arrière dotée d'un pan de bois daté par dendrochronologie de 1579. Mitoyenne, cette façade se compose dans sa partie visible de poteaux verticaux recouverts par l'extérieur d'un voligeage.

La réalisation d'un diagnostic sanitaire en 2022 dans le cadre d'un appel à projet de la Région Bretagne permet d'identifier les désordres en cours et propose une lecture architecturale illustrée par différents plans et coupes du bâtiment. Il est consultable en annexes.

[Fanny Gosselin, enquête thématique "Inventaire de l'architecture urbaine en pan de bois en Bretagne", 2023]

  • Murs
    • granite moellon
    • schiste moellon
    • bois pan de bois essentage d'ardoise
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    1 étage carré
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • pignon couvert
  • Escaliers
  • Typologies
  • État de conservation
    restauré
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Protections
    inscrit MH, 1928/10/19
  • Précisions sur la protection

    Elévation et toiture : inscription par arrêté du 19 octobre 1928.

  • Référence MH

Il s´agit de l´unique maison en pan de bois conservée sur cette place qui en comptait un nombre important jusqu´au début du 20e siècle. Sa structure, bien que fragilisée, demeure globalement intacte.

Documents d'archives

  • A.D. Finistère, 3 P 292. Quimperlé cadastre de 1824, section F.

Bibliographie

  • BIGUET Olivier, LETELLIER-D'ESPINONSE Dominique - "Les maisons en pan de bois d'Angers. L'apport de la dendrochronologie et des sources documentaires.", in ALIX Clément, EPAUD Frédéric (dir.), La construction en pan de bois, 2013.

Annexes

  • Diagnostic sanitaire réalisé par Vivek Pandhi (2022)
Date(s) d'enquête : 2001; Date(s) de rédaction : 2003, 2023