Le patrimoine linier et chanvrier lié à la mécanisation

L'ensemble de la Bretagne est lié par une histoire forte avec le lin et le chanvre. Des olonnes de Locronan aux noyales de Noyal-sur-Vilaine en passant par les crées du Léon et les bretagnes du centre Bretagne, l’exportation des toiles par les ports de Pouldavid, Landerneau, Morlaix ou Saint-Malo a généré des richesses.

À la fin du XVIIIe et début du XIXe siècle, la concurrence avec les étoffes venues des comptoirs coloniaux du monde entier (soieries, indiennes, coton…) et le processus d'industrialisation né dans le nord de l'Europe, amènent les négociants à réfléchir à la fabrication des toiles locales.

C’est « autant l’aboutissement d’une stratégie économique pour quelques-uns qu’une contrainte due à la crise du textile breton » nous dit Yves Blavier.

La main d’œuvre bretonne n'est pas préparée au passage d’une manufacture artisanale à l’industrie. Certains dirigeants, à l'exemple de la Société linière de Landerneau, font alors appel à des ouvriers « Anglais », terme générique englobant les Écossais et Irlandais. Les travailleurs britanniques sont rompus au travail mécanique, une véritable révolution industrielle ayant été lancée, notamment dans la production textile, dès la deuxième moitié du XVIIIe siècle au Royaume-Uni. Ils ont un rôle de formation, d’encadrement et de maintien de la productivité.

L'exemple des filatures

Du XVIe au XVIIIe siècle, les manufactures des toiles de Bretagne ont produit et transformé du lin pour habiller les marins des navires, les colons des Amériques, les tables les plus riches et du chanvre pour les voiles et les cordages des navires de commerce. Les marchands, négociants et armateurs ont tiré profit et leçons de cette économie ; ils ont réfléchi à la rentabilité de ce commerce et à sa mécanisation dès le début du XIXe siècle. Ils se sont alors inspirés des techniques des Anglo-saxons, en avance en matière de mécanisation et ont associé la production mécanique avec la méthode traditionnelle plus réactive pour des commandes spécifiques.