Dossier d’œuvre architecture IA29133545 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, Les ports de Bretagne
Forme de radoub n°2, quai de réparation n°1, port de commerce (Brest)
Œuvre étudiée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Bretagne - Brest Centre
  • Hydrographies
  • Commune Brest
  • Dénominations
    bassin de radoub, quai

De propriété régionale, la concession de la forme n°2 est attribuée à la Chambre de Commerce et d'Industrie (CCi) de Brest puis à la Société portuaire Brest Bretagne. Son exploitant en est l'entreprise DAMEN. Dédiée à la réparation navale, elle a été construite en 1968 et permet d'accueillir des navires portant charge jusqu'à 280 000 DTW. Un quai de réparation à flot (QR) lui est associé. Le choix technique du béton est le même que pour le barrage de l'usine marée-motrice de la Rance construite en 1966.

Une solution technique dans un contexte mondial

Le développement des formes de réparation au cours du 3e quart et 4e quart du 20e siècle est à appréhender dans un contexte mondialisé des échanges commerciaux et par conséquent de la circulation des navires ; la concurrence est vive entre les ports mondiaux proposant ce type de service. La forme 1 accueille des pétroliers (35 000 tonnes) jusqu'en 1956, année à partir de laquelle les tonnages ont augmenté. L'absence de quai de réparation à flots est aussi préjudiciable à l'attractivité du port de Brest dans les années 1950. Le projet de construction de la forme 2 permet ainsi de replacer le port de Brest dans la concurrence européenne.

Quelques chiffres concernant l'évolution des tonnages et des dimensions des pétroliers entre 1940 et 1967 :

1940 : 22 000 tonnes de port en lourd le Palmyre (compagnie navale des pétroles, France)

1952 : 32 000 tonnes de port en lourd le Bérénice (compagnie auxiliaire de navigation, France)

1956 : les navires atteignent 40 000 tonnes ; 1959 : 50 000 tonnes

1961 : 78 000 tonnes le Sitala (Shell, anglo-néerlandaise)

1964 : 92 000 tonnes le Roger Gasquet (France). A partir de 1965, les dimensions sont exponentielles nécessitant d'adapter les projets de formes ( 200 m en 1952 à 300 m en 1967).

Quant aux tonnages en 1967, ils sont de 100 000 à 150 000 tonnes port en lourd.

Une demande des armateurs français dans la dynamique de l'après-guerre

En 1957, le comité central des armateurs de France consulté pour la préparation du IIIe plan de Modernisation et de l'Equipement "maintient que Brest doit être pourvu d'une cale pour très grand pétrolier. En effet, par sa situation géographique unique, par l'existence d'entreprises de réparations navales susceptibles de développement, par ses ressources en main d'œuvre, Brest est tout désigné pour devenir un centre de réparation de pétroliers ou même d'autres navires passant à proximité, avec deux cales et au moins 4 quais pouvant traiter au minimum six navires simultanément." (rapport 31 mai 1957). Suite à cela, se pose la question du développement du port de Brest dont le projet inclut de facto l'avant-projet de la forme 2.

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la Chambre de Commerce de Brest souhaite développer et étendre le port par la création de terre-pleins, vers l'Est, afin d'accueillir, dès la fin des années cinquante, des quais dédiés au déchargement de houille (tour de déchargement, grues, réseau de tapis transporteurs) et à son transport par cabotage vers d'autres ports Bretons.

Lorsqu'en 1957 est acté la demande par le comité central des armateurs de France d'installer une cale sèche à Brest, en complément de la forme 1, les terre-pleins situés dans le secteur "Tritschler" sont identifiés. Servant de décharge publique depuis la fin des années 40, il s'agit d'une zone délaissée, qui permet d'imaginer l'installation de quais et d'une entrée de forme orientée sud-est, et ce, pour plus de facilité d'accès.

La création de la zone industrielle portuaire (ZIP), par le comblement de l'anse de Saint-Marc, en 1963-1964, s'inscrit dans cette logique de développement portuaire. Le maintien des activités de réparation navale nécessite une adaptation des infrastructures aux dimensions des navires. Ainsi, plusieurs avant-projets sont proposés entre 1958 et 1960 année de la décision ministérielle (11/07/1960) validant la création d'une cale sèche. Les travaux sont lancés par décret du 4 décembre 1961.

La forme 2 de radoub est intégrée au terre-plein dont l'édification est concomitante. 3, 2 millions de m3 de matériaux sont nécessaires pour le chantier du polder dont le maître d'œuvre est les Ponts et Chaussées ; les Ponts et Chaussées apportent aussi un conseil technique à la Société d'économie mixte pour l'aménagement de l'équipement de la Bretagne (SEMAEB) qui est en responsabilité du projet.

Le coût de construction de la forme est de 44 millions (22 millions pour l'Etat ; le reste étant supporté pour un tiers chacun par le Conseil Général du Finistère, la ville de Brest et la Chambre de Commerce de Brest). Le premier navire est reçu le 9 février 1968. Une grue marteau Titan de 80 tonnes (entreprise Joseph Paris) et les installations de dégazage sont achevées en octobre 1968. Le quai de réparation (QR1) est mis en service au cours du second semestre 1969.

Dès la première année de son exploitation, la forme 2 accueille des pétroliers de 30 000 à 125 000 tonnes. A la même époque, le chantier portugais de Lisnave, à Lisbonne, inaugure une forme permettant les mêmes capacités d'accueil pour les pétroliers. L'outillage devant permettre à la forme de rester compétitive est mis à jour : en 2016, la grue Titan est démantelée. Soulevant jusqu'à 80 tonnes, elle avait été installée lors de la construction de la forme. Elle a été remplacée par la grue Ardelt Kranich 3000 d’une capacité de 90 tonnes.

En 1975, la réparation navale civile employait de 100 à 1500 personnes en exploitant la forme 1 , la forme 2 et les quais de réparation 1, 2 et 3. La création d'une 3e forme complète l'ensemble en 1980 (plan de relance de l'économie française-1975).

Forme de radoub en béton armé : bajoyer tribord, bajoyer bâbord, bajoyer en fond de darse, radier, tête de forme, aqueducs et DAC.

Bajoyers indépendants ; radier -découpé en plots- ancré sur rocher ; câbles de précontraintes "Freyssinet" ; voûte à double courbure

Forme de radoub de 338 mètres associée à un talus (160m de long sur 15 m de large) soutenant par enrochements le terre-plein (remblais) et le protégeant de l'action de la houle. La forme n°2 est fermée par un bateau-porte à ballasts, en acier, de 55 mètres de long, recevant un platelage en bois.

Bollards (200t.), organeaux, passerelle, coffre électrique, défenses d'accostage, dispositif de retenue et équipements de secours, associé à un local pour les manœuvres, complètent les équipements du bateau-porte, qui après déballastage entre dans un garage latéral avec gabion en extrémité ; situé à proximité de la station de pompage.

Procédé Benoto (société de construction de bennes automatiques, Paris) pour la voûte en pieux sécants.

Quai de réparation : implanté parallèlement à la forme ; dalles fondées sur pieux et poutres ; 320m de long

  • Murs
    • béton
  • Mesures
    • la : 55 m
    • l : 338 m
  • Précision dimensions

    Largeur : 55m à la base du radier ; longueur totale à la base du radier : 342m ; longueur utile après échouage du bateau-porte : 338m

  • Statut de la propriété
    propriété de la région, Exploitant DAMEN Concession CCI/SPPB
Date(s) d'enquête : 2022; Date(s) de rédaction : 2022