Dossier d’œuvre architecture IA29133589 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, Lycées en Bretagne
La chapelle - salle audiovisuelle (disparue) de la cité scolaire Kerichen, dite aussi "Campus Kerichen" (Brest)
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Archives municipales et communautaires

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Bretagne
  • Commune Brest
  • Adresse boulevard Léon Blum
  • Dénominations
    chapelle
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante

La salle audiovisuelle de la cité scolaire Kerichen a été construite, en 1966, selon les plans de Jean-Baptiste Mathon. Financée par les dommages de guerre de la chapelle du "petit lycée" de Brest démoli par les bombardements, elle servait également de lieu de culte : un autel mobile pouvant être amené sur le devant de la scène afin d'y dire la messe.

Son histoire est tumultueuse. Elle fut tout d'abord au centre d'un conflit de paternité de la créance de dommages de guerres qui a empoisonné les relations Ville lycée pendant la quasi-totalité de la durée de construction de la cité scolaire. Le projet de salle audiovisuelle fut précédé d'un projet de chapelle hors les murs de ladite cité qui fut abandonné à son profit. Très dégradée et présentant des problèmes de structure, le lycée dut la céder à Ville, en 1982.

Cet équipement pour le moins singulier a été détruit en 2000.

Un lieu de culte construit dans un lycée public, six décennies après la loi de Séparation.

Comme dans d'autres villes reconstruites, à Lorient par exemple, le mécanisme d’indemnisation des dommages de guerre doit engendrer la construction d'une chapelle à Kerichen, dans une cité scolaire publique, six décennies après la loi de Séparation des Eglises et de l'Etat.

Le "petit lycée" d'avant-guerre comportait une chapelle. La créance de dommages de guerre afférentes doit financer la construction d'un nouvel édifice cultuel.

Une salle audiovisuelle pouvant servir de lieu de culte bâti par la Ville, pour le lycée

Une délibération du conseil municipal de Brest, du 5 février 1962, résume la genèse de cette construction. On y apprend que la séance précédente de l'instance communale avait : "délibéré sur le sort de la créance de dommages de guerre de l'ancienne chapelle du lycée. Cette créance étant propriété du lycée, il a été convenu, avec l'accord du Ministère de l'Education Nationale et du lycée, que ces dommages de guerre seraient investis dans la construction d'un bâtiment dénommé salle audiovisuelle et servirait à la fois à l'exercice du culte et à des réunions importantes. Le conseil municipal a accepté le mandat confié au Maire par le Lycée en vue de faire assurer par la Ville la construction du bâtiment."

La même délibération précise qu'à l'époque où, "de bonne foi", la ville considérait que cette créance lui appartenait, il avait été demandé à Jean-Baptiste Mathon d'élaborer un projet de chapelle. Ce dernier avait en effet remis un dossier d'exécution presque complet. Il convient donc de lui payer des honoraires pour ce travail. Un compromis a été trouvé par la Ville et le lycée pour en partager la charge, pour moitié chacun.

Il est par ailleurs fait allusion au contentieux sévère qui opposa les deux parties sur la propriété de la créance de dommages de guerre du petit lycée, qui avait conduit le conseil municipal, du 31 mars 1959, à décider de ne plus faire représenter la Ville au conseil d'administration du lycée.

La salle audiovisuelle faisant office de chapelle, a été construite selon les plan de J-B. Mathon, entre le 7 juillet 1964 et le 1er mai 1966, date de la réception provisoire. La réception définitive est intervenue le 5 juillet 1967. In fine, l'équipement est bien propriété de l'établissement.

Dégradations, cession à la Ville et démolition

Ironie du sort, ce dernier est contraint de le céder à la Ville, en 1982, ainsi que l'expose, le 1er décembre, le proviseur du lycée classique et moderne de Brest, au directeur départemental des services fiscaux qui semble lui avoir demandé des comptes :

"(...) il ne s'agit nullement d'une cession par l'Etat mais d'une cession consentie par le Lycée, personne morale, à la Ville avec convention d'utilisation gratuite."

En effet, cette salle a été construite par la Ville et cédée au Lycée en compensation des dommages de guerre de la chapelle du Petit Lycée, bien propre à l'établissement, que la Ville s'était appropriée à la Libération. Cette opération constituait la solution adaptée pour clore le différend qui avait opposé, pendant 15 ans, la Ville et le Lycée. Ces dernières années, des occupations sauvages ayant saccagé les installations, la Commission Municipale de Sécurité a estimé la salle inutilisable en l'état. De plus, des désordres graves étant apparus dans le gros œuvre, il n'était plus possible d'envisager une remise en état par nos propres moyens. C'est pourquoi la cession à la Ville a été décidée.

En conclusion, la Lycée n'a fait que disposer d'un bien qui lui appartenait en mettant fin à un processus de ruine inéluctable dans l'intérêt de la communauté."

La salle audiovisuelle a été détruite en 2000. Dernier bâtiment de la cité scolaire construit l'année même de son achèvement, 11 ans après la pose de la première pierre du bâtiment A et 18 ans après l'élaboration du premier plan masse, c'est le premier à être démoli. D'autres suivront, 20 ans plus tard, dans le cadre d'une lourde restructuration.

Les recherches mériteraient d'être complétées, pour s'avoir ce qu'il est advenu de cette salle, entre 1982 et 2000.

 

Le projet de chapelle et d'aumônerie de 1952 - 1958, n'a pas été réalisé. Le lecteur se référera donc aux plans publiés en illustration. Notons l'intérêt de ce projet, puisque les plans d'édifices religieux dessinés par l'architecte en chef de la reconstruction de Brest, Jean-Baptiste Mathon, sont rares.

La chapelle-salle audiovisuelle, construite en 1966, a été détruite en 2000. Il est donc également préférable de se reporter aux plans publiés en illustration. Celui de la scène mérite une attention particulière car des aménagements singuliers ont permis à la fonction religieuse de s'exprimer. C'est notamment le cas des deux aumôneries de garçons et de filles et du dispositif qui permet d'avancer l'autel sur le devant du plateau. La messe peut ainsi être dite face aux fidèles, la construction étant postérieure au concile de Vatican 2. L'autel peut ensuite être déplacé en fond de scène pour faire place aux autres activités.

  • Murs
    • béton
  • Plans
    plan rectangulaire régulier
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Escaliers
    • escalier de distribution extérieur
  • Typologies
  • Statut de la propriété
    propriété de la région, Détruite

Bibliographie

  • BRANCHEREAU, Jean-Pierre, CROIX, Alain, GUYVARC'H, Didier, PANFILI, Didier. Dictionnaire des lycées publics de Bretagne. Geriadur liseoù publik Breizh. Histoire, culture, patrimoine, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2012, 656 p.

Documents figurés

  • Archives municipales et communautaires de Brest : 4M44. Mathon [J-B.], Plans du projet de chapelle et de la chapelle salle audiovisuelle pour la cité scolaire Kerichen, 1952 - 1963.

    Archives municipales et communautaires de Brest : 4M44
  • Archives municipales et communautaires de Brest : 4M52. Plans du "Petit lycée de garçons", 1890 et sans date.

    Archives municipales et communautaires de Brest : 4M52
Date(s) d'enquête : 2021; Date(s) de rédaction : 2021