Dossier d’œuvre architecture IA29133645 | Réalisé par
Lécuillier Guillaume (Contributeur)
Lécuillier Guillaume

Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.

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  • enquête thématique régionale, Inventaire des héritages militaires en Bretagne
Chapelle Notre-Dame de Lesquélen, La Salle (Plabennec)
Œuvre étudiée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Plabennec - Plabennec
  • Commune Plabennec
  • Lieu-dit Lesquélen, La Salle
  • Cadastre ZV 7 Cadastre de 2022. Il s'agit plutôt de la parcelle n° 8 (ZV, La Salle) comprenant une partie de la motte et la chapelle. ; ZV 88 Cadastre de 2022 (ZV, La Salle).
  • Dénominations
    chapelle, chapelle seigneuriale

Ténénan (Thénénan) est un saint breton, venu dans le Léon d’outre-Manche par le Goulet de Brest en remontant l’Elorn. Il est connu par trois documents postérieurs de plusieurs siècles à sa vie dont celui de l'hagiographe Albert Le Grand (La Vie des saincts de la Bretaigne armorique, 1637). Il aurait en fait existé trois saints Ténénan qui ont été confondus au fil de l'histoire : un Irlandais, un Gallois et un troisième qui aurait vécu au temps des raids vikings (les "Danois"; décrit comme "peuple barbare et idolâtre"). Ce dernier aurait succédé à saint Goulven comme évêque de Léon. Selon la légende, le saint qui dispose d’un "pouvoir pétrificateur", aurait fondé la motte de Lesquélen appelé localement "Castel-Sant-Tenenan" (nom repris dans la Carte archéologique nationale). Pour André-Yves Bourges (voir bibliographie), la famille de Kermavan a développé une fable généalogique autour de saint Ténénan comme l’a fait auparavant la famille de Lesquelen avec saint Hervé (plusieurs membres de ce lignage portent son nom dont Hervé de Lesquelen, cité en 1279 et 1284).

Le 16 juillet, jour du pardon paroissial de saint Ténénan ou le dimanche suivant, une procession ou troménie (du breton, "tro", tour et de "minihy", asile, refuge monacal) part du bourg de Plabennec le matin (entre 7h et 8h), pour se rendre à la chapelle Notre-Dame de Lesquélen, lieu de l’ermitage supposé de saint Ténénan. Après être passée par la chapelle de Lanorven (dédiée à Sainte Anne), la procession revient à l’église paroissiale pour la grande messe (11h). A la tête du cortège se trouve la statue du saint Patron puis des croix, bannières, reliques et images pieuses (témoignage de 1890). Lors de cette procession, on pouvait également voir des "petits saints", emmanchés sur des bâtons (tradition maintenue à Locquénolé et Plouguerneau).

"En accomplissant cette procession, les paroissiens manifestaient leur désir de marcher avec et à la suite de leur saint patron. Des ethnologues diront qu’il s’agissait de marcher sur ses traces pour marquer les limites de la terre sacrée ou du minihi du saint fondateur ; Dans un regard de foi, nous savons que cela signifiait bien davantage : marcher avec lui et se mettre sous sa protection, car sa vie fut un chemin de sainteté. " comme l’écrit en 2008 Hervé Queinnec, ancien curé de Plabennec.

Dans les années 1780, monseigneur Jean-François de La Marche, évêque de Léon (1772-1801) interdit l’usage des "petits saints" puis supprime le pardon de Notre-Dame de Lesquélen. La troménie de saint Ténénan connaît un arrêt en 1823 en raison du mauvais état de la chapelle de Lesquélen. En 1890, le chroniqueur de La Semaine Religieuse évoque la troménie de Plabennec comme bien vivante et attirant de nombreux fidèles. La troménie se perpétue ainsi jusqu’aux années 1950. Après une pause de plus de cinquante ans, la troménie a été recréée en juillet 2008 et emprunte l’ancien circuit comportant neuf stations dont une passant par les vestiges de la chapelle Notre-Dame de Lesquélen (parcours de 11 km).

La statue de Notre-Dame de Lesquélen, en bois polychrome, est conservée dans l'église de Kersaint-Plabennec.

Des fêtes profanes ont également lieu également à Lesquélen.

Selon Joseph Irien qui a fouillé la chapelle Notre-Dame de Lesquélen 1970 à 1972, les vestiges de la chapelle actuelle résulte de la superposition de deux, voire trois édifices successifs, remontant probablement pour le plus ancien au Haut-Moyen Age. Joseph Irien identifie ce premier édifice comme l’ermitage fondé par saint Ténénan. Trois couches charbonneuses semblent indiquer que des incendies ont touché les chapelles et causé leur disparition.

La chapelle n° 3 (dernier état) - de style gothique - est vraisemblablement datable du milieu du 16e siècle par analyse de la mise en œuvre et de son style. Sa reconstruction a été commanditée par la famille de Kermavan, propriétaire de la seigneurie de Lesquélen du début du 14e siècle au 16e siècle. Maurice de Kermavan (1541-1573) et son épouse Jeanne de Goulaine (elle rédige son testament en 1593 en son château de La Forest en Languidic) pourraient ainsi en être les commanditaires. La reconstruction de la chapelle n° 3 est vraisemblablement contemporaine du calvaire.

Armoiries et remplages gothique flamboyant des baies sont connus par les dessins de Jean de Bouricquen (1614), peintre et verrier, publiés par Louis Le Guennec. Logiquement, les Kermavan y apposent leurs armoiries et celles de familles alliées (Le Chastel et La Forest). Une chapelle dite de "Mons[eigneur] Sainct-Germain" est mentionnée à droite du maître-autel.

Une pierre millésimée "1639", remployée dans le petit enclos du calvaire, pourrait indiquer la réalisation de travaux cette année-là. Louis le Guennec évoque une pierre millésimée "1736".

Selon Louis Le Guennec, la chapelle est abandonnée pendant la Révolution. Vendue comme bien national, la chapelle est proposée en 1823 par son acquéreur Brunet au curé de Plabennec pour la somme de 600 francs. Après son refus, les matériaux de la chapelle sont vendus.

La chapelle apparaît ruinée sur le cadastre de 1831. Son clocher a servi de point de repère à la réalisation du cadastre parcellaire comme l’atteste sur le cadastre la représentation d’un pavillon de couleur bleu et son mât. Le bâtiment annexe, accolée à l’élévation sud de la chapelle, n’est pas représentée (soit il était déjà arasé, soit il a été construit après la réalisation du cadastre).

En 1856, Yves Queinnec, curé de Plabennec achète finalement la parcelle et les vestiges de la chapelle pour 300 francs. A cette époque, les murs de la chapelle sont quasiment arasés.

Le 6 janvier 1884, le clocher de la chapelle s'écroule.

La chapelle a été fouillée dans les années 1970 par Joseph Irien. La partie occidentale (portail d’entrée) et les contreforts ont été partiellement cristallisés et restaurés.

Les parcelles de la motte et de la chapelle sont acquises par la commune de Plabennec. La motte et le "camp de Lesquellen" (cadastre ZV 7, n° 88) ont été classés par arrêté le 2 août 1978.

  • Période(s)
    • Principale : Haut Moyen Age, Milieu du Moyen Age , (incertitude)
    • Secondaire : 16e siècle

La chapelle Notre-Dame de Lesquélen est implantée au milieu d’un placître délimité par un mur de clôture en moellon : sur le cadastre de 1831, son entrée est orientée vers l’ouest. Si l’on observe le cadastre, le mur de clôture est double. Si les états de section du cadastre précisent "pâture" pour la nature de culture de la parcelle de la chapelle, le cadastre précise pour la parcelle du placître "futaie et pâture" (entre les deux murs de clôture), ce qui signifie que cette parcelle était plantée de grands arbres à cette époque. Un calvaire se dresse dans son périmètre immédiat mais ne figure pas sur le cadastre.

De plan rectangulaire (approximativement 20 m x 10 m), la chapelle à chevet plat est orientée vers l’ouest. Elle est construite en maçonnerie de moellon (fondation et partie basse) et en pierre de taille de granite. Elle se compose d’un vaisseau central et d’un bas-côté au sud. A l’ouest se dressait un mur-pignon avec deux contreforts en "I" percé d’un portail soutenant le clocher. Des contreforts obliques - par rapport aux murs flanquent - les quatre angles. Dans la chapelle, au sud du portail d’entrée, une petite pièce semble correspondre à une sacristie (hypothèse). Un bâtiment annexe de plan rectangulaire - dont la fonction reste inconnue - est accolé à l’élévation sud de la chapelle (angle sud-est).

La chapelle est ruiniforme : seules les fondations, les pieds de mur et une partie du dallage de chapelle n° 3 (d’une épaisseur de 6 cm) ont été conservés. En l’état, deux niveaux de sols - correspondant aux chapelles n° 2 et 3 - sont visibles.

  • Murs
    • granite moellon
    • pierre de taille
  • Toits
    ardoise
  • Plans
    plan allongé
  • Étages
    en rez-de-chaussée
  • Couvertures
    • toit à longs pans
  • État de conservation
    vestiges, état moyen, inégal suivant les parties
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Intérêt de l'œuvre
    site archéologique, à signaler
  • Éléments remarquables
    chapelle
  • Référence MH

Bibliographie

  • LE GRAND Albert. MIORCEC (DE KERDADET), Daniel-Louis. Les vies des saints de la Bretagne-Armorique. Brest - Paris, 1837, 830 p.

    p. 404-405
  • LE GUENNEC, Louis. Le Finistère monumental, t. 2, Brest et sa région. Quimper : Les Amis de Louis le Guennec, 1907-1910, réédition en 1981, 592 p.

    p. 322-327
  • CASTEL, Yves-Pascal. TANGUY, Bernard. LE MAITRE Pierre-Louis. IRIEN, Jo. Atlas des croix et calvaires du Finistère. Quimper : Société Archéologique du Finistère, 1980, 370 p.

    Centre de Recherche Bretonne et Celtique, Bibliothèque Yves Le Gallo (Brest) : M-02459-00
  • LE GALL TANGUY, Régis. "Le site à motte de Lesquelen en Plabennec (Finistère) : Une relecture". Mémoire de Master 1 d’archéologie, Université de Poitiers, département Histoire de l’art et Archéologie, 2005, vol. I : texte, 139 p. ; vol. II : Illustration.

  • BOURGES, André-Yves. Archéologie du Mythe : hagiographie du Bas Moyen Age et origines fabuleuses de quelques lignages de la noblesse bretonne. Tudchentil, Les sources sur les gentilshommes breton, 29 mai 2009.

  • HASCOET, Joël. Les troménies bretonnes. Un mode d’anthropisation de l’espace à l’examen des processions giratoires françaises et belges. Anthropologie sociale et ethnologie. Université de Bretagne occidentale, Brest - La Faculté Ouverte des Religions et des Humanismes Laïques (FORel), 2010, vol. I, p. 175-182 ; vol. II, p. 463, vol. III, p. 779-780.

Périodiques

  • PÉRENNÈS, Henri. "Notices sur les paroisses du diocèse de Quimper et de Léon : Plabennec". Bulletin diocésain d'histoire et d'archéologie, vol. 37, 1938, 288 p.

    Archives diocésaines de Quimper
    p.167-179 ; p. 193-213
  • IRIEN, Joseph. "Bretagne médiévale : camp, motte et chapelles de Leskelen en Plabennec". Archéologia, n° 97, août 1976.

    Centre de Recherche Bretonne et Celtique, Bibliothèque Yves Le Gallo (Brest) : M-01871-02
    p. 19-27
  • IRIEN, Joseph. "Fouilles d'un site archéologique médiéval : la motte de Leskelen en Plabennec". Bulletin de la société archéologique du Finistère, t. CV, 1977.

    p. 127-143
  • IRIEN, Joseph. "Le site médiéval de Leskelen en Plabennec : le castel Saint-Ténénan". Bulletin de la société archéologique du Finistère, 1981.

    p. 103-119
  • APPÉRÉ, Yvette (d'après un échange en breton entre Maël Thépaut et Job An Irien. Illustrations de Michel Thépaut). "Les fouilles à la motte féodale de Leskelen". Plabennec : association Kroaz-Hent, Korn-Boud, Istor - Sevenadur, Revue historique et culturelle de la Région de Palbennec, mars 2021, n° 14.

    p. 4-8
  • COANT, Fanch. "Évolution historique du peuplement du site de Lesquelen". Plabennec : association Kroaz-Hent, Korn-Boud, Istor - Sevenadur, Revue historique et culturelle de la Région de Palbennec, mars 2021, n° 14.

    p. 9-10

Documents multimédia

  • LÉCUILLIER Guillaume (chargé d’études Inventaire du patrimoine). "Inventaire du patrimoine, onomastique et archéo-toponymie. 4. Cas pratique. Le site de Lesquélen à Plabennec : analyses et échanges", diaporama du cours pour l'Université de Bretagne Occidentale Master 1 "Langues et Sociétés" : Langues et Cultures Celtiques en Contact, Unité d’enseignement 1, EC 3 : option moderne, ALGS813B, 1er février 2023.

Annexes

  • Description du site de Lesquélen vers 1835 par le chevalier de Fréminville (Christophe-Paulin de La Poix de Fréminville), Antiquités de la Bretagne. Antiquités du Finistère, seconde partie. Brest : imprimerie de Come et Boneteau, 1835, p. 248-249
  • Description du site de Lesquélen en 1837 par Daniel-Louis Miorcec de Kerdanet in LE GRAND Albert. MIORCEC (DE KERDADET), Daniel-Louis. Les vies des saints de la Bretagne-Armorique. 1837, p. 404 (colonne de droite), note 2 ; p. 405 (colonne de droite), note 1
  • Description du site de Lesquélen vers 1907-1910 par Louis Le Guennec, extrait de Le Finistère monumental, t. 2, Brest et sa région, réédition en 1981, p. 322-327
  • Description du site de Lesquélen en 1938 par Henri Pérrenès, "Notices sur les paroisses du diocèse de Quimper et de Léon : Plabennec". Bulletin diocésain d'histoire et d'archéologie, vol. 37, 1938, p.167-179, 193-213
Date(s) d'enquête : 2023; Date(s) de rédaction : 2023
(c) Région Bretagne
Lécuillier Guillaume
Lécuillier Guillaume

Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.

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