Site côtier et site d´estuaire, à la limite du département de l´Ille-et-Vilaine, Saint-Briac est un lieu de villégiature qui se distingue des stations de la Côte d´Émeraude, par sa morphologie qui, loin de modifier l´occupation initiale du rivage, la prolonge et l´intègre à son développement. Le littoral, exceptionnel par la qualité de ses paysages, offre des itinéraires de promenades et des panoramas recherchés, en particulier celui de la Garde-Guérin toujours recommandé par les guides.

Comme à Dinard, l´apparition de la villégiature est attestée dès le milieu du 19e siècle. Stimulée par la création de la station voisine de Saint-Lunaire, elle se développe cependant de manière significative vers 1880, en plusieurs pôles distincts commandés par le choix d´une exposition favorable. Ici, cependant, les mielles et les landes qui bordent le rivage ne seront pas le point d´ancrage d´une nouvelle station. La plage de Port-Hue, au bord de laquelle est construit l´hôtel des Panoramas doté d´un établissement de bains, reste un secteur isolé où s´élèvent quelques rares villas. On lui préfère la plage de la Salinette, elle aussi équipée de cabines de bain, et celle du Béchet, proches du village de la Chapelle, ou les sites de promontoire, aux Tertres et aux Essarts, mais surtout à la pointe du Nessay où M. de Villebresme fait construire un petit château célébré par tous les guides touristiques. 88Le boulevard de la Mer, face à la pointe du Rocher, offre un emplacement de choix pour la création un lotissement résidentiel comme il en existe à la pointe du Décollé, dans la station voisine de Saint-Lunaire ou sur la pointe de la Malouine, à Dinard. Comme à Saint-Lunaire encore, où un site de promontoire à l´ouest du vieux bourg attire villégiateurs et armateurs ou capitaines, l´ancien chemin de La Ville-Etoire, au sud du bourg de Saint-Briac est un secteur prisé par une élite en quête de tranquillité, qui y fait construire d´imposantes villas. Le secteur situé au nord du bourg, entre la Grande-Rue et la rue du Buot sera également un site d´implantation mixte où se côtoient maisons de capitaines et maisons de villégiature.

Dans les années 1880, Saint-Briac est un lieu préservé, très apprécié des artistes. Ces derniers délaisseront le site au moment de la construction du boulevard maritime reliant Dinard à Saint-Briac qui attire les investisseurs dès sa conception en 1881, en particulier au niveau de la plage de Port-Hue où est construit l´hôtel des Panoramas. La création du golf de Dinard, en 1892, qui en assure l´exploitation avant de s´en porter acquéreur en 1914, contribuera d´abord à son succès mais empêche le développement du site, pourtant bien desservi, qui restera isolé. Le lotissement des terrains aux abords de la plage de Longchamp, projeté par la Société des Terrains de Saint-Lunaire et de Saint-Briac, créée en 1894, sera également un échec, seules quelques villas isolées seront construites à l´ouest de la plage.

La ligne de tramway, ouverte en 1901, stimulera cependant la construction des villas le long du boulevard de la Houle et contribuera à la jonction entre le bourg et le quartier de La Chapelle. Comme à Saint-Lunaire, la nouvelle route côtière marque la limite entre l´espace de la villégiature et l´espace rural. Mais ici, le village est intégré au développement du site de villégiature. L´église partiellement reconstruite, qui conserve un clocher du XVIIe siècle lui aussi rendu célèbre par les guides, est cependant marginalisée par la création d´une place reliée aux principaux points de la station où se concentrent commerces et hôtels.

A Saint-Briac, comme à Lancieux ou à Saint-Jacut, "point des luxueux hôtels, point de casino tapageur. Chacun loue, dans d´appréciables conditions de bon marché, sa maison ou sa chambre pour la saison. Sans s´imposer l´obligation de faire trois toilettes par jour, on peut passer quelques semaines dans le calme et la tranquillité les plus parfaits " (Trébuchet 1893). Cette ambiance, propice au développement d´une villégiature d´élite, dans un cadre paysager qui reste exceptionnel sur la Côte d´Émeraude, se prolongera entre les deux guerres, avec notamment la construction de la villa Force 10, demeure monumentale conçue par Yves Hémar, ou celle du nouveau Club-House du Golf de Dinard, dessiné par Marcel Oudin, mais aussi d´un tennis. En 1929, l´aménagement du balcon d´Émeraude, qui assure la jonction entre le pont construit sur le Frémur et le boulevard de la Houle et prive désormais les villas de leur accès à la mer, marque la fin de l´activité portuaire de Saint-Briac devenue " station climatique ", en 1931. La création d´un nouveau quartier maritime au Perron, formé d´un port et de maisons de pêcheurs, projet de l´architecte Auguste Beaugeard, dessiné en 1947, sera abandonné.