Les archives communales, partiellement résumées dans l´ouvrage publié sous la direction de Catherine Laurent, indiquent qu´en 1892, à la demande de divers groupes et syndicats ouvriers, l´architecte communal Jean-Baptiste Martenot est chargé d´un projet de restauration de l´hôtel de Guerry, rue Gambetta, où doivent être aménagés des bureaux et une grande salle de réunion destinée à la bourse du travail. Suite à l´abandon du projet trop coûteux, qui ne donnait pas satisfaction aux ouvriers, la bourse, créée en avril 1893, est installée dans l´ancien Café Central du Champ-Jacquet. Les locaux devenant trop étroits, le maire Jean Janvier met une partie du couvent de la Visitation acquis par la ville, rue Hoche, à la disposition de l´association. Celle-ci constitue, en 1911, une société civile destinée à la fondation de la maison du peuple. En 1913, la ville compte près de 5000 ouvriers syndiqués ; ils sont plus de 9000 en 1917.
En 1911 et 1913 des terrains sont acquis par la société civile, entre la rue Saint-Louis et la rue d´Echange, contigus au presbytère de Saint-Aubin, mis à leur disposition par la ville.
Un hangar d´une capacité de 500 personnes « servant de salle de réunion à la maison du peuple » (1 M 201), est tout d´abord édifié en 1918 dans l´attente d´un projet de l´architecte de la ville Emmanuel Le Ray.
En 1919, la ville vote la construction de la maison du peuple, dont Emmanuel Le Ray est chargé d´élaborer les plans, présentés au conseil municipal par le maire (annexe).
Le projet comprend une salle de réunion, qui doit servir également à des représentations théâtrales. Le chantier débute en 1921 et se termine en 1924. L´architecte de la ville, regrettant que le terrain ne permette pas de donner une profondeur suffisante à la salle de réunion, exprime cependant sa satisfaction devant l´effet produit par la polychromie des matériaux. Le décor peint représentant les différents corps de métier du bâtiment (dont le maire Jean Janvier, entrepreneur, sur un chantier) est réalisé par Camille Godet. Lors de la délibération du 8 février 1924, le conseil municipal considère que « la salle de réunion [...] exempte de luxe ; néanmoins [...] présente de l´élégance et du confortable».
Un projet d´agrandissement et de transformation des locaux est proposé par les architectes de la ville Emmanuel Le Ray et Yves Le Moine, en 1931. Le projet, qui prévoit la construction d´un bâtiment à rez-de-chaussée et étage à la suite du vestibule de la salle des fêtes comprenant des bureaux, et un autre, en bordure de la rue Saint-Louis, à deux étages et comprenant des salles de réunions, ne sera voté qu´en 1935 et réalisé l´année suivante. A cette date, c´est l´architecte Yves Le Moine qui est chargé du projet (réfection de la façade rue d´Echange et des façades sur cour et construction de nouveaux bâtiments rue Saint-Louis) ; il indique dans son devis descriptif que « l´état de vétusté de ces bâtiments est tel que la reconstruction s´impose. D´autre part, une construction neuve permettra un groupement rationnel des locaux suivant leur destination » (1 M 212).
Les bâtiments fermant la cour le long de la rue Saint-Louis sont construits sur les plans de l´architecte communal Yves Lemoine, puis d´ Yves Perrin, qui lui succède ; mis en adjudication en 1959, ils seront achevés en 1960. Henri Fréville mentionne dans ses mémoires que l´inauguration de la maison de la Mutualité a lieu le 20 janvier 1962.
Photographe à l'Inventaire