La situation des terrains à lotir, proche du coeur historique de la ville, contribue ici à l'élaboration d'un programme architectural soigné. Les prescriptions édilitaires définissent les normes et l'emplacement des immeubles qui doivent avoir au moins deux étages carrés, sur la rive ouest de l'actuelle rue Hoche et sur la rive nord de la rue des Fossés, avec un délai de construction de dix ans. Sur la rive est de la rue Hoche, le couvent, placé au centre, est bordé par deux immeubles qui marquent les jonctions avec les rues voisines. Au centre la chapelle, avec une grille, quelques bâtiments ayant au moins un étage et des murs décorés de socle, tablettes et chaînettes en pierre de taille, le tout construit dans un délai de deux ans. Selon les termes du contrat, un tiers au moins des constructions doivent être réalisées dans les six premières années.
Ces immeubles forment ainsi un ensemble concerté unique à Rennes. Le choix typologique d'édifices derrière façade témoigne d'une volonté de structurer fortement ce nouveau site de centralité. Les compositions à 23 travées (rive ouest de la rue Hoche), à 12 travées (5 et 7 rue des Fossés) ou à 11 travées (1 et 3 rue des Fossés) sont parmi les plus importantes réalisées à Rennes. Ces immeubles, dont la façade sur rue est en pierre de taille, sont agrémentés d'un décor sobre mais élégant (balcons, frontons, niche à statue) et font l'objet d'un traitement d'angle qui prolonge ainsi l'ensemble au niveau des axes voisins ; ils proposent une forme de monumentalité basée sur la cohérence d'un front urbain et non sur un relief accentué des façades, comme c'est le cas à la fin du 19e siècle. La position du couvent, encastré dans un jeu de constructions à usage de commerces et d'habitation, prouve elle aussi l'importance des immeubles à boutique comme outil de structuration de l'espace urbain.
La typologie intermédiaire de ces immeubles est également remarquable. Ici pas de communs, pas d'entresol entre les parties commerciales en rez-de-chaussée et les étages d'habitation. Il s'agit d'immeubles de standing intermédiaire destinés à la bourgeoisie, notamment beaucoup d'enseignants et quelques artistes. Le verrier Lecomte y installera ses ateliers en 1896.
L'immeuble des 1 et 3 rue des Fossés, qui ne respecte pas les prescriptions édilitaires, est un composant atypique du lotissement. Il ne dispose que d'un étage de logements, distribué par deux cages d'escalier, au-dessus d'un rez-de-chaussée occupé par des commerces, un marbrier et une agence des Mutuelles du Mans, mentionnés dans les annuaires entre 1896 et 1912.
Photographe à l'Inventaire