• inventaire topographique, Rennes
Maison de l'architecte Hyacinthe Perrin, 16 et 14 rue Lesage ; 13 et 15 rue Arthur-de-la-Borderie (Rennes)
Œuvre étudiée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Rennes ville - Rennes ville
  • Commune Rennes
  • Adresse 16 et 14 rue Lesage , 13 et 15 rue Arthur-de-la-Borderie
  • Cadastre 1980 BE 673 à 676
  • Dénominations
    maison

Situation et composition d'ensemble :

Située entre les rues Lesage et La Borderie, la parcelle forme un angle aigu à 60° devant l'entrée du boulevard de Sévigné et a profondément dicté le parti adopté par l'architecte. La composition s'organise à partir de cet angle tant en plan qu'en élévation. Occupé par la salle à manger au rez-de-chaussée et la chambre principale au 1er étage, mais surtout par un hall à l'anglaise et une cage d'escalier hexagonale au revers, il détermine les axes de distribution horizontal et vertical de l'édifice. L'aile sud est dédiée à la vie domestique (cuisine et salon), l'aile nord, à la vie professionnelle avec le bureau et l'étude de l'architecte desservie par l'entrée principale. Le haut pavillon formant pignon sur la rue est le point culminant d'une composition pyramidante dont l'effet est accentué par la volumétrie accordée aux toitures. A l'extrémité des ailes symétriques, la cuisine et l'étude, en rez-de-chaussée, n'étaient surmontées que par des chambres mansardées. Le parti originel reste partiellement lisible malgré la surélévation et l'agrandissement de l'aile nord. Cette partie du bâtiment comprend un étage sur rez-de-chaussée surélevé et a été, à l'inverse de l'hôtel du début du siècle, complètement tournée vers le petit jardin situé au coeur de la parcelle.

Élévation, intérieur et décor :

Les élévations, marquées par l'emploi d'un moyen appareil de granit bosselé rehaussé de quelques éléments de grès flammé et par la richesse de formes des toitures, permettent une lecture des multiples influences et de l'héritage artistique de l'architecte. Si la volumétrie des toits cherchant à distinguer à l'extérieur les différentes parties de l'édifice ou le percement asymétrique des baies renvoie, tout comme le plan, à l'architecture médiévale et à son interprétation violet-le-ducienne, les toits en carène encadrant le pavillon central et surtout les matériaux employés, le granit et l'ardoise, affirment la bretonnité du bâtiment. Le dessin de la porte principale et de ses grilles, modifié par rapport au premier projet, s'inspire de l'Art nouveau belge tandis que les triplets de baies du pignon et leur balcons de ferronnerie richement ouvragée renvoient d'une manière plus générale à ce courant européen. Pour l'agrandissement moderne, Perrin fils respecte scrupuleusement le parti adopté par son père et calque, par exemple, la forme polygonale des linteaux des baies.

De l'intérieur originel et de son décor, seuls l'entrée, son hall et la cage d'escalier nous donnent aujourd'hui une image quelque peu transformée par la disparition des papiers peints. Des lambris

régnant au deux tiers de la hauteur sous plafond présentent un sobre décor de panneaux géométriques tandis que le sol est couvert d'une mosaïque de marbre à semis végétal stylisé réalisé

par Odorico père. Différents couloirs convergent vers le hall central et y débouchent sous une série d'arcatures surbaissées. Dans le hall, une cheminée engagée, en ciment pierre, est précédée d'un panneau de mosaïque représentant une fable de La Fontaine (le singe et le chat). L'encadrement du foyer est couvert d'un carrelage de grès flammé et surmonté par un arc cintré en brique rouge interrompu par un imposant claveau. Au-dessus, le couronnement est orné d'un relief de grés flammé figurant un porc-épic. Ces différents éléments décoratifs furent commandés, sur catalogue, aux céramistes Gentil et Bourdet. La tour hexagonale renferme un escalier à jour suspendu, en chêne de Hongrie, ainsi qu'une verrière à thème paysager due au peintre verrier A. Alleaume. Cet ensemble, d'une richesse décorative exceptionnelle devait être complété par celui des pièces principales, avec, en particulier dans la salle à manger, une cheminée de style néo-renaissance également en chêne. Dans les étages, on pourra encore signaler un décor de salle de bains par Odorico, composé d'un parement en mosaïque dans des tons dégradés de gris, bleu et mauve, assez sombres, et d'une frise de motifs géométriques d'un esprit proche de celui de l'Art nouveau viennois.

L'intérieur de la maison construite par Yves Perrin peut également retenir l'attention : le dessin de l'ensemble, typique de la fin des années 50, et la distribution de l'espace sont d'une grande qualité.

Conclusion :

Cet hôtel particulier peut apparaître comme l'un des jalons de la production architecturale domestique locale autour des années 1910 et représente avec brio les préoccupations stylistiques d'une génération d'architectes rennais. Le régionalisme est ici envisagé comme "une formule provinciale de l'Art Nouveau" et se mêle à diverses influences (Art nouveau belge, Arts and Craft) pour donner naissance à une oeuvre "moderne" dont l'intérêt est renforcé par la conservation de décors intérieurs.

Projeté en juin 1909, cet hôtel particulier fut construit en 1911 par le jeune architecte Hyacinthe Perrin (1877-1965) pour lui-même. La réalisation ne diffère guère du projet initial que par quelques détails décoratifs qui se teintent désormais de motifs inspirés par l'Art nouveau. Le décor intérieur vit la participation de plusieurs artistes notables, en particulier le mosaïste rennais Isidore Odorico père ou le maître verrier lavallois Auguste Alleaume. La maison fut agrandie en 1959 par le fils de Hyacinthe Perrin, Yves, également architecte, qui édifia un prolongement à l'aile Nord pour s'y installer. Vendu, la majeure partie originelle de l'édifice est maintenant divisée en appartements.

L'hôtel s'articule autour de l'axe formé par l'angle des rues Lesage et La Borderie. Les façades présentent un puissant appareillage de granit bosselé tandis que les toitures, couvertes d'ardoise, se caractérisent par une diversité volumétrique. A l'intérieur, un vestibule desservi par l'entrée de la rue Lesage ouvre sur une tour d'escalier de forme polygonale située dans l'angle sur le jardin et assure la distribution de l'édifice ; il conserve son caractère d'origine et la richesse de son décor.

  • Murs
    • granite
    • schiste
    • moellon
    • moellon
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré, étage de comble

Données complémentaires architecture Rennes

  • DENO
  • HYPO maison à fonctions combinées
  • PHYPO
  • NOTA
  • SCLE1
  • IMPA parcelle d'angle
  • CBATI isolé
  • IMBATI sur rue
  • PERP
  • PASSAGE Non
  • ESPAL absence
  • ESPAP jardin
  • TAPA
  • BOUTIQ
  • NACC
  • AUTO
  • ACC1
  • ACC2
  • ESCAFO
  • ESCAPO
  • RDC
  • ETAGE
  • ENTRESOL
  • COMBLE
  • ATTIQUE
  • TRAV1
  • TRAV2
  • TRAVANGLE
  • MUR
  • ANGLE
  • ORIEL
  • BALCON
  • IAUT unicum
  • ICHR typicum
  • IESP unicum aire d'étude
  • ICONTX structurant
  • ITOPO site de jonction
  • PINTE Caractéristique de la production architecturale de la première décennie du 20e siècle, cet hôtel particulier peut être remarqué tant par la modernité de son parti que par la richesse de son décor intérieur encore partiellement conservé. Il s'inscrit dans la famille des maisons d'architectes parmi lesquelles il fait figure d'exception, à Rennes.
  • POS 3
  • SEL étudié
  • PART
  • NATURE
  • RESEAU
  • MORPHO
  • IMPBA
  • SURF
  • LOTS
  • VOIES
  • PRESC
  • VEGETAL
  • OBS
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Documents d'archives

  • A. C. Rennes. Permis de construire 744 W 38. Rue de la Borderie (1908-1987) .

  • A. C. Rennes. Permis de construire 769 W 18. Rue Lesage.

  • RAGUENET, A. Monographies de bâtiments modernes.

    n°274, Paris, 1911

Bibliographie

  • GUENE, Hélène. Odorico, mosaïste Art Déco. Bruxelles : Archives d´architecture moderne, 1991.

    p.70-74
  • LE COUEDIC, Daniel. Les architectes et l´idée bretonne, 1904-1945. Rennes : S.H.A.B./A.M.A.B., 1995.

    p.140
  • LOYER, François, GUENE, Hélène. L'Eglise, l'Etat et les architectes, Rennes 1870-1940, éditions Norma, 1995.

    p.269-273
  • TROUSSEL, Jean-François. Hôtels, maisons, villas autour de 1900. Rennes : édition Ouest-France, coll. Promenades à Rennes, 1993.

    p.13-20, 36-37
  • LOYER, François (dir.). Rennes, embellir la ville. La mise en valeur d'un quartier résidentiel à la limite du centre ancien : Sévigné, étude réalisée avec le concours du ministère de la Culture et la Ville de Rennes. Paris : L'Art en province, 1987.

    p. 117-120
  • LAURENCEAU Elise. "Maison Perrin". In Bretagne XXe, un siècle d'architectures, (sous la direction de P. Dieudonné), ed. Terre de Brume - AMAB, 2001.

    p. 46-47
  • TROUSSEL, Jean-François. In Rennes, embellir la ville. La mise en valeur d'un quartier résidentiel à la limite du centre ancien : Sévigné, étude réalisée avec le concours du ministère de la Culture et la Ville de Rennes. Paris : L'Art en province, 1987.

    p. 117-120, 144

Périodiques

  • TROUSSEL, Jean-Francois. L'art domestique à Rennes autour de 1910. Histoire de l'art, n°9-10, La maison la ville, mai 1990.

    p.89-98
  • TROUSSEL (Jean-François). Bâtir à Rennes en 1900. La naissance d'un quartier résidentiel, in Ar-Men, Le Chasse-Marée, Douarnenez, n°50, avril 1993.

    p.14-33

Documents figurés

  • Façade principale, dessin, par Hyacinthe Perrin, s. d. (A. P.).

  • Hôtel privé à Rennes. Plan du rez-de-chaussée et des étages, par Hyacinthe Perrin, in RAGUENET, A. Monographies de bâtiments modernes, 1911.

  • Cheminée de la salle à manger, dessin par Hyacinthe Perrin, 1911 (A. P.).

  • Cheminée de la salle à manger, photographie.

  • La salle à manger, photographie.

Date(s) d'enquête : 1999; Date(s) de rédaction : 1999