Lettre adressée au conseil municipal par le comte Hay-Ferrière, le 6 août 1847.

"J'ai l'intention de vendre par portions le domaine de Gaillon situé près de l'arsenal et d'une contenance de plus de 50 mille mètres carrés. Ce plateau est maintenant annexé à la ville et dans sa limite et grâce à votre prévoyance on y a déjà construit une rue. Cette position ayant été jugée convenable, d'autres terrains me sont demandés et je ne vendrai qu'après qu'un des plans que j'ai l'honneur de vous soumettre ne soit examiné et j'ose l'espérer, adopté par vous. L'accord qui a toujours existé entre le conseil et moi me ferait un devoir de lui faire cette déférence quand bien même je n'y aurais aucun intérêt. Veuillez considérer l'avantage que la ville retirera par le développement qu'elle va prendre promptement. Sur un point où la force des choses l'entraîne naturellement, j'ai bien compris ces vues d'améliorations (sic) et je me suis toujours prêté à tout ce que le conseil a voulu. Après un traité fait avec la ville en 1835, celle-ci a eu besoin pour le prolongement et l'élargissement de ses percées, d'environ 1600 mètres de terrain sur le littoral de la rivière, où de ce côté qui me joint de près, il y a quelques temps le mètre fut vendu 4 F 50. Je l'avais estimé à 5 F, la ville s'empara donc de cette quantité disant pour raison qu'il y avait plus value [...]. La ville me demanda si je voulais consentir à laisser tirer des terres dans ma prairie située au midi des jardins de Gaillon pour exhausser les chemins de communication autour de la ville, chemins dont tous les riverains profitent sans avoir contribué à leurs améliorations. J'acquiesçais à cette demande, dans le but d'être utile à la classe ouvrière et d'être agréable au conseil municipal ; on m'enleva plus de quatre mille mètres cubes de terre, dont la plus grande partie était propre à la maçonnerie. Ce fut donc encore pour moi un second sacrifice de plus de quatre mille francs. Sans comprendre le temps de non jouissance de cette portion de prairie mise en chantier par la ville, pour me dédommager de ces sacrifices qui parurent évidents, il fut dit alors au conseil que l'on me donnerait en indemnité, pour remblayer, tous les déblais et vidanges dont la ville pouvait disposer ; il fut en outre ajouté qu'on placerait un arrêté portant injonction de les déposer à Gaillon, au lieu que j'aurais indiqué ; malheureusement le résultat de cette bonne intention a été nul pour moi.

Veuillez m'excuser messieurs si je me suis un peu écarté de la vraie question, je voulais rappeler à la mémoire du conseil ces faits passés, désirais en même temps faire connaître aux nouveaux conseillers qui ont été appelés depuis cette époque à siéger avec vous des faits, qui peuvent influer sur leurs décisions relativement à l'adoption du plan mentionné ci-dessus, par la raison que si la ville dépense pour l'exécution de ces travaux elle en recueillera le fruit et s'acquittera dans la proposition que je fait actuellement à la ville relativement aux plans qui lui sont soumis ; l'un peut-être exécuté entièrement sur mon terrain, l'autre emprunte sur celui qui ne m'appartient pas. Pour l'exécution de l'un ou de l'autre, je consens à livrer gratuitement mon terrain. Si le plan diagonal convient davantage à la ville, elle prendrait à son compte les indemnités qui seraient dues pour le prolongement des lignes diagonales, sur le terrain d'autrui. Ces percés seraient faits le plutôt (sic) possible et empierrés par elle, ainsi que pavés et éclairés. Quand cette mesure deviendra nécessaire, je demande en retour que la ville m'abandonne le vieux chemin qui vient de la route joindre la maison de Gaillon, sitôt qu'un autre à côté lui aura été substitué.".