Ce secteur périurbain subit ses premières mutations au 15e siècle, au moment de la construction de l´enceinte qui protège la ville basse et de la rénovation du système défensif qui entraîne la construction d´une demi-lune protégeant l´enceinte. Le faubourg se développe au niveau du quai et de la ruelle de Chicogné, limité par les terrains des établissements hospitaliers fondés aux 16e et 17e siècles, le lazaret devenu hôpital général et l´hospice des Incurables. Dans cette zone rurale subsistent d´anciens manoirs (Gaillon et Cohignac) et quelques fermes, alors qu´au nord de la route de Redon s´étendent des prairies inondables et des levées qui permettent de rejoindre le chemin de halage longeant la rivière. Cette structure est encore visible sur les cadastres de 1812 et de 1842.
La création de l´arsenal, aménagé dans l´ancien hôpital général en 1793, puis, en 1826, le projet de construction d´un abattoir, à l´ouest de la ville, sur les terres du manoir de Gaillon, constituent des facteurs attractifs pour les spéculateurs, autour de 1830 (fig. 5). Un pôle résidentiel et industriel se crée dans le faubourg de Redon, entre l´arsenal et l´ancienne carrière de la Sablonnière, et un pôle artisanal s´implante au nord-ouest, à proximité de la rivière. La création d´un premier réseau de rues, remployant le réseau ancien, dessert ces deux pôles (annexe 1) où les constructions sont encore peu nombreuses sur le cadastre de 1842.
La construction de l´abattoir, à nouveau projetée en 1842 au moment de la canalisation de la Vilaine, incite le propriétaire des terrains voisins, M. Hay-Ferrière, à créer un vaste lotissement, dont il soumet les plans au conseil municipal, en 1847. La logique spéculative du projet devra se soumettre à l´intérêt général qui doit assurer la communication rapide et facile de l´abattoir, finalement construit en 1852, avec les places de marché de la ville et plus particulièrement le Champ de Mars et la gare, inaugurée en 1857.
Le maire Ange de Léon imaginait pouvoir prolonger la rue de l´Abattoir jusqu´au Champ de Mars, où se déroulaient les foires, associée à une seconde voie nord-sud alors placée dans l´axe de la rue Pierre-Hévin, menant à un vaste terrain de 90000 m2. Le projet partiellement réalisé (actuelles rue du Sapeur-Michel-Jouan et rue Thiers) entraînera la modification du plan du lotissement Hay-Ferrière.
La construction de la voie ferrée et du boulevard La-Tour-d´Auvergne, axe de traverse de Nantes à Saint-Malo depuis la rue de Nantes jusqu´au pont de Chaulnes, va contribuer à une première restructuration du secteur. L´avenue borde désormais l´usine à gaz, l´école d´artillerie et au sud, une nouvelle caserne construite en 1866 sur les terrains de l´ancien manoir de Guines.
La connexion de la nouvelle caserne avec l´ancienne route de Redon était assurée par trois voies figurant au nombre des travaux votés, sur le plan de 1861, l´une longeant le chemin de fer et rejoignant la rue de Redon (boulevard de Guines), un axe nord-sud reliant le faubourg de Redon à cette nouvelle voie, depuis la rue de la Sablonnière, enfin un axe est-ouest reliant cette seconde voie à la route de Redon (actuelle rue Alexandre-Duval).
L'installation de l'arsenal dans l'ancien hôpital général est à l'origine du développement d´un pôle militaire, qui s´étend jusqu´à la rue d´Inkermann avec l´acquisition de terrains (1878) de l´école d´artillerie et au-delà de la voie ferrée avec la cartoucherie.
La canalisation de la Vilaine et la construction des quais, également votée par la municipalité Ange de Léon, attirent les industriels qui peuvent y établir chantiers et fabriques. Elle entraîne deux développements, l´un au nord, le long du quai de la Prévalaye, prolongé par le boulevard de Sébastopol, construit après le comblement du canal de l´hôpital, l´autre au sud avec un second grand projet de lotissement sur les terrains de l´ancien manoir de Cohignac (lotissement Thébault).
Le projet de M. Thébault modifie le tracé projeté par Ange de Léon et voté par la municipalité. La rue de la Sablonnière sera prolongée jusqu´au boulevard de Guines qui longe la voie ferrée (rue d´Inkermann), coupée par une voie est-ouest reliant l´ancienne route de Redon au chemin de Guines (rue Alexandre-Duval), enfin la rue Surcouf sera prolongée jusqu´à cette seconde voie.
Le projet s´inscrit ici dans la même ambition spéculative que celle qui avait guidé les premiers investisseurs, prévoyant un développement des activités industrielles et des propriétés de plaisance.
La vocation résidentielle du faubourg est liée aux activités artisanales et industrielles qui attirent une bourgeoisie d´entreprise puis le développement d´un quartier ouvrier jusque dans les années vingt.
Ce quartier ouvrier reste marginalisé. Il est desservi par la chapelle du couvent de Récollets, implanté dans le quartier à la demande de l´évêque en 1877, après l´abandon du projet de construction d´une église visible sur le plan de 1855. Une école publique est construite à cet emplacement en 1875 et une école religieuse, aménagée boulevard La-Tour-d´Auvergne, est ouverte en 1881.
D´abord limitée à l´ouverture de la rue Thiers (vestige de la rue de l´Abattoir) et à la réfection de rue de la Santé (1866), la connexion avec la ville reste difficile. Elle sera améliorée par l´ouverture de la rue La-Motte-Picquet (achevée en 1886), rendue possible après le transfert de l´usine à gaz boulevard Voltaire.
Photographe à l'Inventaire