1- Organisation des lotissements : l’homme au centre des préoccupations
Gaston Bardet met en place un schéma de développement déterminé par plusieurs principes : un développement radio-concentrique, la mise en place d’échelons, une hiérarchisation des voies de circulation, la présence d’espaces publics, d’équipements sportifs et de verdure. Il organise son schéma de développement en cinq projets d’urbanisation mais il ne construit que trois lotissements sur les cinq prévus : le lotissement de l’Ouest en 1959, le lotissement des Oiseaux en 1964 et le lotissement des Sports en 1966. L’ensemble forme un total de 298 bâtiments.
Ainsi, les lotissements sont implantés selon un schéma radio-concentrique autour d’un noyau central, le bourg. Ces ensembles se développent sur trois échelons et présentent un tracé de voirie hiérarchisé. Gaston Bardet développe la théorie des “échelons communautaires” qu’il avait élaboré en 1943. Trois échelons composent une communauté organique : patriarcal, domestique, paroissial. L’échelon patriarcal est associé à la société familiale où les voisins se côtoient. L’échelon domestique résume la société économique, c’est le commerce quotidien. Enfin, l’échelon paroissial est la communauté politique et spirituelle. Les axes de circulation doivent permettre la fluidité et la création de liens entre les différents espaces de vie, entre les échelons.
Les axes majeurs sont les voies rayonnantes qui “vivifient” les lotissements. Les voies circulaires sont les axes secondaires qui permettent de desservir l’intérieur des lotissements. Enfin, les chemins piétonniers traversent les îlots bâtis pour faciliter les déplacements quotidiens.
Pour Gaston Bardet, la "villette" est une alternative à la ville. La part des espaces publics et de la végétation est très importante dans ces lotissements. L’insertion dans le paysage se traduit par un respect des arbres et des aires bocagères soigneusement préservées et intégrées aux chemins et espaces publics. Il tente, dans la mesure du possible, d’offrir à chaque logement une façade donnant sur un espace ouvert : jardin public, espace de sports et de jeux ou placette. Pour Bardet, les espaces libres sont une nécessité. Les espaces publics ont pour objectif de créer du lien social tout en apportant la sécurité et le calme résidentiel. Dans cette optique, l’urbaniste intègre plusieurs placettes au sein de ces lotissements. Celles-ci abritent un square entouré de trois alignements de maisons formant un “U”. Afin de créer du lien social et d’améliorer la qualité de vie, il intègre aussi un certain nombre d’équipements sportifs regroupés dans le lotissement des Sports (un terrain de foot, de basket, deux terrains de tennis, une piste de course et une table de ping-pong).
2 - Les typologies: le reflet d’une mixité sociale
Faire coexister différentes couches sociales est un objectif pour l’urbaniste. Ainsi, des logements économiques destinés à une population ouvrière côtoient des maisons plus spacieuses, implantées aux angles des îlots et destinées à des cadres, des directeurs d’industries. La majorité des maisons ouvrières sont jumelées ou triplées, implantées en alignement sur la voie ou à une distance de 3m. Les habitations cossues sont soit isolées et situées au centre de la parcelle, soit jumelées à une maison ouvrière.
Les constructions présentent une certaine homogénéité. La totalité des maisons sont élevées en parpaings de ciment recouverts d’un enduit de couleur claire. Le soubassement en schiste maçonné, caractéristique du bassin rennais, est réemployé pour les maisons ouvrières. Les charpentes sont en bois. La toiture est composée d’un toit mansardé avec une ou plusieurs lucarnes et recouverte d’ardoises. Ces constructions possèdent un garage juxtaposé à l’habitation. Les maisons sont toujours délimitées par une clôture en béton de ciment peinte en blanc avec une haie et un jardin.
Néanmoins, Bardet cherche à distinguer chaque maison afin d’éviter la monotonie et permettre à chaque habitant d’identifier les lieux. Pour y parvenir, il accorde un soin particulier à la composition, aux détails et aux décors allant jusqu’à élaborer lui-même les panneaux des rues à base de céramique. La pluralité des identités s’exprime par la composition et la distribution des maisons. Plusieurs plans ont été recensés : certaines habitations possèdent un sous-sol, un rez-de-chaussée et un étage de combles ; d’autres se composent d’un rez-de-chaussée surmonté d’un étage carré et d’un niveau de combles ; enfin, quelques maisons présentent un rez-de-chaussée avec un étage mansardé. Pour les habitations disposant d’un sous-sol, l’accès principal se fait par un escalier, desservant le rez-de-chaussée, situé sur la façade principale ou sur le pignon. L’accès des habitations de plain-pied s’effectue majoritairement par la façade sur rue, par le mur pignon ou dans une moindre proportion, par la façade arrière. Dans les deux cas, certaines maisons présentent des halls d’entrée sur rue. Les jardins sont situés à l’avant ou à l’arrière des propriétés. Afin de singulariser les habitations, Gaston Bardet accorde aussi un soin particulier à l’emploi des matériaux et aux détails architecturaux. Ainsi, les proportions et les formes d’ouvertures diffèrent tout autant que les lucarnes. L’ensemble s’accompagne de volets colorés dont la couleur est identique pour une maison jumelée. Par ailleurs, l’urbaniste emploie divers matériaux afin de donner une identité singulière aux façades sur rue : granite, grès, schiste, brique, mosaïque. Ces matériaux sont utilisés pour les chaînages d’angles, les encadrements de fenêtres mais également les halls d’entrée.