Étudiante en Master 2 Restauration et réhabilitation du patrimoine bâti, Université de Rennes 2 (2016-2017).
- inventaire topographique, L'Hermitage
Dossier non géolocalisé
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Dénominationslotissement
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Aires d'étudesRennes Métropole
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Adresse
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Commune : L'Hermitage
Adresse : rue, de la Rossignolière, rue, du Presbytère, rue Chateaubriand
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Commune : L'Hermitage
La commune de L'Hermitage possède un patrimoine contemporain important et encore peu étudié : les lotissements. L'étude de ces derniers, allant du premier lotissement des années 1930, le lotissement du Presbytère, aux trois lotissements conçus par Gaston Bardet dans les années 1960-1980 (la Rossignolière, le Rocher et Clairefontaine), nous permet de mieux saisir l'évolution de l'architecture domestique au cours du XXe siècle. Témoins d'une période de construction, ils reflètent la pensée de l'époque en matière d'urbanisme et sont le miroir de la société dans laquelle ils ont émergé. L'apparition du garage en architecture, par exemple, atteste de l'importance grandissante de l'automobile. De la grande maison de famille du début du siècle au pavillon individuel des années 1980, la façon d'habiter a évolué.
De par sa proximité avec la ville de Rennes, la commune de L'Hermitage se développe au rythme de l'accroissement de la métropole. En effet, elle connaît un premier développement important suite à l'arrivée du chemin de fer en 1863. Le développement industriel de la commune se poursuit comme en atteste l'implantation de la laiterie de L'Hermitage en 1911 ou de la distillerie en 1926. À ce même moment, dans les années 1930, un premier lotissement est créé. Avec cinq lots seulement, le lotissement du Presbytère se situe dans le bourg, entre l'église et le Presbytère.
La commune connaît une deuxième phase de développement important à partir des années 1930. En effet, la population de L'Hermitage a plus que quadruplé en cinquante ans (en 1936 : 743 habitants ; en 1982 : 3028 habitants). Pour répondre à la forte demande en logement individuel, et, afin de maîtriser le développement de L'Hermitage, la commune fait appel à l'architecte-urbaniste Jean-Gaston Bardet (1907-1989) dans l'objectif de créer de nouveaux lotissements. Urbaniste-conseil de L'Hermitage, Gaston Bardet dessine un premier lotissement, la Rossignolière. Une première esquisse en date du 28 octobre 1960 de la main de Bardet donne les grandes lignes du lotissement qui est finalement réalisé. Dès 1961, il affine le projet et prévoit deux tranches, sud et nord, correspondantes respectivement aux actuels lotissements de la Rossignolière et du Rocher. Ainsi, ces deux lotissements sont conçus conjointement au début des années 1960. La Rossignolière est le premier construit et, grâce à des courriers de Bardet retrouvés dans les Archives municipales de L'Hermitage, nous savons que le cahier des charges était déjà fixé en 1966 et que les maisons étaient en cours de réalisation à cette date.
Le lotissement du Rocher, conçu en même temps, est quant à lui approuvé par arrêté préfectoral du 22 novembre 1967.
Un extrait du registre des délibérations du Conseil Municipal du 12 juin 1973 nous apprend que « Le lotissement du Rocher est entièrement vendu, la commune ne possède donc plus de terrains à mettre à la disposition des personnes désirant construire sur le territoire de la commune ; il est donc nécessaire de prendre dès maintenant toutes dispositions pour l’aménagement d’un troisième lotissement communal dit lotissement Clairefontaine. Le lotissement Clairefontaine s’étendra sur une superficie de 20 ha 13 a 76 ca. ; sa réalisation pourra se faire en deux tranches de 150 pavillons chacune environ avec quelques collectifs H.L.M. ».
En effet, le lotissement de Clairefontaine, en projet en 1970 et dont une deuxième esquisse est datée d'août 1972 est approuvée par le Maire de la commune, M. Chouan, en 1973. Ce lotissement est également dessiné par Gaston Bardet.
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Période(s)
- Principale : 2e quart 20e siècle
- Principale : 3e quart 20e siècle , daté par source
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Auteur(s)
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Auteur :
Bardet Jean-Gaston , dit(e) Gastonarchitecte urbaniste attribution par source, signatureBardet Jean-Gaston
Gaston Bardet travaille comme urbaniste-conseil de la ville de L'Hermitage entre 1960 et 1980.
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Auteur :
Le premier lotissement de L'Hermitage, le lotissement du Presbytère, daté des années 1930 est composé de seulement cinq lots. Les maisons sont implantées en fond de parcelle et présentent un jardin à l'avant. L'accès se fait par une porte axée, située ou non, sur un perron. Elles présentent un rez-de-chaussée et un étage de comble. Les lucarnes pendantes s'inspirent des maisons du début du siècle du bourg de L'Hermitage. Leur solin est en schiste ou en poudingue et l'élévation est en bauge enduite avec du crépis. Le toit est en ardoise ; il peut être à deux pans, à croupes ou à demi-croupes. Les travées sont régulières, les baies sont grandes et symétriques et les souches de cheminées sont sur les pignons. Du point de vue de l'ornementation, le solin est laissé apparent et met en valeur la pierre violacée. Des marquises surmontent la porte d'entrée et des mitres ornent les parties sommitales des cheminées. Quelques maisons disposent d'épis de faîtage. Ces divers éléments montrent que le lotissement du Presbytère fait la transition entre les maisons "1900" du bourg et les pavillons des lotissements de la seconde moitié du XXe siècle. En effet, l'élévation, les matériaux et les décors rappellent les grandes maisons de bourg du début du siècle alors que l'implantation sur une parcelle avec jardin, la présence d'un enduit ciment clair et l'apparition du garage laissent sentir les prémices des pavillons individuels des années 1960-1980.
Le lotissement de la Rossignolière, premier lotissement Bardet de la commune, est conçu au début des années 1960. Les maisons sont implantées en front bâti et disposent toute d'un jardin à l'arrière. Le lotissement ne dispose quasiment que de maisons jumelées. La présence d'un garage au rez-de-chaussée est systématique, attestant de la démocratisation de l'automobile à cette période. La porte d'entrée se trouve au rez-de-chaussée ou à l'étage carrée, dans quel cas celle-ci est rendue accessible par un perron. Le tout est surmonté d'un niveau de comble éclairé par des fenêtres de toit, des lucarnes trapèzes ou des lucarnes capucines. En ce qui concerne les matériaux, le règlement du troisième lotissement, Clairefontaine (en annexe), indique comme suit : "Toutes les constructions seront en matériaux durs, les parties nues des murs de briques recevront un jetis à grain fin […] Les divers soubassements sur rues devront être édifié en matériaux naturels : granit ou pierre. Ce soubassement devra être de même nature et couleur pour les maisons jumelées. Les ciments frottés, ou jetis sont interdits en soubassement […] Toutes les couvertures seront en ardoise d’Angers ou de Ploërmel […] Les constructions jumelées ou en bande seront couvertes en ardoise de même provenance et de même dimension". Tous ces éléments présents pour Clairefontaine sont vérifiables sur les deux lotissements précédents. Ainsi, en ce qui concerne les matériaux dans les trois lotissements Bardet, les soubassements sont en pierre naturelle, l'élévation est en parpaing de brique enduit en ciment clair et les ardoises sont naturelles. On constate cependant quelques dénaturations car certaines toitures présentent aujourd'hui du fibrociment. Il est intéressant de noter que Gaston Bardet avait une réelle volonté d'harmonie entre les maisons jumelées, ce qui ressort fréquemment dans les archives. L'harmonie voulue, attestant l'extrême attention portée à la composition du lotissement de Bardet, n'est souvent plus perceptible aujourd'hui et beaucoup de maisons jumelées présentent des caractéristiques différentes (couleur de l'enduit, couleur des volets, volet battant ou roulant...).
Suite à une demande de dérogation d'un acheteur d'un terrain à la Rossignolière, Gaston Bardet répond dans une lettre au Maire datée du 12 avril 1966 : « Dans ce cas, le Cahier des Charges ne contient aucune clause spéciale à L’Hermitage, mais des clauses générales et coutumières ; elles sont les mêmes pour une douzaine de lotissements communaux du département et ont été approuvées par le Préfet, depuis le début. Aucune dérogation n’est à envisager ». Cette lettre nous indique ainsi que les lotissements Bardet d'Ille-et-Vilaine présentent tous un cahier des charges commun, créant alors un style de lotissement homogène dans le département. Nous savons, par exemple, que Gaston Bardet travaille sur une cité-jardin au Rheu vers 1960, qu'il est à l'origine des lotissements des Fontenelles et du Clos Carrée à Mordelles, ainsi que celui du Champ-L'évêque à Bruz. En effet, tous ces lotissements présentent des caractéristiques semblables mais sont composés au cas par cas selon les dispositions de chaque ville.
Le lotissement du Rocher, réalisé après la Rossignolière, présente plus de pavillons individuels. Les maisons jumelées sont quant à elles moins harmonieuses et présentent souvent des pentes de toit différentes, élément sur lequel Bardet insistait avant tout. La variété des solutions employée au sein du Rocher induit une unité et une harmonie moins marquée qu'à la Rossignolière.
Enfin, le lotissement de Clairefontaine, dernier lotissement construit, conçu par Bardet, ne présente quasiment que des pavillons individuels et la variété des solutions employées marque une évolution dans la société contemporaine qui tend à s'individualiser. Cet individualisme croissant est perceptible en architecture : les maisons, souvent au centre de leur parcelle sont entourées par une clôture. La présence d'un garage est systématique. Les matériaux naturels ne sont présents qu'en encadrement des baies.
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Toitsardoise, ciment amiante en couverture
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Murs
- schiste moyen appareil
- brique creuse parpaing de béton enduit
- bauge enduit
- poudingue moellon
- schiste moellon
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Décompte des œuvres
- repérées 503
- (c) Ville de L’Hermitage
- (c) Ville de L’Hermitage
- (c) Ville de L’Hermitage
- (c) Ville de L’Hermitage
- (c) Ville de L’Hermitage
- (c) Ville de L’Hermitage
- (c) Université de Rennes 2
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- (c) Université de Rennes 2
- (c) Université de Rennes 2
- (c) Université de Rennes 2
Documents d'archives
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Lotissement Bardet : la Rossignolière, Archives municipales de L'Hermitage, 1049
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Lotissement Bardet : Le Rocher, Archives municipales de L'Hermitage, 5M5
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Lotissement Bardet : Clairefontaine, Archives municipales de L'Hermitage, 5M11.
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Lotissement Bardet : Clairefontaine, Archives municipales de L'Hermitage, 5M14.
Bibliographie
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Luigi Manzione, « Économie du lien et biopolitique. Gaston Bardet et l'urbanismecomme science sociale », Espaces et sociétés 2010/1 (n° 140-141), p. 193-213.
DOI 10.3917/esp.140.0193
p. 193-213 -
FREY (Jean-Pierre), "Gaston Bardet, théoricien de l’urbanisme « culturaliste »", in :Urbanisme, n° 319, juillet-août 2001, pp. 32-36
p. 32-36
Annexes
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Extrait du dossier de lotissement (Clairefontaine), approuvé par le Maire de L’Hermitage le 27.11.1973, Archives municipales de L'Hermitage, 5M11
Étudiante en Master 2 Restauration et réhabilitation du patrimoine bâti, Université de Rennes 2 (2016-2017).
Étudiante en Master 2 Restauration et réhabilitation du patrimoine bâti, Université de Rennes 2 (2016-2017).