Dossier d’œuvre architecture IA35132806 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, Lycées en Bretagne
Lycée Pierre-Mendès-France, 34 rue Bahon-Rault (Rennes)
Œuvre étudiée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Bretagne
  • Commune Rennes
  • Adresse 34 rue Bahon-Rault
  • Précisions

Le lycée Pierre-Mendès-France est l'héritier des formations de préapprentissage puis d'apprentissage qui se mettent en place à Rennes, dès la première moitié du 20e siècle, notamment sous la houlette de l'architecte de la Ville, Emmanuel Le Ray.

Au milieu des années 1960, "l'état lamentable et insuffisant" des locaux situés rue d'Echange, couplé à l'explosion de la demande de formation dans ces domaines, conduisent la Ville et la Chambre de commerce et d'industrie à solliciter le Ministère. Elles obtiennent la construction d'une nouvelle Ecole des métiers du bâtiment avec collège d'enseignement technique annexé. De vastes terrains sont acquis au nord de Rennes, dans un espace en voie d'urbanisation : une urbanisation de périphérie, entre rocade, voie ferrée, canal d'Ille-et-Rance et zone industrielle.

Le nouvel établissement ouvre en 1973, dans des locaux construits selon les plans de l'architecte Roger Besnard. Le plan masse, articulé autour d'un axe de circulation principal et de deux grands ensembles regroupant les fonctions d'enseignement (ateliers et externat) d'une part, et d'internat - restauration- infirmerie, d'autre part, est intéressant. Bien que les normes de construction de l'éducation nationale, datant des années 1950, ne soient pas encore remise en cause, l'architecte introduit, à côté des barres, des figures appelées à se généraliser par la suite, comme celle du patio. Il donne en outre une toiture très originale aux ateliers.

Cinq ans après son ouverture, la décoration du lycée au titre du 1% artistique, une sculpture en granite de Francis Pellerin, est installée.

L'établissement est en partie restructuré en profondeur, entre 2018 (plan) et 2021 (livraison). L'architecte Pierre Brulé, tout en renforçant l'axe de composition principal de l'établissement, construit notamment un nouveau bâtiment entièrement réalisé en bois. Il regroupe les fonctions d'accueil, d'administration, d'enseignement. Le CDI, une salle polyvalente et la salle des professeurs y jouent un rôle important. Ce bâti donne en outre une nouvelle façade et une nouvelle image à l'établissement et crée une nouvelle cour en partie couverte, appelée Agora, qui répond au patio initial. La barre de classe d'origine est conservée et réhabilitée.

Aux origines du lycée Pierre Mendès-France : le centre de préapprentissage pour former les ouvriers du bâtiment

Après la Seconde Guerre mondiale, fonctionne à Rennes, 14, rue d'échange, un centre d'apprentissage connu sous le nom "d'Ecole des métiers du bâtiment". Il avait été précédé d'une école de préapprentissage, d'abord installée 40, rue Vasselot. Celle-ci accueillait des enfants de 12 ans, pendant 18 mois, avant qu'ils soient placés comme apprentis chez un patron.

Dans la revue La Bretagne touristique (numéro du 15 avril 1924), Octave-louis Aubert, sous le pseudonyme de Jean Sannier, publie les propos de l'architecte Emmanuel le Ray (1959-1936), architecte de la Ville de Rennes, de 1894 à 1832. Il présente entre autres les objectifs de cette école, de création récente : " (...) si nous tenons à ce que Rennes devienne vraiment une grande et belle ville, il nous faut des ouvriers. Nous n'en trouverons plus dans quelques années si nous n'en formons pas nous-même. (...) Celui qui veut être quelqu'un dans sa partie, devenir un chef, doit posséder des connaissances sérieuses. C'est pour cela qu'avec mon confrère et ami M. Laloy, nous avons organisé à Rennes un atelier-école d'apprentissage dont le directeur est un artiste modeste autant que parfait : Godet, le décorateur du Panthéon Rennais.". Au fil de l'interview, il est question des enseignements, et des espaces qui leurs sont dédiés : "trois ateliers de zinguerie, tôlerie, plomberie ; de menuiserie et petite charpente ; de serrurerie de bâtiment et de forge. Mais dans cette école nous n'enseignons pas que la technique, nous nous efforçons également de compléter l'instruction générale de l'apprenti (...)". Il évoque enfin "son" "petit musée technique pour l'enseignement des métiers du bâtiment", implanté alors dans une aile de l'école des Beaux-Arts, "avec la collaboration de M. Nitch."

Le centre d'apprentissage s'installe ensuite rue d'Echange, sur le site de l'ancien presbytère Saint-Etienne, occupé par une école primaire de garçons, dans des bâtiments construits en 1938 par l'entrepreneur Charles Rallé. Un espace y est alors dédié au "musée E. Le Ray".

Construction de la nouvelle "école des métiers du bâtiment avec CET annexé", selon les plans de Roger Besnard et selon des principes de construction industrialisée

Au milieu des années 1960, faute d'espace suffisant pour accueillir des élèves plus nombreux, un déplacement de l'école est envisagé. Un projet d'implantation du "Centre de formation des apprentis du bâtiment" est étudié par les architectes S. Coirre et H. Glotin (plans datés de 1966), au 42-44, boulevard de Chézy (site de l'actuelle Ecole Nationale Supérieure d'Architecture de Bretagne), dans les locaux de l'ancienne usine de fournitures militaire Daisay.

Pourtant, depuis le 26 novembre 1965, vu "l'état lamentable et l'insuffisance notoire de l'Ecole des Métiers du Bâtiment qui fonctionne rue d'Echange", le Conseil municipal de Rennes, a délibéré afin d'obtenir une déclaration d'utilité publique et d'autoriser les expropriations des terrains nécessaires à la construction d'une "véritable école des Métiers du Bâtiment destinée ensuite à devenir un lycée des métiers du bâtiment ainsi qu'un collège d'enseignement technique annexé à cet établissement sur les terrains situés en bordure et à l'est du CD 82 traversant la Zone industrielle de Rennes - Saint-Grégoire."

Une autre délibération précise, quelques mois plus tard (28 avril 1967), que la Ville assurera la maitrise d'ouvrage pour le seul CET, pour lequel elle bénéficiera d'une subvention de l'Etat à hauteur de 87%, la chambre de commerce et d'industrie demeurant maître d'ouvrage de l'Ecole. Lors de cette séance du Conseil, la municipalité désigne Roger Besnard en tant qu'architecte. Elle se rallie ainsi au choix de la CCI (délibération du 13 mai 1967), "étant donné l'imbrication des deux opérations". L'homme de l'art est enfin agréé par le Ministère de l'Éducation Nationale, le 4 août suivant.

Les terrains choisis, pour une surface totale de 14,7 ha à l'origine, sont situés au nord de Rennes et sur la commune de Saint-Grégoire. Ils proviennent, pour une part, de surfaces alors non utilisées de la Zone industrielle de Rennes-Saint-Grégoire, propriété de la Société d'économie mixte pour l'aménagement de la Bretagne (SEMAEB, aujourd'hui SEMBREIZH) et, pour une autre part, de propriétés privées.

Après avoir approuvé le programme pédagogique de cet ensemble regroupant l'école des métiers du bâtiment et un CET, l'Education Nationale valide le programme technique de construction, le 5 mai 1967. Il s'agit de bâtir un établissement pour 864 élèves, dont 384 internes, 416 demi-pensionnaires et 64 externes.

Enfin, le 24 juillet 1968, le Conseil municipal approuve le plan masse proposé, et la clé de répartition du financement des deux opérations - 54 % pour la Ville, 46% pour la CCI. C'est cependant la Ville qui assure seule la coordination du projet. La délibération précise que le contexte environnant a influencé le plan de masse. La présence de dépôts pétroliers de la société Esso a conduit à éloigner le bâti des limites nord de la parcelle et à "une concentration du volume de chaque élément (...) limitée par le désir de séparer nettement l'externat, l'internat et les logements [pour permettre] de réserver des espaces verts relativement importants en plus des cours et des installations sportives."

Le 9 octobre 1968, la section spéciale des bâtiments de l'enseignement du Conseil Général des Bâtiments de France approuve le plan de masse, à condition que l'ensemble soit légèrement déplacé vers l'est et que "la zone de sécurité, laissée libre au nord du terrain, soit utilisée comme zone d'évolution des engins". Le 9 octobre suivant, elle approuve les plans en demandant à l'architecte : "de présenter de nouvelles études de façades qui soient la traduction d'un parti de construction affirmé." Le 31 décembre 1969, l'architecte Roger Besnard, qui quelques années plus tôt a succédé à Albert Hec et achevé, en 1968, la réalisation des lycées "classique et moderne" et "professionnel" de Fougères, remet les plans d'avant-projet. Il respecte bien sûr les grands principes de construction édictés par le Ministère, mais introduit quelques originalités dans le plan et dote les ateliers d'une toiture originale, composée de modules en béton concaves. La première rentrée a lieu en 1973.

Le lycée aujourd'hui : restructurations, extensions, construction d'un bâtiment innovant, en bois

Depuis son ouverture, le lycée a connu plusieurs aménagements - réhabilitation du service de restauration ; construction de nouveaux ateliers au nord de la parcelle (bâtiment N), d'un laboratoire acoustique, d'un laboratoire BTS, accolés aux altiers C, au nord-ouest (bâtiments non étudiés) et implantation de nombreux bâtiments modulaires. (Ces éléments ne sont pas étudiés dans ce dossier).

L'intervention la plus marquante, sur le bâti d'origine, est la construction, selon les plans de l'architecte Pierre Brulé, d'un nouveau bâtiment regroupant plusieurs fonctions essentielles : hall d'accueil, administration, externat et CDI, salle polyvalente. Entièrement en bois, il a été livré en 2019 et a coûté 8,25 millions d'euros environ. La Région Bretagne a délégué la maîtrise d'ouvrage à la SEMBREIZH. Cette construction a recomposé entièrement l'entrée du lycée. Elle lui a donné une nouvelle façade, côté rue, en remplacement des anciennes conciergerie et administration et du garage à vélos qui ont été démolis. Elle a également engendré le déplacement de la sculpture de Francis Pellerin, réalisée au titre du 1% artistique.

En 2019-2020, le lycée comptait 1083 élèves. Depuis 2019 et la réforme du baccalauréat, le lycée propose 9 spécialités pour la "voie générale", la filière STI2D en voie technologique et, pour la voie professionnelle, des formations allant du CAP au BTS ou à la licence professionnelle, dans différentes spécialités du bâtiment (menuiserie ; métallerie ; génie civil (études, architecture et topographie) ; énergétique et climatisation).

  • Période(s)
    • Principale : 3e quart 20e siècle , daté par source
    • Principale : 1er quart 21e siècle , daté par source
  • Auteur(s)

Un établissement implanté dans un quartier mal défini

Le lycée Pierre Mendès-France est situé sur les communes de Saint-Grégoire et Rennes, au nord de cette dernière, dans un quartier à l'urbanisme mal défini, où se côtoient une Zone industrielle et commerciale, de l'habitat pavillonnaire, des bureaux... Le quartier est bordé à l'ouest par la voie ferrée, à l'est par la rivière l'ille, canalisée, au nord par la rocade et au sud par le boulevard d'Armorique, qui fut prolongé au moment de la construction de l'école des métiers du bâtiment et joua le rôle de "rocade intérieure" avant la création du "périphérique" nord. Preuve des difficultés à définir cet espace urbain, aux cours de années 1960, il existe un "comité de quartier Nord", qui lors de l'enquête initiée pour déclarer d'utilité publique le futur lycée, abonde dans le sens de la création du lycée, d''équipements sportifs et d'espaces verts, afin pour valoriser ce site, situé entre les ZUP de Maurepas et Villejean. Aujourd'hui, le quartier est inclus dans un ensemble plus vaste appelé quartier Nord-Saint-Martin.

Un plan de masse structuré par un axe central

Les bâtiments du lycée d'origine, dont les plans sont établis par Roger Besnard, se répartissent de part et d'autre d'un axe structurant ouest est, qui concentre l'essentiel des circulations et dessert l'administration (bâtiment B, aujourd'hui détruit), les ateliers (bât. C), la restauration scolaire (bât. F), au nord, ainsi que l'externat (bât. D) et les internats (bât. F, G) au sud. Cet axe traverse l'administration et les ateliers. Il est matérialisé, à l'extérieur des bâtiments, par des galeries couvertes (la galerie entre les bâtiments B et C a été démolie lors de la restructuration de 2019).

Le nord de la parcelle n'est pas bâti de manière à ménager une zone de sécurité compte-tenu de la présence, à l'origine, de dépôts pétroliers. A proximité de l'atelier "conducteurs d'engins" est positionnée une aire d'évolution pour ces derniers.

Les logements sont regroupés dans un ensemble composé de trois petites barres rectangulaires, de deux et trois niveaux, accolées et légèrement décalées les unes des autres.

L'entrée du lycée était matérialisée par un garage à vélo, au sud, et la conciergerie, au nord, reliées par un auvent, dont la toiture, évoquant l'architecture asiatique, rappelant celles des ateliers C et E.

Deux ensembles principaux de volumes élégamment articulés

Les ateliers principaux (bât. C) et l'externat (bât. D) forment un des deux grands ensembles de la composition dédiée au fonction d'enseignement. Ils sont reliés entre eux par un bâtiment organisé autour d'un patio.

Les premiers, sont de plan carré, de 100 m de côté. Leur toiture, très originale, est composée de modules de béton précontraint, de forme concave à l'extérieur, reliées entre elles par les baies orientées vers le nord. Le vaste espace central des ateliers est entouré, à l'ouest et au nord de différentes salles et ateliers, à l'est d'entrepôts divers et au sud de vestiaire et de sanitaires. Ces derniers sont desservis directement par l'axe de circulation central, qui prend ici la forme d'un dégagement. Celui-ci dessert un bâtiment de liaison qui abrite des salles de dessin, laboratoires et sanitaires. Cette partie est organisée autour d'un patio. Elle rejoint la barre d'externat au niveau du préau central (en partie fermé aujourd'hui).

L'externat présente un plan rectangulaire. il est composé de quatre niveaux. Il regroupe les salles de classe "ordinaires", "spécialisées, et des locaux annexes tels que la salle des professeurs ou la bibliothèque générale. D'orientation est-ouest, il est desservi par des escaliers situés à chacune de ses extrémités et des couloirs latéraux côté nord. Sa façade présente des travées régulières d'1,75m. Les poteaux porteurs, en saillie de façade, sont disposés toutes les trois travées aux extrémités, et toutes les quatre travées au niveau du préau.

Le deuxième grand ensemble du lycée regroupe les volumes du restaurant scolaire, des internats et de l'infirmerie, qui se succèdent selon un axe nord-sud. Au nord, la restauration scolaire est de plan carré, de deux niveaux. Les cuisines, au centre, sont éclairées par un lanternon.

Les internats sont deux bâtiments de plan rectangulaire, accolés et légèrement décalés. Ils ont quatre niveaux chacun et sont, comme la barre d'externat, couverts de toit à deux pans, à faible pente, en zinc. Leurs façades présentent des travées très régulières. Les étages sont desservis par des dégagements centraux et des escaliers situés aux extrémités. Les internats sont organisés en boxes de 37,2 et 18,14 m2 aux étages et abritent des salles d'étude au rez-de-chaussée. Un appartement situé au sud de chaque étage complète le programme.

L'infirmerie, à simple rez-de-chaussée, forme, au sud de l'ensemble, une aile en retour, à angle droit, orientée est-ouest et organisée autour d'un dégagement central.

Extensions successives et restructuration récente

Au fil des années, de nouveaux bâtiments ont été construits, notamment un atelier pédagogique (bâtiment N) et deux laboratoires "acoustique" et "BTS". De nombreux "modulaires" ont également été implantés, au nord-ouest de la parcelle et entre l'externat et les internats.

Mais la modification la plus importante, conduite par l'architecte Pierre Brulé, celle qui a modifié sensiblement le paysage de l'établissement, est la construction, livrée en 2021, d'un nouveau bâtiment en bois (actuel bâtiment A) qui donne une nouvelle façade au lycée, à l'ouest, la restructuration de la barre d'externat (bâtiment D) et la création d'une agora. Cette restructuration est étudiée dans un dossier spécifique. Elle a entrainé la destruction de l'administration, de la conciergerie et du garage à vélo, ainsi que le déplacement de l'œuvre du 1% artistique, une sculpture en granite de Francis Pellerin.

  • Murs
    • béton
  • Toits
    zinc en couverture, béton en couverture
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : en maçonnerie
  • Jardins
    groupe d'arbres
  • Statut de la propriété
    propriété de la région, Code : 0350030T

Documents d'archives

  • Archives municipales de Rennes : 646 W 72 ; 646 W 73 ; 646 W 76 ; 2210 W 8 ; 31 W 140 ; 1976 W 60 ; 1616 W 14. Dossiers sur l'école des métiers du bâtiment et sur le lycée Pierre Mendès-France.

    Archives municipales de Rennes : 646 W 72 ; 646 W 73 ; 646 W 76 ; 2210 W 8 ; 31 W 140 ; 1976 W 60 ; 1616 W 14

Bibliographie

  • Le Couédic, Daniel, "Bonheurs et dépit d'un pédagogue", in Laurent, Catherine [Dir.], Emmanuel Le Ray, architecte de la Ville de Rennes de 1895 à 1932, Rennes, Ville de Rennes, 2000, pp. 13-21.

  • BRANCHEREAU, Jean-Pierre, CROIX, Alain, GUYVARC'H, Didier, PANFILI, Didier. Dictionnaire des lycées publics de Bretagne. Geriadur liseoù publik Breizh. Histoire, culture, patrimoine, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2012, 656 p.

Périodiques

  • Sannier Jean (pseudonyme d'Octave-Louis Aubert), "Rennes dans l'avenir", in La bretagne touristique, n°25, 15 avril 1924, pp. 75-77.

    Musée de Bretagne (Rennes)

Annexes

  • Plan masse Pierre Brulé, architecte, 2018 archives privées architecte :
Date(s) d'enquête : 2022; Date(s) de rédaction : 2023